Quelle est l’empreinte carbone de ChatGPT ?

Par Anaïs Hollard , le 18 janvier 2024 - 6 minutes de lecture
ChatGPT

© Yassine Mahjoub/SIPA

Depuis son lancement fin 2022, pas un jour ne passe sans que l’on entende parler de l’incontournable intelligence artificielle ChatGPT. L’agent conversationnel développé par OpenAI ne cesse en effet de faire parler de lui, mais à quel prix ? Quelle est l’empreinte carbone de ce moteur de recherche 2.0 ?

L’empreinte carbone de ChatGPT : qu’en dit l’intelligence artificielle ?

Nous ne pouvions pas évoquer l’empreinte carbone de ChatGPT sans nous tourner au préalable vers le principal intéressé. Aussi, lorsque l’on pose la question de son empreinte carbone à l’intelligence artificielle, la réponse ne se fait pas attendre, et on peut dire qu’elle se veut pour le moins prudente : 

« En tant qu’intelligence artificielle développée par OpenAI, je n’ai pas d’empreinte carbone directe car je ne suis pas une entité physique. Cependant, l’utilisation de serveurs informatiques pour alimenter mes fonctions et celles d’autres intelligences artificielles peut entraîner une certaine empreinte carbone. OpenAI s’efforce de réduire cet impact en optimisant l’efficacité énergétique de ses opérations et en utilisant, dans la mesure du possible, des sources d’énergie renouvelables.

Il est important de noter que les détails spécifiques de l’empreinte carbone liée à l’utilisation de l’IA varient en fonction de plusieurs facteurs, tels que l’efficacité des centres de données, les sources d’énergie utilisées et l’intensité de l’utilisation de l’IA. OpenAI est conscient de ces enjeux environnementaux et travaille activement pour minimiser l’impact environnemental de ses technologies. »

Autrement dit et malgré la défense de l’IA herself, ChatGPT présente un coût écologique considérable et ce n’est pas la plateforme française Greenly – qui se revendique comme le « Numéro 1 du Bilan Carbone » qui dira le contraire. En effet, selon les estimations de l’entreprise, la version GPT-3 du nouveau service d’IA émettrait pas moins de 240 tonnes de CO2, soit l’équivalent de 136 allers-retours entre Paris et New York.

Qu’est-ce qui rend ChatGPT si énergivore ?

En réalité, le principal poste énergivore de ChatGPT3 ne réside pas dans son utilisation en elle-même, mais plutôt dans les data centers mobilisés pour faire fonctionner l’IA. À eux seuls, les systèmes d’apprentissage représenteraient 99 % des émissions totales, soit 238 tCO2e à l’année. « Dans le détail, le fonctionnement électrique couvre les trois quarts de l’empreinte carbone (soit 160 tCO2e), suivi de la fabrication des serveurs (68,9 tCO2e) et de la fuite des gaz réfrigérants (9,6 tCO2e) », précise Greenly dans son enquête menée sur le sujet.

En ce qui concerne les deux tonnes restantes de l’empreinte carbone de ChatGPT, Greenly explique ces chiffres en pointant essentiellement la conception de l’outil, ainsi que son utilisation, ce qui implique : 

🔋 Le stockage de données ;
🔋 Le transfert des données ;
🔋 L’opération de recherche.

Le calcul de Greenly se base sur un scénario selon lequel une entreprise utiliserait ChatGPT afin d’envoyer automatiquement un million de mails par mois durant un an.

En plus du bilan carbone colossal et la consommation d’électricité considérable de l’intelligence artificielle, une étude intitulée « Making AI Less “Thirsty” » (littéralement « Rendre l’IA moins “assoiffée” »), menée par les universités du Colorado Riverside et d’Arlington Texas puis relayée par Gizmodo, a démontré que ChatGPT pouvait consommer jusqu’à 700 000 litres d’eau pour refroidir les data centers de Microsoft. Dans leurs conclusions préliminaires, les chercheurs ont ainsi estimé que l’entraînement de GPT-3 aurait consommé près de 700 mètres cubes d’eau, tandis que 25 à 50 questions échangées avec le chatbot ChatGPT nécessitent quant à elles un demi-litre d’eau. Les modèles plus récents, comme GPT-4, seraient encore plus gourmands en eau.

Quels sont les engagements de ChatGPT ?

Face à un bilan carbone qui donne le tournis, on peut donc légitimement s’interroger sur les engagements pris par l’intelligence artificielle, à l’instar de la plupart des colosses de la tech. Seulement, en la matière, difficile d’obtenir davantage d’informations. Si OpenAI clame façonner « l’avenir de la technologie » et procéder à un « un examen attentif de son impact », du côté des actions mises en place, le tableau s’apparente davantage à un fétu de paille égaré au milieu d’une scène de western, qu’à une manifestation de Greenpeace. Lorsque, de nouveau, on interroge l’IA sur la question, en lui demandant de nous fournir des engagements et des actions précises mises en place par la start-up OpenAI, là encore, les réponses demeurent vagues : 

« OpenAI, l’organisation derrière ChatGPT, a pris plusieurs engagements et actions pour limiter l’impact environnemental de ses modèles d’intelligence artificielle comme ChatGPT. Voici quelques-unes de ces mesures :

  • Utilisation d’énergie verte : OpenAI s’efforce d’utiliser de l’énergie renouvelable pour alimenter les centres de données où les modèles sont formés et exécutés. 
  • Optimisation de l’efficacité des modèles : OpenAI travaille à rendre ses modèles d’IA plus efficaces en termes de calcul. Cela signifie qu’ils nécessitent moins de puissance de calcul pour la même tâche, réduisant ainsi l’empreinte carbone globale.
  • Recherche sur la durabilité : OpenAI mène des recherches sur la durabilité dans l’IA. Cela inclut l’étude de méthodes pour rendre les processus de formation des modèles plus économes en énergie et l’exploration de nouvelles architectures de modèles qui pourraient être plus efficaces.
  • Transparence et sensibilisation : OpenAI communique sur ses pratiques en matière de durabilité et sensibilise le public et d’autres organisations à l’importance de réduire l’impact environnemental de l’IA.

Il est important de noter que l’impact environnemental de l’IA est un sujet en constante évolution, et OpenAI, comme d’autres acteurs du domaine, continue d’explorer et d’adopter de nouvelles stratégies pour minimiser cet impact. »

Explorations, recherches et études, voilà le maigre bilan des actions déployées par le géant de l’intelligence artificielle. En matière d’énergies vertes, sur son forum d’utilisateurs, un responsable d’OpenAI s’est toutefois fendu d’un commentaire concernant les émissions de CO2 dues à l’usage de ChatGPT :

« Nous n’avons pas fait ce calcul complet. Mais la tendance est à la baisse, vers zéro. L’infrastructure d’OpenAI fonctionne sur Azure [les serveurs cloud de Microsoft, NDLR], et Azure fonctionnera à 100 % avec de l’énergie renouvelable d’ici 2025. »

Pour l’heure, aucune autre communication ne semble avoir été déployée sur le sujet. 

À lire aussi : 

Quelle est l’empreinte carbone de Apple ?
Quelle est l’empreinte carbone de Facebook ?
Quelle est l’empreinte carbone d’Amazon ?

Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

Voir les publications de l'auteur