Contre la fast-fashion, le gouvernement veut s’attaquer à Shein
Le 11 juillet 2023, le gouvernement a annoncé vouloir s’attaquer au leader de l’ultra fast fashion, Shein. Fer de lance de son projet contre le mastodonte chinois : l’éco-score 2024.
La machine infernale
Lors d’une visite dans les locaux d’un incubateur de mode responsable, la secrétaire d’Etat chargée de l’Écologie, Bérangère Couillard, a pris position contre la fast fashion. Elle qualifie le modèle économique de « destructeur pour notre planète, pour les conditions humaines des pays qui accueillent leur production et également destructeur pour le secteur du textile qui pourrait ne pas s’en remettre ».
Alors que nous sommes entraînés dans une course urgente vers la transition écologique, Shein continue la sienne, dans la direction opposée. Pas moins de 470 000 modèles sont disponibles en temps réel sur son site, dans des volumes « astronomiques » et à des prix dérisoires, selon le décryptage réalisé par l’ONG Les Amis de la Terre, en juin dernier.
Le prix de la fast fashion, l’environnement le paie cher, les êtres humains également. Parmi les nombreux chefs d’accusation dont fait l’objet le géant de l’habillement low-cost, on retrouve le travail forcé, le plagiat et l’incitation à la surconsommation.
Les armes du gouvernement
Face à cela, le gouvernement se dit prêt à prendre les mesures nécessaires. En charge de ce dossier, Bérangère Couillard prévoit de dégainer une première arme en 2024 : l’éco-score. Cet indicateur, qui se veut être le reflet de l’impact environnemental des acteurs de l’industrie textile, devra obligatoirement apparaître sur les sites concernés. L’exécutif va « plancher pour trouver une bonne incorporation » de la part spécifique de la fast fashion.
Reste à savoir si cette arme sera suffisamment dissuasive face à un modèle productiviste bien rodé, qui attire dans ses filets des cibles extrêmement jeunes. Si la ministre affirme que l’éco-score a toutes ses chances d’être « crédible pour les consommateurs », il est aussi pensé pour ne pas « effrayer » les industriels.
Une seconde stratégie, portée cette fois-ci par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, est également en cours de réflexion. Elle prendrait la forme d’une « taxation plus forte pour des produits qui viendraient de l’autre bout du monde », dans le but de limiter les importations à prix cassés.
Vers une victoire par KO
Si Shein se fait régulièrement épingler sur les réseaux sociaux pour ses dérives sociales et écologiques, le géant chinois de la fast fashion ne cesse pourtant de grossir. En 2021, selon Bloomberg, il voit ses ventes augmenter de 60 % et son chiffre d’affaires avoisiner les 16 milliards de dollars. L’entreprise talonne désormais H&M, acteur historique de l’industrie de la fast fashion, de 65 ans son aîné.
Dans ce combat contre Shein, des associations, des militants et des messieurs et mesdames tout le monde s’organisaient déjà avant que ne le fasse l’État. Pour rejoindre leurs rangs et ne plus rentrer mécaniquement dans celui qui nous est généralement présenté, de nombreuses actions sont à entreprendre pacifiquement. Ralentir et réinventer sa façon de produire et consommer la mode en est une… Fuir Shein et les enseignes de fast fashion aussi loin que possible, en est une autre !
(Source AFP)
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