Un milliard de repas sont gaspillés chaque jour, selon l’ONU : une « tragédie mondiale »

Par Charlotte Combret , le 27 mars 2024 - 4 minutes de lecture
Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le 3e émetteur de gaz à effet de serre

Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le 3e émetteur de gaz à effet de serre. Crédit : Antoine Boureau / Hans Lucas / AFP

Les ménages ont jeté inutilement l’équivalent d’un milliard de repas chaque jour dans le monde en 2022, selon les estimations de l’ONU, qui a dénoncé mercredi la « tragédie mondiale » du gaspillage alimentaire.

Cette estimation de la nourriture comestible mais jetée est dans le bas de la fourchette, et « le montant réel pourrait être bien plus élevé », selon le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) sur l’indice du gaspillage alimentaire.

« Le gaspillage alimentaire est une tragédie mondiale. Des millions de personnes auront faim aujourd’hui dans le monde alors que de la nourriture est jetée », a déploré Inger Andersen, la directrice exécutive de l’UNEP.

« C’est tout simplement ahurissant », a réagi auprès de l’AFP Richard Swannell, de l’ONG WRAP, qui a participé à l’écriture du rapport. « On pourrait nourrir toutes les personnes qui souffrent de la faim dans le monde – ils sont environ 800 millions – avec un repas par jour, juste avec la nourriture qui est gaspillée », souligne-t-il.

60% du gaspillage attribué aux ménages

Les ménages ont représenté 60% de ce gâchis, soit 631 millions de tonnes dans le monde en 2022 sur plus d’un milliard au total. Les services de restauration (cantines, restaurants etc.) ont compté pour 28% et les supermarchés, boucheries et épiceries en tout genre pour 12%. C’est l’équivalent de plus de 1 000 milliards de dollars par an jetés à la poubelle inutilement, selon des estimations.

Ce rapport, le deuxième publié par l’ONU sur le sujet, fournit l’état des lieux le plus complet à ce jour. Et l’ampleur du problème est devenue plus claire avec l’amélioration de la collecte des données. « Plus on cherche de gaspillage alimentaire et plus on en trouve », souligne Clementine O’Connor, de l’UNEP.

Mauvaise évaluation

Une grande partie du gâchis qui a lieu à la maison est lié au fait que les gens achètent plus que ce dont ils ont vraiment besoin, évaluent mal la taille des portions et ne mangent pas les restes, selon Richard Swannell. Les consommateurs mettent aussi à la poubelle des produits parfaitement comestibles mais dont la date de péremption est dépassée.

Beaucoup de nourriture est aussi perdue pour d’autres raisons que la simple négligence, en particulier dans les pays en développement, par exemple à cause de problèmes de réfrigération. Mais contrairement à une idée reçue, le gaspillage n’est pas seulement « un problème de pays riches » et peut être observé à travers le monde.

Du côté des entreprises, il est actuellement souvent moins coûteux de simplement jeter la nourriture que de trouver une alternative plus durable. « C’est plus rapide et plus facile parce que les taxes sur les déchets sont nulles ou très basses », dénonce Clementine O’Connor.

« Échec environnemental »

Ce gaspillage, qui concerne quasiment un cinquième de la nourriture disponible, est synonyme d’« échec environnemental », pointent les auteurs du rapport : il génère jusqu’à 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et nécessite d’immenses terres agricoles pour faire pousser des cultures qui ne seront jamais mangées.

S’il était un pays, « ce serait le troisième émetteur de gaz à effet de serre derrière les États-Unis et la Chine », remarque Richard Swannell. « Pourtant les gens y réfléchissent peu ».

« On espère que ce rapport souligne l’opportunité pour chacun d’entre nous de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et d’économiser de l’argent, simplement en utilisant mieux la nourriture que l’on achète déjà », conclut-il.

(Avec AFP)

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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