Des pubs « trompeuses » d’Air France, Lufthansa et Etihad interdites au Royaume-Uni
L’autorité britannique de la publicité (ASA) a interdit mercredi les publicités publiées en juillet dernier sur Google des compagnies aériennes Air France-KLM, Lufthansa et Etihad Airways, au motif qu’elles contenaient des affirmations environnementales jugées « trompeuses ».
« Trompeuses », c’est peu de le dire. Une publicité pour Air France affichait notamment : « Manchester à Bangkok (…) Air France s’engage pour la protection de l’environnement : voyager mieux et durablement », relève l’ASA dans une décision. L’autorité britannique épingle régulièrement les publicités d’entreprises de transport sur l’environnement, notamment pour écoblanchiment. Mercredi, elle a expliqué agir dans le cadre d’une opération plus large focalisée « sur le changement climatique et l’environnement ».
« Pour la protection de l’environnement »
Alors que « le transport aérien produit des niveaux élevés d’émissions » de CO₂ et autres, et « en l’absence de toute preuve démontrant qu’Air France protégeait l’environnement et rendait l’aviation durable, nous avons conclu que ces allégations donnaient aux consommateurs une impression trompeuse », a estimé l’autorité. « La publicité ne doit pas apparaître à nouveau sous cette forme », a ordonné l’ASA.
« Air France a pris note » de cette décision, a réagi la compagnie dans une déclaration transmise à l’AFP, précisant que « l’annonce en question (…) avait été générée par un outil d’intelligence artificielle, sur la base des mots clés saisis par un utilisateur ». « Cette annonce ciblée a uniquement été visible en ligne depuis le Royaume-Uni, et seulement 80 personnes y ont été exposées », a ajouté la compagnie, disant avoir depuis « modifié les paramètres de création des publicités en ligne afin de s’assurer qu’un tel évènement ne puisse plus se produire à nouveau ».
« Voler de manière plus durable »
Le premier groupe européen de transport aérien Lufthansa, déjà rappelé à l’ordre début mars par l’ASA pour une réclame dans laquelle il affirmait « protéger le futur » de la planète, s’est quant à lui vu reprocher cette fois-ci une publicité qui proposait notamment de « voler de manière plus durable ». La compagnie avait fait valoir auprès du régulateur que la publicité faisait référence à des « tarifs verts » que les passagers pouvaient sélectionner sur les vols européens, reflétant l’utilisation de carburants d’aviation dits durables et la contribution à des projets de protection du climat.
Mais ces explications n’avaient pas été clairement précisées dans la publicité, a reproché l’ASA. La compagnie, qui a supprimé la phrase litigieuse de sa réclame, a dit « regretter que la publicité en question » n’ait pas étayé davantage ses affirmations en faveur de l’environnement.
« Défense de l’environnement »
La compagnie aérienne émiratie Etihad Airways, qui avait déjà vu deux de ses publicités épinglées en avril par le régulateur britannique, se voit cette fois reprocher d’avoir fait figurer la mention « défense de l’environnement » dans une publicité. Si la mention a été immédiatement retirée, « nous n’avons vu aucune démonstration » que la compagnie « était engagée dans une telle démarche ou qu’elle travaillait activement pour protéger l’environnement », a tranché l’ASA.
« La durabilité est une priorité clé pour Etihad, qui gère un programme complet visant à aborder la décarbonation de l’aviation », entre modernisation de sa flotte, carburants « durables », compensation carbone et reboisement, a fait valoir la compagnie mercredi dans une déclaration à l’AFP.
Vers un nombre « historique » de passagers aériens en 2024
4,7 milliards. C’est le nombre de passagers dans le monde que les compagnies aériennes s’attendent à transporter l’année prochaine, d’après l’Association internationale du transport aérien (IATA). Le record actuel date de 2019 et s’élève à 4,54 milliards. La crise sanitaire n’étant plus qu’un lointain souvenir, cette année, les transporteurs sont repassés dans le « vert » avec des bénéfices nets cumulés de 23,3 milliards de dollars, soit plus du double des projections qui avaient été faites en juin.
Les passagers et les recettes s’envolent, les émissions de CO₂ aussi. Selon une étude publiée en 2020 dans la revue Atmospheric environment, le trafic aérien représente 2,9 % des émissions globales, production et distribution du kérosène compris. Dans un rapport d’octobre 2022, Stay Grounded, un réseau de plus de 170 organisations encourageant les alternatives à l’aviation, estime qu’en tenant compte de l’impact de la condensation, le secteur contribue au réchauffement climatique à hauteur de 5,9%.
(Avec AFP)
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