Infographie : quels pays consomment l’électricité la plus verte dans le Monde ?

Par William Buzy , le 24 juillet 2023 — éducation, infographie - 7 minutes de lecture
Vue du monde, Crédit Google Maps

Crédit Google Maps

Prêt pour un tour du monde électrisant ? Après s’être intéressés aux pays les plus vertueux en terme d’électricité verte en Europe, il est temps de décoller vers de nouveaux horizons.. et d’analyser les donnés à l’échelle mondiale. Alors, quels sont les pays qui consomment l’électricité la plus verte dans le monde ? Trouvez toutes les réponses ici.

Les bons élèves

Le Costa Rica (99,2 %)

C’est le genre d’élève que les profs aiment bien. Certes, il a de très bonnes notes, mais en plus c’est le genre gros bosseur, qui se donne du mal pour y arriver. Car on ne peut pas dire que le Costa Rica ait eu les facilités des autres premiers de la classe. Une population onze fois plus nombreuse que celle de l’Islande, un territoire sept fois plus petit que celui de la Norvège, par exemple, et une telle omniprésence du pétrole que la progression de 108 % des EnR dans la consommation finale d’énergie du pays, entre 1990 et 2019, n’a pas suffi à compenser l’explosion de la consommation de produits pétroliers sur la même période (+222 %). Mais en zoomant sur l’électricité, on remarque que le pays frôle les 100 % d’énergie renouvelable dans sa production. Depuis le plan de développement 2014-2035, l’investissement dans les énergies renouvelables a explosé, doublant pour la première fois en 2016 celui des énergies fossiles, pour être en 2023 60 % plus élevé. Résultat : 99,2 % de l’énergie produite au Costa Rica est renouvelable. Le pays s’appuie principalement sur l’hydraulique (68,3 %), mais également sur l’éolien (15,7 %). Plusieurs projets géothermiques, dont Borinquen 1 (55 MW en 2023) et Borinquen 2 (55 MW en 2024), doivent augmenter la part de géothermie (13,2 % actuellement).

L’Uruguay (94,02 %)

Moins cité que la Norvège, la Suède ou l’Islande, l’Uruguay a pourtant depuis 2008 une ambitieuse politique énergétique à long terme, incorporant, au-delà des objectifs économiques et pratiques, une stratégie environnementale marquée. Le pays, qui ne possède aucune source propre d’énergie fossile, se base sur l’énergie hydroélectrique pour répondre à ses besoins croissants. D’après un rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF), l’Uruguay est à l’avant-garde dans le développement des énergies renouvelables en Amérique latine, aux côtés notamment du Costa Rica.

Les encouragements du conseil

Le Nicaragua 60,14 %

Dans une classe, il y a toujours quelqu’un qui demande plus de devoirs à la maison pour rattraper le retard et avancer plus vite dans le programme. Dans le monde du climat, c’est le Nicaragua. En 2015, le pays avait refusé de signer les accords de Paris destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre… parce qu’il ne le trouvait pas assez ambitieux ! « Nous n’allons pas le signer, parce qu’une déclaration d’intention mène tout droit à un échec, avait alors expliqué Paul Oquist, l’envoyé du Nicaragua qui représentait le président Daniel Ortega. Nous ne voulons pas être complices d’une augmentation de 3 à 4 °C, ni des morts et de la dévastation que cela implique. » En l’occurrence, il pensait notamment à son pays, le Nicaragua étant en effet très vulnérable au changement climatique (c’est le 4e pays le plus menacé, derrière le Honduras, la Birmanie et Haïti, selon le Global Climate Risk Index). Le pays ne représente que 0,03 % des émissions de gaz à effet de serre, et son représentant avait estimé que les pays riches devraient payer davantage pour le changement climatique, en raison de leur responsabilité historique dans ce phénomène.

Il faut dire que le Nicaragua se présentait en élève travailleur : sur les dix années qui précédaient la COP parisienne, la part des sources renouvelables dans sa production d’électricité était passée de 23 % à 52 %. Aujourd’hui, elle a franchi la barre des 60 %, et le pays vise 97 % pour 2027. La géothermie est la première ressource grâce aux nombreux volcans, mais le pays valorise également de nombreux déchets issus de sa production de sucre.

Le Bhoutan 100 %

C’est un petit État, quinze fois plus petit que la France, coincé entre les géants chinois et indiens. Mais le Bhoutan peut se targuer d’être l’un des trois pays au monde (avec le Panama et le Suriname) dont le bilan carbone est négatif. C’est-à-dire qu’il absorbe aujourd’hui plus de gaz à effet de serre qu’il n’en émet. Les dirigeants ont fait le choix de préserver l’environnement à tout prix, quitte à affaiblir l’économie. L’économie du Bhoutan est d’ailleurs l’une des moins développées au monde. Elle repose sur le tourisme, l’agriculture… ou encore la vente d’électricité ! Car si le pays consomme peu, il peut compter sur une production hydro-électrique relativement importante. Depuis le milieu des années 1980, la part de renouvelable dans la production d’électricité est supérieure à 98 %, et elle atteint 100 % certaines années (c’est le cas tous les ans depuis 2014).

Et les gros dans tout ça ?

Notre rapide tour du monde nous a fait rencontrer beaucoup de pays avec des consommations d’électricité relativement faibles. Preuve que la sobriété est une précieuse alliée ? Reste que les gros consommateurs sont potentiellement ceux avec l’impact le plus important. La Chine et les États-Unis consomment, chacun, davantage que toute l’UE réunie.

Côté américain, la production repose essentiellement sur les énergies fossiles (59,4 %), et sur la première production de nucléaire du monde. L’électricité issue d’énergies renouvelables ne représente que 22,4 % du total, dont près de la moitié en éolien. Petit motif d’espoir, selon l’Agence internationale de l’énergie, « les États-Unis ont adopté la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) en août 2022, qui renforce le soutien aux énergies renouvelables par le biais de crédits d’impôt et d’autres mesures, et qui devrait donner un coup de fouet aux investissements dans l’électricité propre au cours de la prochaine décennie. »

Si la consommation d’électricité en Chine est la plus importante du monde en valeur absolue, le chiffre est à relativiser. En effet, rapporté au nombre d’habitants, les Chinois consomment moins que les Français, par exemple, et n’apparaissent même pas dans le top 60 mondial. Reste que le pays produit près d’un tiers de l’électricité du monde à lui seul, et mérite donc une attention particulière. Or, cette production est principalement issue d’énergies fossiles (66,8 %), essentiellement du charbon. Les autorités déploient cependant des efforts de plus en plus importants pour échapper à cette dépendance. Depuis 2000, la part du thermique fossile a baissé de 15,3 points tandis que les EnR ont gagné 10,8 points. Le développement de l’hydroélectricité (17,4 %) a permis d’en faire le moteur de la part renouvelable (28,4 %), L’agence internationale de l’énergie note également que « la Chine reste en tête en termes d’ajouts nets de capacité solaire photovoltaïque, avec environ 100 GW ajoutés en 2022. Dans l’ensemble, plus de 160 GW d’électricité renouvelable ont été mis en service en 2022, ce qui représente près de la moitié du déploiement de la capacité renouvelable mondiale ». Suffisant pour retrouver foi en l’avenir ? Pour une fois, le conseil de classe vous laisse juger par vous-même.

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William Buzy

Écrivain et journaliste, William Buzy a fondé le média Impact(s), spécialisé dans la journalisme de solutions, et fait partie d’un collectif adepte du journalisme littéraire et du documentaire. Auteur de plusieurs romans, il a également publié des récits et des essais sur le journalisme.

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