Quelle est l’empreinte carbone d’un smartphone ?

Par Anaïs Hollard , le 18 janvier 2024 - 7 minutes de lecture
Smartphones

© Alexander Shcherbak/TASS/Sipa USA

On l’aime, on le chérit, on l’emmène partout avec nous et lorsqu’il n’est pas là, une vague d’inquiétude nous submerge. On parle bien évidemment de… Notre smartphone. En 2022, pas moins de 87 % des Français déclaraient en posséder un. Pourtant, cet ustensile devenu incontournable présente évidemment un coût écologique considérable. Mais quelle est exactement l’empreinte carbone de nos smartphones ?

L’empreinte carbone des smartphones : l’optimisme de l’Ademe

Si l’on en croit le site de l’Ademe, Impactco2.fr, la fabrication, la distribution et l’usage d’un smartphone d’environ 5,5 pouces ne seraient à l’origine que de « seulement » 29,24 kg CO2e. À titre de comparaison, c’est 15 fois moins qu’un ordinateur fixe (451,98 kg CO22 / unité), près de 14 fois moins qu’une télévision (403,34 kg CO22 / unité), et plus de 5 fois moins qu’un ordinateur portable (156,45 kg CO22 / unité). À ce stade, on se dit que finalement, en matière d’équipement numérique, le smartphone s’avère être un moindre mal. Surtout si l’on considère le fait qu’il est sans doute l’appareil le plus utilisé parmi la salve d’ustensiles électroniques dont nous disposons. Puis, c’est l’Agence de la transition écologique qui le dit. 

Seulement voilà, un tour du côté des données partagées par le géant Apple (et son rapport environnemental sur l’iPhone 14 Pro Max) suffit pour relever une étrange dissonance. Dans sa version 128GB, l’empreinte carbone de l’iPhone 14 Pro Max est estimée à 73 kg CO22, tandis qu’elle peut s’élever à 124 kg CO22 pour une puissance de 1 térabit. Information utile : l’Iphone 14 Pro Max n’est autre que le deuxième smartphone le plus vendu en France en 2023, juste derrière l’Iphone 14 et devant l’Iphone 14 Pro (un classement somme toute… Homogène). Pour résumer, le smartphone le plus acheté de France présenterait un bilan carbone 2 à 4 fois supérieur aux estimations de l’Ademe.

Contacté par le monde, Erwann Fangeat, qui coordonne le pôle durabilité et numérique de l’Agence pointe une base de données « ancienne », qui devrait bientôt « être nettoyée » et présente un chiffre d’émissions estimé à 85 kg de CO2, « tiré d’une étude de 2022 ».

Smartphone : qu’est-ce qui consomme le plus ?

À ce jour, et quelle que soit la méthode de calcul utilisée, les mesures de l’impact carbone d’un smartphone restent imprécises. En cause ? Le nombre de facteurs à prendre en compte. 

Parmi les éléments les plus analysés, on peut notamment citer les pièces utilisées pour fabriquer ces appareils. Toujours selon l’Ademe, près de ¾ de l’impact environnemental du smartphone serait dû à sa fabrication et notamment aux procédés d’extraction chimique utilisés pour isoler les matériaux nécessaires, qui sont responsables de la destruction d’écosystèmes, de pollution de l’eau, de l’air, des sols. Pour une tonne de métaux rares extraits en Chine, il faut compter 75 000 m3 d’eau acide. Sans compter les 200 étapes qui séparent les minerais ainsi extraits de leur transformation en composants électroniques. Quand on sait qu’un smartphone contient en moyenne 70 matériaux différents et que 40 à 60 % d’entre eux sont des métaux, forcément, ça chiffre !

Mais ce n’est pas tout. En plus de la fabrication du smartphone, il faut également compter : 

  • Son recyclage ;
  • Son acheminement ;
  • Son usage.

Sur ce dernier point, de nombreuses zones d’ombre subsistent. En effet, pour calculer l’empreinte carbone d’un smartphone, la plupart des fabricants et organismes tiennent compte de la consommation électrique des appareils durant trois ou quatre années. Toutefois, impossible de couvrir l’ensemble des usages possibles. C’est donc sans compter le bilan carbone des réseaux de télécommunication qui les relie à Internet ou encore les différentes applications utilisées quotidiennement et les serveurs informatiques qui vont avec (réseaux sociaux, Netflix, Amazon, Google…). Selon Impactco2.fr, « regarder une heure de vidéo quotidienne sur smartphone [générerait] 10 kg de gaz à effet de serre annuels, voire 30 kg de CO2 si l’on est connecté en 4G plutôt qu’en Wi-Fi ». En prenant en compte ces usages, l’empreinte carbone d’un smartphone pourrait alors s’élever à plus de 100 kg de CO2 émis chaque année.

Si l’on s’intéresse à la multiplicité des paramètres, on peut donc aisément imaginer des chiffres bien plus élevés que ceux évoqués par l’Ademe, mais également par les fabricants eux-mêmes.

Comment réduire l’impact carbone de son smartphone ?

À l’ère de l’hyperconnexion, difficile de se passer de cet outil pratique du quotidien. Pour celles et ceux qui ne sont pas encore prêts à sauter le pas et à imaginer un quotidien sans smartphone, il existe toutefois quelques solutions, pour concilier souci de l’environnement et téléphonie mobile de pointe.

Conserver son smartphone le plus longtemps possible

À ce jour, la plupart des smartphones sont remplacés tous les 2 à 3 ans. Pour l’essentiel de ces appareils, il ne s’agit pas d’un souci de fonctionnement, mais seulement d’un réflexe adopté face à la nouveauté et sans doute, au sentiment d’obsolescence (que celui-ci soit avéré ou non). La promesse d’une meilleure mémoire, de photos plus précises et professionnelles, de performances accrues… Autant de signaux qui poussent de nombreux consommateurs à arpenter prématurément les rayons des magasins de téléphonie. Le premier conseil, et certainement le plus simple, est donc de conserver son smartphone aussi longtemps que possible. Pour ce faire, le mieux reste encore de faire preuve de prévoyance en optant pour un modèle plus durable (solide, démontable, évolutif). Il convient également de prendre soin de ce téléphone mobile tout au long de sa vie : habillez-le d’un étui et d’un film de protection, rangez-le lorsque vous ne l’utilisez pas, etc. 

Quid du bonus réparation
Un smartphone cassé ou qui fonctionne mal ne rime pas forcément avec « poubelle », et il existe de nombreux réparateurs qui sauront répondre aux différents dysfonctionnements de votre mobile. De plus, depuis le 1er janvier 2024, la réparation d’un écran brisé de smartphone est éligible au Bonus Réparation, d’un montant de 25 €.

Optez pour la « low-tech »

À l’inverse de la high-tech, la low-tech (littéralement « basse technologie ») désigne « une catégorie de techniques durables, simples, appropriables et résilientes ». Il est donc possible de troquer son « smart » phone, contre un « low » phone, qui propose certes moins de fonctionnalités, mais présente l’avantage de mobiliser moins de matériaux pour sa fabrication et d’être plus facilement réparable en cas de pépin. Un changement qui implique le plus souvent de se dispenser d’un accès aux réseaux sociaux et autres plateformes de VOD, mais qui offre toutefois toutes les fonctionnalités attendues d’un téléphone, à savoir… Téléphoner.

Privilégiez le reconditionné

À défaut de vous priver de fonctionnalités utiles au quotidien, opter pour un téléphone de seconde main reconditionné permet non seulement de ménager son porte-monnaie, mais également la planète : 

  • Selon une étude de Remade, l’impact d’un smartphone reconditionné est équivalent à 10 % de celui d’un neuf ;
  • Selon une étude de Recommerce, l’impact carbone d’un smartphone reconditionné passe de 56 kg eq CO2 pour la fabrication d’un Apple iPhone 7 neuf à 9 kg eq CO2 pour un iPhone 7 reconditionné (84 % de CO2 en moins).

Haro sur la 4/5G

Une connexion en 4G consommerait dix fois plus qu’en Wifi. Une bonne raison de mettre ses données sur pause lorsque cela n’est pas nécessaire et de privilégier autant que possible une connexion en Wifi. Du côté du Bluetooth, mieux vaut également penser à désactiver cette fonctionnalité si elle n’est pas utilisée. Des gestes simples, mais qui peuvent faire économiser beaucoup !

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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