Élections européennes : les bons et les mauvais élèves sur le climat et la biodiversité, d’après une coalition d’ONG

Par Charlotte Combret , le 10 avril 2024 - 4 minutes de lecture
Les prochaines élections européennes auront lieu en juin 2024

Les prochaines élections européennes auront lieu en juin 2024. Crédit : Riccardo Milani / Hans Lucas / AFP

À deux mois des élections européennes, une coalition d’ONG a analysé la position des partis français sur l’adoption des récentes législations écologiques européennes et alerté sur « la menace » de recul des ambitions vertes de l’UE si l’extrême droite l’emportait en juin.

Les ONG membres du Réseau Action Climat (RAC) ont analysé le vote des 81 eurodéputés français sur les principaux textes du « Pacte vert », feuille de route de l’Union européenne pour atteindre ses ambitieux objectifs climatiques (-55% d’émissions d’ici à 2030 par rapport à 1990) et environnementaux.

« Il y a des partis qui ont été moteurs dans ce ‘Pacte vert’ : le Parti socialiste, Place Publique, les Écologistes et la France insoumise », a déclaré Anne Bringault, directrice des programmes du RAC.

« Il y a eu des girouettes, c’est-à-dire les partis de la majorité présidentielle (Renaissance, le MoDem, Horizons) qui ont parfois voté dans la bonne direction, parfois dans une direction inverse », a-t-elle détaillé, lors d’une conférence de presse à Paris co-organisée avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Reclaim Finance, France Nature Environnement (FNE) et le CLER-Réseau pour la transition énergétique.

« Et puis il y a eu des bloqueurs comme les Républicains ou de manière plus systématique, Reconquête et le Rassemblement national », a-t-elle conclu.

Des élections clés pour le climat et la biodiversité

Les ONG saluent les progrès de la législation européenne, « l’une des plus ambitieuses au monde » malgré ses insuffisances. Mais ce « Pacte vert » de l’UE, projet fédérateur lancé en 2019, a fini ces derniers mois par polariser les contestations, en premier lieu des industriels et des agriculteurs, qui dénoncent les impacts socio-économiques ou le « fardeau » normatif, obtenant l’oreille de la droite de l’échiquier politique européen.

« On a vu certaines réglementations ou certaines directives sur le climat et l’environnement votées à quelques voix près » donc « le rapport de force au sein du futur Parlement est vraiment clé », a déclaré Anne Bringault à l’AFP.

« Si l’extrême droite par exemple obtient beaucoup de candidats, de députés au Parlement européen, alors la protection du climat et l’environnement sera vraiment remise en jeu, il y aura des reculs », a-t-elle estimé.

« Rediriger les flux financiers »

« On est apolitique mais on est lucide et notre job c’est de montrer la réalité, montrer les reculs », a abondé Allain Bougrain-Dubourg, président historique de la LPO, déplorant un manque de prise de conscience du « déclin dramatique de la biodiversité ». « Près de 800 millions d’oiseaux ont disparu » à cause principalement de « l’agriculture intensive » et de son « cortège chimique », a-t-il rappelé.

Pour Lucie Pinson, directrice de l’ONG Reclaim Finance, « l’ancienne mandature a été celle du Pacte vert, la prochaine doit être celle de son renforcement, mais surtout de son financement ». Il faut environ « 420 milliards d’euros » annuels supplémentaires pour que l’UE atteigne les -55% d’émissions d’ici à 2030, a-t-elle rappelé.

« De l’argent, il y en a, malheureusement il n’est pas mobilisé là où il faudrait », a déploré Mme Pinson, citant les centaines de milliards encore investis par des banques européennes dans les énergies fossiles durant la mandature.

« Si on veut vraiment rediriger les flux financiers, il faut absolument (…) des obligations à adopter des plans de transition indiquant comment les acteurs financiers entendent aligner leurs financements avec une trajectoire » conforme à l’objectif de 1,5 degré de l’accord de Paris, et « avec les objectifs climatiques européens ».

(Avec AFP)

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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