TotalEnergies fête son anniversaire : des militants écologistes en profitent pour dénoncer 100 ans de scandales

Par Gaëlle Coudert , le 27 mars 2024 — transition écologique - 5 minutes de lecture
Anniversaire TotalEnergies

Des militants se sont introduits au château de Versailles le 26 mars 2024, Crédit photo : David CANTINIAUX/AFPTV/AFP

Incruste, banderoles, contre-soirée… À l’occasion du centième anniversaire du géant français des hydrocarbures, les militants pour le climat fêtent l’occasion autrement.

 « Mettons fin au règne du pétrole et du gaz ! » Des militants écologistes ont fêté mardi le centenaire de TotalEnergies à leur manière en déployant une banderole devant le château de Versailles, où le géant des hydrocarbures organisait une soirée privée.

Après être entrés dans le domaine avec les derniers touristes, en fin d’après-midi, trois activistes se sont jetés dans un des bassins du parterre d’eau, face à l’édifice. Ils y ont tendu une banderole. Plus tard, une cinquantaine de membres des associations Greenpeace, Alternatiba et Les Amis de la Terre ont tenté de se faire entendre des invités de marque qui arrivaient au compte-goutte dans des voitures aux vitres teintées pour passer la soirée au château. Après avoir tenté de s’approcher de l’entrée, ils ont rapidement été repoussés par les forces de l’ordre.

« Fin de règne pour le pétrole et le gaz », ont scandé les manifestants en brandissant des pancartes « Total coupable, État complice ». « À l’heure du bilan, l’histoire de TotalEnergies reste marquée par une série de scandales », argue Greenpeace dans un communiqué, rappelant le naufrage du pétrolier Erika en 1999 ou l’explosion de l’usine AZF en 2001.

Un siècle de « pratiques néocoloniales »

Greenpeace accuse également TotalEnergies, qui a engrangé un bénéfice record en 2023, de refuser « de changer de modèle et de continuer à forer toujours plus de fossiles pour maximiser ses profits ». « Versailles c’est vraiment connoté comme le règne des tout-puissants, ce n’est pas du tout anodin », a souligné Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre, auprès de l’AFP, tandis que Sasha Arfeuille juge « important de dénoncer ce siècle de pratiques néocoloniales ».

Selon une source sécuritaire, quelque 500 personnes ont été invitées mardi soir par TotalEnergies pour une réception à la galerie des Batailles, la plus grande pièce du château. Contactée, la direction du groupe n’a souhaité ni confirmer ni infirmer l’événement, indiquant ne pas communiquer « sur les soirées privées de la compagnie qui est une entreprise privée ».

Le château de Versailles n’a ni confirmé ni infirmé la tenue de cette soirée. Le ministre délégué à l’Industrie et à l’Energie Roland Lescure et la directrice générale du groupe énergétique Engie ont été conviés à l’événement mais ont décliné l’invitation, ont indiqué ces derniers jours leurs services de presse à l’AFP.

Fleuron industriel à la réussite tonitruante, TotalEnergies est resté discret sur les préparatifs de la célébration de son centenaire, organisée en deux temps. Après cette soirée dans l’ancienne résidence des rois de France, le groupe réunira ses salariés à la porte de Versailles à Paris, jeudi. Le jour-même de la date anniversaire de la naissance de l’ancienne Compagnie française des pétroles, le 28 mars 1924 sous l’impulsion de Raymond Poincaré.

Contre-soirée

Les militants qui ont tenté de « gâcher la fête » ne sont pas les seuls à grincer des dents en voyant TotalEnergies sabrer le champagne. Le média Climax, spécialisé sur les sujets touchant à l’écologie a organisé une soirée « anti-anniversaire » le 26 mars 2024 au Point Ephémère à Paris, pour « jouer les trouble-fête ».

Lors de la soirée baptisée « la fête à Poupou » en référence à Patrick Pouyanné, le patron du groupe, le média a fait venir Mickaël Correia, journaliste à Médiapart et auteur du livre Le mensonge Total, enquête sur un criminel climatique ainsi que des représentants de StopEacop de StopTotal et organisé des animations aux noms tout aussi piquants et loufoques que celui de la soirée, comme le « Chamboul’Patou », la « Roue de Total-Fortune » ou encore un jeu intitulé « Construisez votre propre pipeline ».

Les énergies fossiles, éternel investissement

Le groupe développe les énergies renouvelables mais il est très critiqué par les militants du climat dans la rue et devant la justice pour la poursuite de ses investissements dans les énergies fossiles (gaz et pétrole) malgré la crise climatique.

TotalEnergies prévoit de consacrer un tiers de ses investissements aux énergies bas-carbone dans les cinq prochaines années mais reste associé au pétrole et bientôt encore plus au gaz, sa priorité, qu’il voit comme une « énergie de transition » pour aider les économies émergentes à sortir du charbon. En 2030, le gaz devrait représenter 50 % de ses ventes, contre 30 % pour le pétrole et 20 % pour les molécules bas carbone et l’électricité, dont une partie proviendra d’énergies vertes (éoliennes et solaires), mais aussi de centrales à gaz.

(Avec AFP)

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Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

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