10 scientifiques à suivre pour comprendre la crise climatique et écologique
Certains noms vous seront familiers, d’autres peut-être entendus pour la première fois. Une chose est sûre : tous ces chercheurs dédient leurs travaux au climat et à la biodiversité. Premiers témoins du délitement de leur objet d’études, ils partagent régulièrement connaissances, mises en garde et solutions au sein de l’espace public, de leurs réseaux sociaux ou de leurs essais. Chacune de leurs interventions est une occasion supplémentaire de comprendre ce qui se joue en ces temps de crise climatique et écologique. Alors si ce n’est pas encore fait, voici dix scientifiques à suivre en 2024.
Jean Jouzel, paléoclimatologue
À 76 ans, Jean Jouzel est l’un des scientifiques français historiquement engagés dans la lutte contre le dérèglement climatique. Son domaine d’étude : la paléoclimatologie, cette science qui étudie le climat du passé, sur des milliers ou millions d’années. C’est en 1987 qu’il se fait connaître alors qu’il publie, aux côtés de Claude Lorius, la première étude établissant formellement le lien entre concentration de CO₂ dans l’atmosphère et réchauffement climatique. Sept ans plus tard, le paléoclimatologue est nommé membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dont il assure ensuite la vice-présidence du groupe 1, de 2002 à 2015. Pour ses travaux de recherche sur l’évolution du climat, reconnus à l’échelle internationale, Jean Jouzel reçoit de prestigieuses distinctions scientifiques. Parmi elles : la médaille d’or du CNRS et le prix Vetlesen, l’équivalent du prix Nobel pour les sciences de la Terre. Aujourd’hui, le paléoclimatologue est fréquemment invité à partager ses connaissances dans la sphère médiatique.
Heidi Sevestre, glaciologue
C’est à 17 ans que cette Haut-Savoyarde découvre l’existence du métier qui deviendra le sien. Quelques années plus tard, Heidi Sevestre est docteur en glaciologie et membre international du Club des explorateurs, travaillant à l’AMAP, le programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique. Installée sur l’archipel norvégien du Svalbard une partie de l’année, elle se rend au chevet des glaciers du monde le reste du temps. Dans les bagages de cette scientifique de terrain : une détermination contagieuse. Pour la transmettre, Heidi Sevestre fait de la communication scientifique sa priorité. Elle partage ses travaux de recherche sur ses géants de glace dans le cadre de nombreuses conférences ouvertes au grand public. Elle collabore notamment régulièrement avec l’ONG américaine « International Cryosphere Climate Initiative » et présente des documentaires scientifiques sur France 5 et Ushuaia TV. En 2023, elle remporte la première médaille Shackleton pour la protection des régions polaires.
Serge Zaka, agroclimatologue
Chapeau de cowboy et bracelet en cuir, Serge Zaka ne passe pas inaperçu dans l’espace médiatique. Si sa voix est désormais écoutée, son engagement ne date pas d’hier. Artisan-photographe d’orage depuis l’âge de 8 ans, le franco-libanais est également adhérent puis administrateur d’Infoclimat depuis ses 14 ans. Devenu docteur en agroclimatologie à l’INRAE, il est depuis chercheur-modélisateur scientifique dans le même domaine. À l’issue de ses études, il se fait connaître comme lanceur d’alerte sur les impacts du dérèglement climatique sur la production agricole. Très présent sur les réseaux sociaux, notamment sur X, Serge Zaka sensibilise le grand public aux effets de la crise climatique tout en menant une lutte acharnée contre les thèses climatosceptiques. Appareil photo en main, cet aventurier dans l’âme continue en parallèle de parcourir la France pour étudier et immortaliser les plus beaux événements climatiques.
Sandra Lavorel, écologue
Ce mercredi 20 décembre, Sandra Lavorel se voit décerner la prestigieuse médaille d’or du CNRS 2023 pour ses travaux pionniers en écologie fonctionnelle. Si ce n’est pas le premier prix que la scientifique reçoit, c’est la première fois que celui-ci est donné en écologie. Depuis 30 ans, cette directrice de recherche à l’université Grenoble-Alpes étudie le fonctionnement des écosystèmes et des services qu’ils sont susceptibles de rendre aux sociétés humaines. Son terrain de jeu favori : la montagne, et plus particulièrement les Alpes, où elle mime les effets du réchauffement climatique sur les prairies locales. Au fil de sa carrière, Sandra Lavorel a publié plus de 300 articles dans des revues scientifiques et fait partie des auteurs les plus cités de son domaine. Entre 2018 et 2022, l’écologue est membre du comité interdisciplinaire de Ia Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) – l’équivalent du GIEC pour la biodiversité – pour lequel elle coédite le rapport de 2021. Elle est désormais engagée dans la rédaction du prochain rapport de l’IPBES, qui sortira en 2024.
Christophe Cassou, climatologue
Christophe Cassou est climatologue et directeur de recherche au CNRS au Centre Européen de Recherche et de Formation Avancée en Calcul Scientifique (CERFACS) à Toulouse. Sa spécialité : la compréhension de la variabilité climatique et de sa prévisibilité aux échelles de temps mensuelles à décennales. En 2015, en préparation de la COP21 à Paris, le scientifique cofonde le « Train du climat », une exposition itinérante qui a fait le tour de France pour parler du changement climatique. Trois ans plus tard, il devient l’un des auteurs principaux du 6e rapport du GIEC. Le climatologue signe en outre 83 publications dans des revues scientifiques à comité de lecture. Particulièrement impliqué dans la médiation scientifique, Christophe Cassou publie trois ouvrages de vulgarisation sur le climat, parmi lesquels un livre de littérature jeunesse. Il est particulièrement actif sur son compte X.
Magali Reghezza-Zitt, géographe
Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure (ENS), agrégée de géographie, docteur en géographie et aménagement, Magali Reghezza-Zitt est maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l’ENS, où elle dirige le centre de formation sur l’environnement et la société (CERES). Son domaine d’expertise : la géographie politique et sociale de l’environnement. La scientifique concentre plus spécifiquement ses travaux de recherche sur la réduction des risques naturels, la capacité d’adaptation et de résilience des individus et des territoires, l’aménagement durable des territoires et l’adaptation des systèmes socio-écologiques aux menaces environnementales globales, en particulier le changement climatique. En 2019, elle rejoint le Haut Conseil pour le climat, avant de le quitter il y a de cela quelques mois, en août 2023. Grande vulgarisatrice, Magali Reghezza-Zitt apporte son expertise auprès du grand public au travers de prises de paroles publiques et de l’écriture de nombreux ouvrages. En 2021, elle devient chevalier de l’ordre national du Mérite.
Philippe Grandcolas, entomologiste
Philippe Grandcolas est l’un des visages de la recherche sur le vivant en France, et plus précisément la systématique des insectes. Chercheur en biologie de l’évolution de la biodiversité depuis 30 ans, cet entomologiste occupe la fonction de directeur adjoint scientifique à l’Institut Ecologie et Environnement (INEE) du CNRS. En plus de ses activités de recherche, le scientifique a joué un rôle actif dans la formation de nombreux chercheurs dans le domaine de l’entomologie et de la biologie évolutive. En parallèle, il met son expertise scientifique au service de la transition environnementale dans les instances nationales ou internationales dans lesquelles il siège. Il est notamment observateur pour le CNRS auprès de I’IPBES. En 2023, Philippe Grandcolas publie aux côtés de la médiatrice scientifique Claire Marc l’ouvrage « Tout comprendre (ou presque) sur la biodiversité » aux CNRS éditions.
Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue
On ne la présente plus. Valérie Masson-Delmotte est une ambassadrice mondialement connue de la lutte contre le dérèglement climatique, elle qui a été classée en 2022 parmi les 100 personnalités les plus influentes du Time. Il faut dire que le parcours de la scientifique est impressionnant. En 2015, elle devient la première française à co-présider le groupe n°1 de travail du GIEC, qui porte sur les bases physiques du changement climatique. Elle y cosupervise plusieurs rapports faisant le point sur l’état des connaissances vis-à-vis du changement climatique avant de quitter ses fonctions en juillet dernier pour se consacrer à la recherche fondamentale. De retour à plein temps au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement à Paris Saclay, la directrice de recherche au CEA continue d’alerter le grand public sur les risques liés au dérèglement climatique. Depuis 2018, Valérie Masson-Delmotte est également membre du Haut Conseil pour le Climat, chargé d’évaluer les politiques publiques vis-à-vis de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l’adaptation au changement climatique.
François Sarano, océanographe
François Sarano est docteur en océanographie et plongeur professionnel. Au fil des années, il est devenu une figure emblématique de la protection des océans. Ancien conseiller scientifique du commandant Cousteau et chef d’expédition sur la Calypso pendant treize ans, il parcourt les mers du globe depuis des décennies à la rencontre des vivants qui les peuplent. Directeur de recherche du programme Deep Ocean Odyssey et cofondateur de l’association Longitude 181, François Sarano est également co-scénariste du film « Océans » sorti en 2009, réalisé par Jacques Perrin et Jacques Cluzaud. En plus de ses nombreuses activités sur le terrain, le scientifique donne régulièrement des conférences pour partager ses connaissances et son expérience avec le grand public. Tout au long de sa carrière, il publie de nombreux livres sur les océans et la biodiversité marine, notamment sur les cachalots et les requins qu’il connait bien. En 2023, il obtient le grade d’Officier dans l’Ordre national du Mérite.
Emma Haziza, hydrologue
Docteur de l’Ecole des Mines de Paris, hydrologue et experte dans le développement de stratégies pour la résilience des territoires face aux extrêmes climatiques, Emma Haziza est devenue la référente inondation, sécheresse et adaptation au changement climatique en France sur tous les grands médias du pays. Pendant plus de dix ans, la scientifique a formé étudiants et acteurs politiques sur la gestion du risque inondation en France. En 2010, elle crée Mayane, un centre de recherche-action pluridisciplinaire pour accroître les résiliences et capacités d’adaptation des territoires, et Mayane Education, une association dédiée à la sensibilisation dans les écoles au risque inondation, sécheresses, économie d’eau et à l’adaptation face au changement climatique. Conférencière internationale depuis 20 ans, elle est également chroniqueuse pour France Info dans « Un degré de conscience », une émission hebdomadaire sur les enjeux environnementaux et climatiques.
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