Polytechnique : des étudiants en lutte contre les entreprises destructrices de l’environnement

En collaboration avec les étudiants du MBA RSE & Développement Durable de l’EFAP :
Manon LACMANT, Zoé OUEDRAOGO, Clémence GAILLARD, Anaëlle TIERREZ et Maya ABO-DIB

Le 3 octobre 2023, le forum des entreprises de Polytechnique a été le théâtre d’un événement marquant. Un collectif d’une trentaine d’étudiants s’est effondré au sol afin de symboliser la destruction à laquelle participent la plupart des multinationales présentes. Créé en février 2023, nous avons interviewé ce jeune collectif, dont les porte-parole du groupe souhaitent rester anonymes, afin de mieux comprendre leur action.

« Réveillons-nous ! et prenons le temps de réfléchir ! »

Le 3 octobre 2023, c’est le Jour J du forum des entreprises de Polytechnique. Habituellement, cet événement se caractérise par des rencontres et des échanges, mais cette année, quelque chose de différent s’est produit. Alors que le forum battait son plein, 30 étudiants se sont effondrés au sol en signe de protestation.

Nous sommes le 3 octobre 2023. C’est le Jour J du forum des entreprises de Polytechnique. Habituellement, cet événement se caractérise par des rencontres et des échanges, mais cette année, quelque chose de différent s’est produit. Alors que le forum battait son plein, 30 étudiants se sont effondrés au sol en signe de protestation.

En écho un discours dénonce les liens entre l’école et des multinationales, à travers l’enseignement, le mécénat, les sièges au conseil d’administration, le financement de la vie associative et les partenariats de recherche : « Comment peut-on encore accepter d’être financé par Total, qui continue de multiplier les nouveaux projets pétroliers […] à l’encontre des recommandations du GIEC ? Comment peut-on encore accepter des partenariats avec la BNP, la Société Générale ou le Crédit Agricole qui continuent de financer les projets les plus destructeurs ? Et comment peut-on encore accueillir LVMH ou L’Oréal, qui nous embauchent pour optimiser leurs algorithmes de ciblage publicitaire ? ». 

Le but de cette action ? Confronter l’administration de l’école et les élèves avec leurs propres contradictions 

« Il est incohérent de s’imaginer au service du bien commun, en faveur du changement et gouverné par des choix rationnels et scientifiques lorsqu’on continue de tisser des partenariats avec des entreprises climaticides » dénonce le porte-parole du collectif à l’origine de cette action. Mobiliser et inspirer les étudiants pour qu’ils se joignent à la cause était également au cœur des préoccupations. Ce « die in » servait également de chantage à l’embauche en envoyant un message clair aux entreprises : « Nous ne sommes pas d’accord avec leur mode de fonctionnement actuel ». En fin de compte, l’objectif ultime était de recentrer le débat sur des « questions essentielles », pour « susciter l’interrogation, inciter à l’engagement et à un peu de sérieux dans nos projets de carrière.» 

Relayée par quelques médias et sur les réseaux sociaux, la mobilisation a été bien reçue et a suscité la curiosité du public. « Beaucoup sont venus pour discuter » affirme le collectif. Les présidents du forum se sont eux aussi ouverts à la discussion et un groupe de travail a été créé pour réfléchir à des labels sur les entreprises à exclure de ce type d’événements. Le collectif a reçu des demandes d’entretien afin de mieux comprendre leurs revendications. En revanche, l’école ne semble pas prête à rompre ses liens avec les entreprises fossiles. Pour autant les étudiants n’abandonnent pas. 

Selon eux, « c’est à force de pressions répétées sur l’administration que les choses pourront progressivement changer. Les responsables n’apprécient pas que l’image de l’Ecole soit altérée dans les médias.» Preuve en est, l’administration a pris plus de précautions pendant la semaine de l’écologie organisée par les élèves et devrait punir trois membres du collectif pour « non-respect du devoir de réserve militaire ». 

What’s next ? 

« Pas d’action de ce style de prévue pour le moment », précise-t-il. Certes, le collectif aimerait voir ce mouvement se reproduire dans d’autres écoles, mais, pour l’heure, pour maintenir la pression, il envisage d’autres stratégies. Il s’appuiera ainsi sur des sondages auprès des étudiants pour obtenir la légitimité de la majorité, sur des négociations avec le BDE et « via d’autres actions, si les deux premières ne suffisent pas ». 

Qu’en retenir ? 

Cette action percutante contribue à alimenter un débat plus large sur le rôle de l’éducation dans la lutte contre les pratiques nuisibles pour l’environnement. De plus, elle reflète un changement profond dans la manière dont la jeunesse s’organise et s’oppose aux entreprises. Il semble que le rapport de force s’inverse lors des processus de recrutement : les jeunes délaissent les entreprises ayant un impact environnemental négatif, tandis que les multinationales semblent perdre de leur attrait aux yeux de cette nouvelle génération engagée. 

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