Fast Fashion : quelles conséquences ? Bilan environnemental & humain

Par Caroline Dusanter , le 27 novembre 2024 — pollution, réchauffement climatique - 7 minutes de lecture
Magasin de fast-fashion

Magasin de fast-fashion

« La mode, c’est ce qui se démode » disait Jean Cocteau. Et l’industrie textile l’a bien compris. Avec des nouvelles collections toutes les deux semaines en boutique, on change de style comme on change de chemise 😉. Malheureusement, si la fast fashion nous habille à prix cassés, ses conséquences environnementales et sociales coûtent cher, très cher. Alors, pourquoi faut-il appuyer sur le frein ? Décryptage.

Fast-fashion : des conséquences désastreuses sur le climat

La fast-fashion est l’un des premiers contributeurs au réchauffement climatique et à la pollution. Entre émissions de gaz à effet de serre et conséquences sur la biodiversité, quels sont les impacts de la mode sur l’environnement ?

Des émissions de gaz à effet de serre très importantes

Saviez-vous que l’industrie textile émet chaque année plus de gaz à effet de serre que l’aviation et la marine marchande réunies ? Eh oui, les 4 milliards de tonnes de CO₂ que la mode relâche dans l’atmosphère n’ont rien de glamour. Les collections qui se multiplient et les vêtements bon marché produits à la chaîne font exploser ces chiffres. 

A l’heure actuelle, selon Oxfam, l’industrie textile correspond à environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiaux. Si on ne change rien, en 2050, la mode pourrait représenter un quart des émissions mondiales de CO₂. Pas vraiment chic.

La problématique de la pollution de l’eau

Un jean neuf, c’est beau, mais saviez-vous qu’il nécessite 10 000 litres d’eau pour voir le jour ? Oui, de quoi prendre 285 douches. Ajoutez à cela les produits chimiques utilisés pour teindre et traiter les tissus, et vous obtenez une industrie responsable de 20 % de la pollution mondiale des eaux, d’après l’Ademe. 

Déforestation et impact sur la biodiversité

Vous pensiez que seule la production de meubles déciment les forêts ? Faux. La fast fashion a aussi son rôle à jouer. Par exemple, le coton utilisé par Zara et H&M participe à la déforestation de l’Amazonie. D’après une enquête de l’ONG britannique Earthsight, de nombreux vêtements commercialisés par ces géants de la mode rapide proviennent du « pillage du Cerrado », bien qu’ils soient présentés comme fabriqués à partir de coton certifié durable. Résultat : des hectares de biodiversité rasés pour produire des robes à fleurs. Ironique, non ?

De la même manière, la production de cuir pour les chaussures et sac à main a un impact sur les forêts. Comme l’explique l’association de défense des animaux PETA « L’élevage industriel pour l’alimentation et le cuir nécessite de grandes quantités d’eau et des milliers d’hectares de pâturage qui doivent être déboisés. Environ 80 % de la forêt amazonienne a été rasée pour faire place aux pâtures et à la culture visant à nourrir les animaux. ». L’empreinte carbone des chaussures, un véritable pied de nez fait à la planète ! 

Recyclage textile : des montagnes de vêtements inutilisables 

Quand on jette nos vieux vêtements, on espère qu’ils seront recyclés. Spoiler alert : ils finissent souvent à l’étranger. En Afrique ou en Amérique latine, des décharges géantes débordent de nos habits démodés. À Accra, au Ghana, une colline de 20 mètres de haut, composée à 60 % de vêtements européens, ne cesse de croître. Une montagne de la honte qui ne cesse d’atteindre de nouveaux sommets.

Et pas besoin d’aller si loin pour voir des vêtements s’entasser. Maud Sarda, directrice du label Emmaüs alerte sur son Linkedin « les dons de mauvaise qualité, issus de la fast fashion, impossibles à réutiliser, voire même recycler, ont explosé ! Les espaces de stockage sont saturés de vêtements à jeter, avec les coûts de mise en benne que cela suppose, après avoir mobilisé du temps de tri, de manutention. Des dons qui sont au final un poison. »

Quel est l’impact social de la fast fashion ?

La planète n’est pas la seule victime de ce modèle économique. Derrière les vêtements à bas prix se cachent des drames humains. Voici les conséquences sociales de la fast-fashion. 

Des travailleurs précaires dont la santé est mise en danger

Produire des vêtements pas chers, c’est possible, mais à quel prix ? Dans des pays comme le Bangladesh, les travailleurs sont payés une misère. Imaginez : sur un t-shirt vendu 29 €, seuls 18 centimes reviennent à l’ouvrier qui l’a fabriqué. Pire encore, ils travaillent souvent dans des conditions dangereuses. L’effondrement du Rana Plaza en 2013, qui a tué plus de 1 100 personnes, est un exemple tragique des abus de l’industrie.

C’est sans compter les graves dangers auxquels les ouvrières et ouvriers de l’industrie textile sont exposés, en particulier à cause du contact avec des substances toxiques et l’absence de mesures de protection adaptées.

Un exemple frappant reste la pratique du « sablage » des jeans, utilisée pour créer l’effet « usé » ou « vintage » très prisé par les consommateurs. Cette technique implique de projeter du sable à haute pression sur les tissus pour les vieillir artificiellement. Malheureusement, cette opération est souvent réalisée manuellement, et expose directement les travailleurs à des poussières contenant de la silice, un minéral dangereux pour la santé.

L’inhalation de ces particules peut provoquer une maladie pulmonaire grave appelée silicose, une affection incurable qui endommage progressivement les poumons et peut conduire à une mort prématurée. 

La destruction d’emplois en France

Si les conséquences de la fast-fashion sont désastreuses à l’autre bout du monde, elles le sont aussi chez nous. Elle est synonyme de chômage de masse. D’après l’Insee, entre 2008 et 2018, près de 100 000 emplois dans l’industrie textile ont disparu en France, soit 40% de ses emplois. 

Pourquoi ? Parce que la production a été massivement délocalisée vers des pays à bas coûts. Résultat : des usines fermées, des savoir-faire perdus, et des emplois en moins dans nos régions.

Comment arrêter la fast fashion ?

La fast-fashion, ça n’a donc rien de stylé ! Elle nous promet un dressing à la pointe de la mode, au prix de la planète et des droits humains. Désormais, l’élégance est dans l’éthique. Alors, pour briller sans culpabiliser, pourquoi ne pas miser sur une mode plus responsable ? Après tout, rien de plus tendance que de sauver le monde, une robe à la fois. 😉Il est temps de reprendre le contrôle de nos armoires. Voici quelques pistes pour devenir des consommateur-trices éclairé-e-s (et bien habillé-e-s) :

Consommer moins de vêtements

Moins, mais mieux : c’est la devise à adopter. Porter ses vêtements plus longtemps, les réparer, les customiser… Autant de façons de ralentir la cadence. 

Vous avez du mal à savoir comment faire ? Des ateliers de couture et des recycleries ont fleuri un peu partout aux quatre coins de l’Hexagone. Ils proposent des événements pour vous aider à valoriser ou réparer vos vieux vêtements ! Faire du neuf avec du vieux, il n’y a que ça de vrai ! En plus c’est l’occasion de faire de nouvelles rencontres. Sympa, qu’en dites-vous ?  

Acheter de seconde main

Les friperies, c’est le jackpot : des pièces uniques, parfois griffées, et à petit prix. Sans oublier le plaisir de fouiller et de tomber sur la perle rare. Bonus : vous évitez de participer au gaspillage.

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Privilégier le made in France

Enfin, vous voulez vous faire plaisir avec une belle pièce neuve ? On pense local et durable ! Acheter du « Made in France », c’est soutenir l’emploi et réduire l’empreinte carbone liée au transport. En plus, le savoir-faire français, ça n’a pas de prix (ou presque).

Caroline Dusanter

Intéressée le développement durable et d'écologie, j'essaye d'éveiller ma curiosité (et la vôtre) en rédigeant des articles sur le sujet. Fondatrice de l'agence éditoriale Aurorae, quand je n'écris pas, j'aime beaucoup lire et pratiquer des activités DIY.

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