Des robots méduses pour nettoyer l’océan

Par Charlotte Combret , le 24 juillet 2023 — des solutions pour la planète, Innovation - 4 minutes de lecture
Méduse, Crédit photo Yuri Smityuk/TASS/Sipa USA/SIPA

Des solutions innovantes sont en cours de création pour limiter la pollution plastique. Crédit photo Yuri Smityuk/TASS/Sipa USA/SIPA

Un groupe de scientifiques du Max Planck Institute for Intelligent Systems (MPI-IS) a développé un robot aux vrais airs de méduse. Inspiré de son homologue organique, le prototype pourrait un jour rejoindre la vie sous-marine pour collecter les déchets qui empoisonnent le fond de l’océan.

Nettoyer sans déranger 

Cette invention porte un nom, Jellyfish-Bot ou robot méduse pour les Frenchies. Elle est le fruit d’une collaboration entre les équipes des départements d’intelligence physique et de matériaux robotiques du MPI-IS. Leurs travaux ont été publiés dans l‘article, « A Versatile Jellyfish-like Robotic Platform for Effective Underwater Propulsion and Manipulation » de la revue Science Advances, en avril 2023. Les ambitions des roboticiens sont grandes : faire du Jellyfish-Bot un outil important de collecte des déchets marins, mais aussi, de prélèvement d’échantillons biologiques fragiles.

Contrairement aux robots aquatiques sortis de terre avant lui, le Jellyfish-Bot est capable d’agir sans aucun contact physique et ne produit pratiquement pas de son. Cette double compétence lui permet de s’aventurer dans des environnements sous-marins délicats, comme les récifs coralliens, avec un risque moindre de les perturber. « L’interaction avec les espèces aquatiques se fait en douceur et presque sans bruit », affirme Tianlu Wang, post-doctorant au sein du département d’intelligence physique du MPI-IS et premier auteur de l’étude.

Inspiré des (vraies) méduses

Pour développer ce modèle, les scientifiques de Stuttgart se sont directement inspirés de la nature. « Lorsqu’une méduse nage vers le haut, elle peut piéger des objets sur son chemin en créant des courants autour de son corps », explique Tianlu Wang. « Notre robot fait lui aussi circuler l’eau autour de lui. Cette fonction est utile pour collecter des objets tels que les déchets. Il peut ensuite transporter les déchets vers la surface, où ils pourront être recyclés ». Concrètement, le Jellyfish-Bot plonge dans les profondeurs de l’océan, capture les détritus sous son corps artificiel et retourne flotter à la surface pour y être repêché. 

De la taille d’une main, le robot méduse a été construit en utilisant des actionneurs électrohydrauliques, dans lesquels circulent de l’électricité. Pour le moment, ce nettoyeur des mers 2.0 nécessite toujours l’utilisation d’un fil. Ce n’est cependant qu’une question de temps, puisque les équipes du MPI-IS planchent très sérieusement sur une nouvelle version qui en sera dépourvue. 

Un océan de déchets

Auprès des êtres humains, les méduses n’ont pas bonne réputation. Leur simple vision suffit à déclencher, chez les baigneurs des plages françaises, d’importantes crises de panique. Pourtant, depuis plusieurs années, des scientifiques mettent en évidence le rôle indispensable qu’elles exercent au sein des écosystèmes océaniques. Principalement composées d’eau et dépourvues de cerveau, elles sont fréquemment consommées par un large éventail de prédateurs marins : poissons, oiseaux, tortues, poulpes, crabes, etc.

Désormais, on les confondrait presque avec des sacs plastique, dérivant à la surface de l’océan. Rien d’étonnant quand on sait qu’un tsunami de déchets rejoint chaque année le cœur de celui qui constitue l’un des plus grands puits de carbone de la planète bleue. Comme l’indique le Ministère de la Transition Ecologique, à l’échelle mondiale, on estime que la quantité de plastique présente dans les océans est comprise entre 75 à 199 millions de tonnes (soit 85 % des déchets marins). Celle des particules de micro-plastiques flottant à la surface s’élèverait à 24 400 milliards. 

C’est toute une armée de Jellyfish-Bots qu’il faudrait déployer pour aspirer cette quantité vertigineuse de pollution plastique. Une bonne occasion de rappeler que limiter la pression exercée sur l’océan et le laisser reprendre son souffle est une première solution à considérer !

Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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