La voiture électrique à 100€ par mois : derrière la promesse, des coûts cachés
Feu vert pour le leasing social d’une voiture électrique à 100 euros par mois. Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a confirmé l’ouverture des pré-réservations pour le mois de novembre. Problème : ça s’annonce un poil plus cher que prévu, d’après le Parisien.
Aider les foyers les plus modestes à rouler en électrique plutôt qu’en thermique : c’était l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron, lui qui « adore la bagnole ». Le 24 octobre, lors de la journée de la filière automobile française au Carrousel du Louvre, Bruno Le Maire annonce sa mise en place. « Les premières demandes pourront être faites sur un site internet dès ce mois de novembre pour des premières livraisons début 2024 ». Le dispositif gouvernemental sera réservé aux « modèles légers du quotidien » fabriqués en Europe, en soutien à la filière continentale. « Je pense par exemple aux Citroën ë-C3, aux Fiat 500e ou aux Twingo e-tech, il peut y avoir évidemment d’autres véhicules », a indiqué le ministre de l’Économie.
50% des Français les plus modestes
50% des ménages tricolores les plus modestes, ceux dont le revenu fiscal individuel est inférieur à 20 850 euros, pourront bénéficier de cette aide. D’après l’État, environ 100 000 personnes seraient concernées en France. Depuis son pupitre, Bruno le Maire communique une nouvelle donnée importante : aucun apport initial ne sera demandé et « un premier loyer entièrement à la charge de l’Etat » sera au programme. Selon Les Échos, alors que le décret doit être publié « prochainement », la subvention de l’Etat pourrait atteindre maximum 13 000 euros. Le leasing social devrait coûter environ 50 millions d’euros à l’Etat, prélevés directement dans l’enveloppe de 1,5 milliard d’euros prévue pour financer le verdissement du parc automobile français, bonus écologique compris.
La promesse « ne sera pas tenue »
Mais, il y a un mais. L’assurance automobile n’est pas incluse dans le leasing social de 100 euros mensuels. « Autrement dit, le coût final pour l’automobiliste pourrait être de 120, 130 euros voire plus » s’inquiète Jean-Marc Zulesi, le président de la Commission développement durable à l’Assemblée nationale et député Renaissance. En l’état, la promesse « ne sera pas tenue ».
Par ailleurs, d’après le ministre de l’Économie, les bénéficiaires du dispositif public se verront présenter deux choix de contrats : une location longue durée (LLD) ou une location avec option d’achat (LOA). Dans chacun des cas, des frais cachés devront être anticipés. Pour le LDD par exemple, le véhicule devra être restitué dans un très bon état, au risque de devoir s’acquitter de frais de remise en état parfois élevés. Pour le LOA, même constat, avec le risque de payer, en cas de dépassement, une indemnité pour chaque kilomètre excédentaire. À noter que la prise en charge des frais liés à l’entretien du véhicule n’a pas été évoquée à ce jour. Enfin, qui dit voiture électrique, dit consommation d’électricité. Les ménages concernés devront être en capacité de recharger leur véhicule de location sur la durée. Ce qui fait aussi grimper la note.
De la poudre de perlimpinpin ?
Si la promesse de départ est belle, ces nombreux trous dans la raquette pourraient rendre le projet complètement inefficace. « Il fallait tenir cette promesse électorale, mais les effets devraient rester limités », confirme le directeur de l’Observatoire Cetelem du marché automobile, Flavien Neuvy. L’économiste rappelle par ailleurs qu’entre la campagne présidentielle et aujourd’hui, le contexte n’est plus le même. Le secteur automobile, notamment les voitures électriques, n’a pas été épargné par la forte inflation. Peu de chances donc que ce dispositif accélère la transition électrique. À quand une mesure à la hauteur de l’urgence climatique ?
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