Pollution plastique : Resak valorise les déchets plastiques. Reportage !
À Bassussary, au Pays basque, Resak produit des panneaux en plastique recyclé à destination de divers professionnels et anime des actions de sensibilisation à la pollution plastique sur le territoire. Rencontre avec Antoine Bouchereau, 30 ans, l’un des cofondateurs de l’association.
« Les possibilités sont presque infinies », s’enthousiasme Antoine Bouchereau à propos des panneaux de plastique recyclé que produit Resak, l’association qu’il a cofondée en 2019 et dont il est salarié depuis 2021. Récemment, certains panneaux ont été transformés en plans de travail pour des meubles vasques par un hôtel situé à la Mongie (station de ski dans les Pyrénées) et en supports d’ordinateurs nomades par un autre acteur innovant du Pays basque, Look Up. Les panneaux fabriqués par Resak dans le petit atelier de Bassussary (64) sont en effet destinés à divers secteurs : ceux de l’agencement, du design et de l’architecture en particulier. « Nous on fabrique un matériau, rappelle Antoine, ingénieur de formation. On s’appuie sur les propriétés du plastique, qui est un matériau très durable. Il est résistant à l’eau, aux UV et peut se travailler comme du bois. » L’apparence des planches produites varie selon le plastique recyclé qui les constitue. L’un des panneaux présents dans l’atelier est de couleur blanche et tacheté de touches multicolores. « Le fond blanc est constitué de barquettes alimentaires de la cantine de la Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) recyclées, précise Antoine. Et les paillettes colorées viennent de bouchons. L’histoire du déchet, on peut la retrouver à travers chaque panneau. » En effet, les produits de Resak sont tous fabriqués à partir de plastique collecté localement. Entre autres, bouchons en plastique, bocaux à usage unique qui permettent d’échantillonner et de vérifier la qualité de l’eau de mer, barquettes ou encore poubelles en plastique.
Donner une seconde vie
« Tout est trié par couleur, puis on prépare des mélanges. Il y a une vraie dimension graphique et design », précise Antoine, un panneau à la main, en guise d’exemple. À quelques mètres de là, Valentin, stagiaire au sein de la petite équipe permanente (deux salariés, un service civique et un ou deux stagiaires) est en plein processus de fabrication. Il dispose et aplanit minutieusement sur une grande plaque des granulats de plastique turquoises, noirs et transparents. Les granulats ont été obtenus via le broyage de déchets plastiques (bocaux pour échantillonner l’eau de mer, chutes de productions de carters pour machines agricoles et anciens sièges de karting). Ils seront ensuite chauffés à une température de 180 à 220°C dans un système de presse, puis refroidis et démoulés pour former un panneau. « On essaie de donner une seconde vie à des déchets qui n’en auraient pas eu », explique Antoine. Ce résultat design et qualitatif a été trouvé après une phase d’environ un an de recherche et développement qui a permis à Resac d’affiner les informations partagées en open source par Precious Plastic, l’organisme européen via lequel les 6 fondateurs (5 aujourd’hui) de l’association basque se sont rencontrés. « On s’est rendu compte que les déchets plastiques finissent souvent enfouis ou incinérés, explique Antoine. Environ 30 % du plastique est réellement recyclé, et ça correspond principalement aux bouteilles en plastique PET. Beaucoup d’industriels n’ont pas de solution de valorisation de leurs déchets plastiques. On essaie de proposer quelque chose de complémentaire aux filières existantes. » En lançant l’association en 2019, les cofondateurs avaient ainsi deux ambitions : valoriser les déchets plastiques du Pays basque et du Sud des Landes et sensibiliser à la pollution plastique et à la thématique du recyclage. Pour cela, en parallèle du travail de fabrication de panneaux, des ateliers et événements sont régulièrement organisés notamment dans des entreprises ou des écoles par l’équipe et la dizaine de bénévoles qui les accompagne.
Déclic écologique
Avant de se lancer dans cette aventure, Antoine travaillait chez Decathlon où il concevait des produits en plastique. Son déclic écologique, il l’a eu en 2018, quand il a rencontré sur un salon le créateur d’une petite machine qui recyclait du plastique de manière quasiment instantanée. Une prise de conscience qui l’a poussé à se lancer dans le projet Resak jusqu’à en faire son activité principale. « Je me suis beaucoup questionné sur ce que je pouvais apporter avec mes compétences pour aider à résoudre les enjeux environnementaux », partage-t-il. Autre aspect important pour lui : l’ancrage local du projet. L’objectif de Resak est ainsi de se développer pour être à même de recycler chaque année plusieurs tonnes de plastique tout en préservant cette dimension locale. « Pourquoi pas participer à l’essaimage de modèles comme le nôtre, pour aider des gens à lancer quelque chose de similaire sur leur territoire », propose Antoine. Pour le moment, même à petite échelle, l’impact est là. « On voit qu’il y a de plus en plus de demandes. Énormément d’entreprises cherchent des solutions. Resak en est une parmi d’autres, mais le fait de pouvoir répondre à ces demandes justifie notre existence », conclut-il.