L’augmentation de l’extraction de ressources naturelles empire la crise climatique
Selon une information de The Guardian qui a eu accès à un rapport non publié de l’ONU, l’extraction de ressources naturelles pourrait augmenter de 60 % d’ici 2060, avec des conséquences « calamiteuses » pour le climat et l’environnement.
Selon ce rapport qui devrait être rendu public en février 2024 et dont les conclusions ont été relayées par The Guardian, l’extraction des ressources naturelles de la planète est déjà responsable de 60 % des impacts du réchauffement climatique, dont les changements d’affectation des terres, 40 % de l’impact sur la pollution de l’air, et plus de 90 % du stress hydrique global et de la destruction de la biodiversité en relation avec l’utilisation des terres.
L’extraction de ressources naturelles aurait déjà augmenté de 400 % depuis les années 70 en raison de l’industrialisation, l’urbanisation et l’augmentation de la population, selon la présentation faite aux ministres de l’Union Européenne la semaine dernière de ce rapport, le « UN Global Resource Outlook » ou rapport sur les « Perspectives des ressources mondiales ».
Cette nouvelle étude suit celle publiée il y cinq ans. Le rapport sur les « Perspectives des ressources mondiales 2019 », pointant déjà l’augmentation de l’extraction mondiale de ressources naturelles, passée de 27 milliards de tonnes à 92 milliards de tonnes sur les cinq dernières décennies, en 2017, et l’impact certain sur l’environnement de la demande croissante de ressources naturelles. Cette augmentation exponentielle touche l’ensemble des ressources naturelles : les métaux, les minéraux non métalliques (sable, argile…), les combustibles fossiles, la biomasse, l’eau et les terres.
Plus d’extraction = plus d’impact
« Des chiffres plus élevés impliquent un impact plus élevé », a souligné Janez Potočnik, vice-président du panel de l’ONU ayant produit le rapport en attente de publication. « En substance, il n’y a plus d’espaces épargnés sur terre. Nous sommes déjà en dehors d’un espace d’exploitation sans danger et si ces tendances continuent, les choses vont s’empirer. Les événements climatiques extrêmes deviendront simplement plus fréquents et cela aura un coût financier et humain bien plus sérieux ».
Selon les informations de The Guardian, le rapport propose de réduire la demande globale plutôt que de simplement augmenter la production « verte ». Un rappel qu’une croissance exponentielle a forcément des conséquences sur l’environnement. Parmi les exemples cités : celui de l’impact des véhicules électriques dont la fabrication nécessiterait l’utilisation de 10 fois plus de « matières premières critiques » que les voitures thermiques. Ainsi, atteindre l’objectif de zéro émission dans le secteur des transports d’ici 2050 grâce au développement de l’électrique aurait pour conséquence une augmentation de l’extraction de matières premières rares de 600 % sur une période de 15 ans. Le rapport préconiserait notamment un recours plus systématique au télétravail et le développement des transports en commun ou du vélo pour la mobilité, au lieu d’une augmentation de la production de voitures électriques pour répondre aux besoins de la population en termes de mobilité.
S’agissant du logement, le rapport préconise également de faire meilleur usage des logements vides ou de l’espace sous-utilisé et de privilégier des solutions de cohabitation. Cette sobriété recommandée pourrait permettre de réduire de 80 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2060, relate encore The Guardian.
Des recommandations qui semblent aller à l’encontre des objectifs de la France résumés par Gabriel Attal lors de son discours de politique générale, qui souhaite faire « rimer climat avec croissance ». Parmi les objectifs énumérés, l’augmentation de la production de voitures électriques apparaissant en filigrane, la voiture étant, selon le Premier ministre, « gage de travail et de liberté » pour les classes moyennes.
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