Greenpeace pointe le manque d’ambition de la France en matière d’énergies renouvelables
Ce mardi 19 décembre, l’incontournable ONG Greenpeace a publié un rapport à charge, qui pointe la déficience française en matière de développement des énergies renouvelables. L’intitulé du document ne laisse d’ailleurs planer aucun doute sur les reproches qui sont adressés aux politiques hexagonales : « Énergies renouvelables : le manque d’ambition criant de la France face à ses voisins européens ».
La France, largement à la traîne sur ses voisins selon Greenpeace
C’est un rapport sans équivoque qu’a publié Greenpeace ce mardi 19 décembre : « En se basant sur les plans nationaux énergie et climat (NECP) soumis par la plupart des pays européens à l’Union européenne en 2023, Greenpeace France a analysé le niveau d’ambition des différents États membres sur les objectifs de développement à 2030 de deux filières d’énergies renouvelables : le solaire photovoltaïque et l’éolien terrestre. Ces deux filières constituent, selon les scientifiques de l’énergie et du climat, les principaux leviers de production d’énergie pour baisser, à long terme mais encore plus à court terme, nos émissions de gaz à effet de serre », peut-on lire en résumé de ces quelque 24 pages d’analyses, basées sur les données de l’ipcc, du Journal officiel de l’Union européenne ou encore de l’IRENA. D’après les constatations de Greenpeace, sur les 20 pays analysés, la France ne se situe qu’en 12ème position des nations les plus ambitieuses en termes d’énergie photovoltaïque rapportée à la population pour 2030, et selon le même barème, elle est seulement le 12ème ou le 13ème pays européen sur 19 en termes d’ambition sur la question de l’éolien terrestre. Le constat, rapporté à sa superficie ou à son PIB n’est guère plus encourageant.
Graphiques de Greenpease issus du rapport « Énergies renouvelables : le manque d’ambition criant de la France face à ses voisins européens ».
Il faut dire que l’UE s’est fixée des objectifs de taille en matière d’énergies renouvelables. Celles-ci devraient en effet représenter au moins 42,5 % de la production d’ici 2030, en visant à atteindre 45 %. Pour ce faire, la capacité éolienne installée devrait passer de 204 GW en 2022 à plus de 500 GW en 2030. De son côté, l’Hexagone accumule les retards. Dans le cadre de la directive européenne, la France avait un objectif pour 2020 de 23 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie.
Avec 307 TWh, celles-ci n’ont représenté que 19,1 % de cette consommation, un chiffre encore très éloigné de l’objectif de 33 % fixé pour 2030, même si le niveau d’EnR dans la consommation française est passé à 20,7 % en 2022.
Malgré ce retard, par rapport à l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas et le Portugal, les États les plus proches qui présentent des caractéristiques semblables donc (plus de dix millions d’habitants, développement économique, niveau d’ensoleillement et démarche diplomatique similaires), la France se positionne systématiquement en queue de peloton en matière d’ambitions sur le développement des énergies renouvelables, constate Greenpeace.
Un écart difficile à combler
Sur le solaire, l’objectif de la France à l’horizon 2030 se porte sur une capacité installée de 50 à 60 GW. Un coup d’œil rapide du côté des voisins ne laisse planer aucun doute quant au manque d’ambition flagrant : l’Espagne espère de son côté 60,7 GW, l’Allemagne, 215 GW, l’Italie, 79 GW…
En ce qui concerne l’éolien, même son de cloche, avec un objectif de 33 à 35 GW pour la France, largement supplanté par les attentes allemandes qui sont quant à elles de 115 GW ou celles des Espagnols qui espèrent une capacité de pas moins de 59 GW.
Pour Greenpeace, le pays devrait ainsi cibler une production située « entre 100 et 120 gigawatts (GW) de solaire photovoltaïque en 2030 », contre les 54 à 60 GW actuellement envisagés et « entre 50 et 55 GW d’éolien terrestre en 2030 » contre l’objectif de 33 à 35 GW en vigueur. Une différence que peineront à combler les 54 nouveaux projets de parcs éoliens terrestres (pour une capacité totale de 931 MW) récemment retenus par le ministère de la Transition énergétique.
« Si on veut électrifier au plus vite transports, industrie, bâtiment, on a besoin d’en faire beaucoup plus et d’avoir cette électricité renouvelable à court terme », a précisé Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique pour Greenpeace, auprès de l’AFP.
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