Les véhicules intermédiaires sont-ils écologiques ?

Par Anaïs Hollard , le 13 novembre 2024 - 7 minutes de lecture

© Haberdoedas II

Depuis quelques années, la voiture électrique est sur toutes les lèvres. Il faut dire qu’elle présente son lot d’avantages pour le moins alléchants. Seulement, il est un type de mobilité encore méconnu, qui pourrait pourtant apporter sa pierre à l’édifice en matière de transition écologique. On parle évidemment des véhicules intermédiaires. Alors, quels sont ces moyens de locomotion 2.0 et en quoi pourraient-ils révolutionner notre rapport à la conduite… Et à la planète ? 

Qu’est-ce qu’un véhicule intermédiaire ?

Commençons par le commencement… Un véhicule intermédiaire, c’est quoi exactement ? Il s’agit tout simplement d’une catégorie de véhicule qui se situe entre le vélo et la voiture. Ces bolides sont conçus pour offrir une alternative de mobilité plus légère, plus écologique et plus économique que les voitures classiques. Le tout, en étant plus pratiques et rapides que les vélos traditionnels. Ces véhicules sont au moins 10 fois plus légers qu’une voiture électrique classique ! Par ailleurs, existent autant de véhicules intermédiaires que d’usages… Ils peuvent aller de 25 à 90 km/h ou permettre de transporter de 2 à 4 personnes. Cependant, quel que soit l’engin, on compte quelques points communs de taille. Ils sont en effet tous légers, sobres, durables, recyclables et… fabriqués en France. Ceci étant dit, quels sont précisément ces véhicules ? Parmi eux, on compte : 

  • Les vélos à assistance électrique (les VAE, assistés jusqu’à 25 km/h), qui offrent un soutien motorisé pour des déplacements plus longs ou pour des zones vallonnées.
  • Les vélos cargos, pour embarquer toute la famille !
  • Les quadricycles légers, comme le Renault Twizy ou Citroën Ami. Ces véhicules compacts sont souvent accessibles dès 14 ou 16 ans dans certains pays et ne nécessitent pas de permis de conduire classique.
  • Les speedelecs ou speed pedelecs, semblables aux vélos à assistance électrique. Ils peuvent grimper jusqu’à 45 km/h, pour parcourir de belles distances en un claquement de doigts.
  • Les microcars, ces très petites voitures, souvent électriques, comme la Microlino (inspirée de la BMW Isetta), qui est compacte et conçue pour les trajets urbains.
  • Les tricycles électriques, des vélos à trois roues avec assistance électrique, très stables et souvent équipés de bacs de transport, comme le Butchers & Bicycles MK1-E.

S’il existe encore bon nombre de véhicules intermédiaires, ceux cités offrent de nombreuses options pour répondre aux différents besoins de mobilité urbaine et favorisent la flexibilité et la durabilité. D’ailleurs, à en croire l’Ademe, ces véhicules pourraient satisfaire pas moins de 60 % des besoins de mobilité du quotidien, en particulier dans le monde rural1.

Quel impact écologique pour les véhicules intermédiaires ?

Côté mobilité douce, l’impact positif de la voiture électrique – par rapport à son homologue thermique – n’est plus à démontrer. En effet, sur l’ensemble de sa durée de vie, une voiture électrique sillonnant l’Hexagone présente un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique (à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable (< 60 kWh)2. Pour autant, faut-il s’arrêter en si bon chemin ? Se tourner du côté des véhicules plus légers peut s’avérer on ne peut plus payant en matière d’incidence environnementale. Troquer la voiture – même électrique – contre un véhicule intermédiaire permet de limiter au maximum les conséquences de l’ensemble de nos déplacements. Pour s’en rendre compte, voici quelques exemples d’émissions de CO2 pour un trajet de 10 km, en fonction du véhicule : 

  • Vélo ou marche : 0 kg CO₂e
  • Vélo à assistance électrique : 0,11 kg CO₂e
  • Trottinette à assistance électrique : 0,25 kg CO₂e
  • Voiture électrique : 1,03 kg CO₂e
  • Voiture thermique : 2,18 kg CO₂e3

Il est à noter que ces émissions moyennes tiennent compte de l’usage, ainsi que de la construction.

Pour résumer, le vélo électrique émet donc en moyenne 20 fois moins de CO₂e pour un trajet que la voiture thermique. Ça ne s’arrête pas là, puisqu’il émet également 10 fois moins de CO₂e que la voiture électrique.

En ce qui concerne les ressources, les véhicules intermédiaires sortent également grands vainqueurs du match qui les oppose à la voiture, qu’elle soit électrique ou non. En effet, 100 kWh de batterie correspondent à un pickup, deux voitures citadines, 16 quadricycles et… 200 vélos à assistance électrique4 !

Les avantages des véhicules intermédiaires

Outre leur bilan carbone tout doux, au quotidien, les véhicules intermédiaires présentent un paquet d’avantages, pour qui souhaite emprunter le virage de la mobilité durable : 

  • Exit le carburant : la plupart des véhicules intermédiaires, comme les vélos électriques ou les microcars, sont électriques, ce qui réduit considérablement les émissions de CO₂ et limite la dépendance aux carburants fossiles !
  • Bonjour le stationnement : leur petite taille permet de les garer dans des espaces réduits. Un avantage… de taille… en ville, où le stationnement est souvent limité et coûteux.
  • Une circulation fluide : les véhicules intermédiaires sont plus compacts, ce qui permet de faciliter la circulation dans les embouteillages, sur les pistes cyclables ou dans des voies réservées.
  • Des économies : les véhicules intermédiaires ont généralement des coûts d’achat et d’entretien plus bas que ceux d’une voiture traditionnelle. Leur recharge électrique coûte aussi moins cher que le carburant pour les déplacements quotidiens.
  • Zéro bruit : eh oui, on pense rarement à la pollution sonore. Pourtant, les citadin·e·s le savent bien : le silence est d’or. Pour le coup, les véhicules intermédiaires électriques sont silencieux. Le VI, ce ne serait pas l’avenir de nos oreilles ?

Véhicules intermédiaires : Les défis à venir

Si les véhicules intermédiaires ont sans conteste beaucoup à offrir à nos déplacements, force est de constater que leur présence sur les routes est encore timide. À l’exception peut-être du vélo électrique, évidemment. Premier obstacle, le coût de certains de ces moyens de locomotion. En effet, si à l’utilisation, ils sont plutôt bon marché, à l’achat, c’est une autre histoire. Comptez entre 4 000 à 17 000 euros, en fonction du modèle. Certes, moins cher qu’une voiture électrique neuve, mais tout de même coûteux pour des trajets limités. Comme le précise Jérôme Zindy, vélo-reporter, auprès de l’Ademe, « pour un déploiement à grande échelle, les aides à l’achat seront essentielles et les subventions adaptées à ce nouveau type de véhicule, indispensables ». L’Agence y travaille par ailleurs, avec l’ambition d’étendre les aides à l’achat des voitures électriques aux véhicules intermédiaires. « Pour que les aides orientent le marché en faveur des véhicules les moins impactants à la production et à l’usage, l’ADEME souhaite conditionner ces aides au score environnemental, comme le sont depuis le 1ᵉʳ janvier 2024 les aides à l’achat des voitures électriques ».

Du côté de l’imaginaire collectif, tout reste également à faire. Là où l’automobile est surreprésentée, la présence des véhicules intermédiaires demeure encore anecdotique. « Mais, comme pour le vélo électrique il y a quelques années, les pratiques évolueront lorsque les usagers auront eu l’occasion de tester ce nouveau moyen de transport et pourront se rendre compte des bénéfices à l’usage » précise encore Jérôme Zindy. Pour donner cette possibilité aux citoyen-ne-s, des territoires d’expérimentation se développent partout en France. Il en existe actuellement 20, qui ont pour objectif de déployer les conditions favorables à la circulation de ces véhicules intermédiaires, mais aussi les rendre visibles sur la voirie, notamment en aménageant des infrastructures adéquates1. Affaire à suivre, donc…

1https://infos.ademe.fr/mobilite-transports/2024/le-vehicule-intermediaire-est-le-chainon-manquant-entre-le-velo-et-la-voiture-electrique/ 
2https://presse.ademe.fr/2022/10/mondial-de-lautomobile-lademe-publie-son-avis-sur-le-vehicule-electrique-une-batterie-de-taille-raisonnable-assure-une-pertinence-climatique-et-economique.html 
3https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/bureau/deplacements/calculer-emissions-carbone-trajets 
4https://bonpote.com/les-vehicules-intermediaires-lavenir-de-la-mobilite/ 

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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