Plastique jetable : Le Monde dévoile les commandes de l’Elysée
Dans un article publié début septembre, le journal Le Monde révèle la signature par l’Élysée d’un marché public de fournitures d’articles jetables pour ses cuisines et souligne l’incohérence de cette action au regard des objectifs affichés de réduction du plastique jetable.
Selon un marché conclu au mois de mars 2023, la présidence a commandé, pour ses cuisines, des produits d’entretien et divers types d’articles jetables de restauration : papier aluminium, bacs et barquette, films alimentaires, moules, papiers à usage alimentaire, poches à douille, sacs et étuis, sets, nappes et serviettes, et « tout autre article jetable de cuisine », précise le marché. Cette commande étonnante a été révélée par Le Monde le 4 septembre 2023. Le contrat devrait permettre à l’Élysée de fournir ses cuisines et sa crèche en articles jetables jusqu’à la fin du quinquennat, c’est-à-dire jusqu’en 2027.
Interrogée par Le Monde, la Présidence de la République a soutenu que la plupart des articles concernés seraient en papier ou en carton et que la présence de plastique serait « marginale ». Pourtant selon les calculs des journalistes qui ont eu accès aux documents contractuels, « plus de 800 000 articles de cuisine jetables en plastique pourraient être livrés sur quatre ans », chiffre établi sur la base d’une simulation de commandes. L’Élysée a réagi après la publication de l’article et précisé au Monde que la simulation de commandes faite ne préjugeait « en rien de (notre) utilisation réelle actuelle depuis la mise en œuvre de ce marché ».
Solutions alternatives
Le Monde rappelle que des solutions alternatives aux objets à usage unique existent, tels que des objets en verre, en tissu, en métal ou en pulpe de bambou. Le quotidien a notamment interrogé Juliette Franquet, la directrice de l’association Zero Waste France qui œuvre pour le zéro déchet, à ce sujet. « C’est une occasion manquée, a-t-elle regretté, car ce type de gros contrat public pourrait favoriser des acteurs qui proposent des solutions alternatives, afin d’aider les filières à se développer ».
Le développement de ces filières est pourtant l’objectif affiché par le gouvernement, la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire prévoyant la sortie progressive des objets en plastique à usage unique d’ici 2040. Cette loi prévoit aussi de renforcer le principe du pollueur-payeur, selon lequel le fabricant ou le distributeur d’un produit est aussi responsable de sa fin de vie, un système de consigne des bouteilles en plastique en vue de leur recyclage mais aussi des mesures encourageant la vente en vrac.
Sortir du plastique ?
Cet objectif de sortir du plastique jetable d’ici 2040 a été réitéré par la France, en tant que membre de la Coalition de la Haute Ambition, dans le cadre des négociations pour le traité international contre la pollution qui devrait être finalisé fin 2024. Plusieurs sessions de négociation ont déjà eu lieu, notamment à Paris en juin 2023. En amont de cette rencontre, Emmanuel Macron rappelait les objectifs fondamentaux du traité. Il rappelait notamment que « l’objectif premier doit être de réduire la production de nouveaux plastiques, et d’interdire dès que possible les produits plus polluants – comme les plastiques à usage unique – et les plus dangereux pour la santé » et soulignait que la France « prend d’ores et déjà ses responsabilités » en faisant référence à la loi précitée de 2020. Le Monde rappelle, dans son article, qu’aux termes de l’article 77 de la loi, il est interdit à l’État d’acheter du plastique « en vue d’une utilisation sur les lieux de travail et dans les événements qu’il organise ». Un article qui ne s’appliquerait « pas à la production en cuisine », selon l’Élysée.
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