Appareils électriques : le bonus réparation encore à la peine, espère décoller en 2024
Près de 165 000 réparations d’appareils électriques et électroniques ont bénéficié en 2023 du « bonus » mis en place il y a juste un an par l’État. Un bilan en deçà des objectifs de la France, où ces équipements génèrent toujours environ 1,8 million de tonnes de déchets annuels.
Ce bonus, créé par la loi en 2020 et lancé le 15 décembre 2022, veut inciter à faire réparer et donc allonger la durée de vie des équipements, préservant ainsi ressources et matières premières.
Ce soutien à la réparation va de 10 à 45 euros selon les appareils, et est proposé par environ 4.700 points de réparation labellisés « QualiRépar ». Parmi ces derniers, 2.600 itinérants sont à même de réparer les appareils électroménagers à domicile. En un an, près de 165.000 réparations en ont bénéficié, pour une somme globale de 4 millions d’euros de bonus versé, selon eux.
Le téléphone portable, le lave-linge et le lave-vaisselle sont les équipements pour lesquels les consommateurs ont le plus utilisé le dispositif. Les chiffres constatés sont cependant en deçà des 500.000 réparations annuelles totales attendues.
Pour la période allant de 2022 à 2027, l’objectif était d’allouer 410 millions d’euros de bonus, grâce à un budget financé par l’ « éco-contribution » incluse dans le prix de tous les appareils.
Un bilan en dessous des attentes
« Même si le dispositif a fortement accéléré, cette enveloppe est en-deçà de nos objectifs », concède René-Louis Perrier, le président d’Ecologic.
Pour Nathalie Yserd, directrice générale d’ecosystem, « une large campagne de communication à l’égard du grand public, maintenant que le réseau de réparateurs est assez dense, devrait y remédier ».
Un bonus réparation renforcé et élargi
Les pouvoirs publics affichent aussi leur optimisme pour la suite, avec la labellisation d’un nombre croissant de réparateurs.
« En juillet 2023, moins de 1.800 réparateurs étaient labellisés », souligne le ministère de la Transition écologique. « Sous l’impulsion (du ministre) Christophe Béchu qui a réuni les parties prenantes cet été, les éco-organismes ont doublé leur rythme de labellisation des réparateurs dépassant ainsi l’objectif qui leur était assigné pour l’année 2023 (4.000 réparateurs labellisés) ».
Selon le ministère, « les Français qui ont recours au bonus réparation sont très satisfaits du dispositif. C’est pour cette raison qu’il sera renforcé en 2024 ».
Le montant doit être doublé pour cinq appareils (50 euros pour le lave-linge, lave-vaisselle et sèche-linge, 40 euros pour l’aspirateur, 60 euros pour le téléviseur) et accru de cinq euros sur 21 appareils.
De nouveaux équipements seront éligibles : lisseur, four micro-ondes, sèche-cheveux, robot pâtissier… Les écrans de téléphones portables cassés seront aussi concernés (25 euros de bonus).
Celui-ci sera en outre majoré de 20% si le réparateur QualiRépar utilise une pièce détachée issue de l’économie circulaire.
Le recrutement et la formation de réparateurs, clef de la réussite en 2024
Mais pour l’association Zero Waste, ce bonus reste encore trop faible et ne permet pas d’atteindre « le seuil psychologique », déterminé par l’Ademe, selon laquelle il faudrait que la réparation coûte moins de 33% du montant du produit neuf pour convaincre le consommateur.
Les organisateurs ont « aussi pris du retard pour convaincre les réparateurs de rejoindre le dispositif », et le montant « ne motive pas » forcément les réparateurs, ajoute Manon Richert.
Quelle seconde vie pour nos appareils ?
Le secteur des équipements électriques et électroniques produit annuellement environ 1,8 million de tonnes de déchets, dont quelque 60% sont collectés correctement, selon une étude de bureau Sofies de 2019. Ces chiffres n’ont guère varié depuis, indique ecosystem, qui observe cependant une légère augmentation dans la durée d’usage des appareils.
Alors qu’un foyer français moyen possède selon l’Ademe une centaine d’appareils, luminaires inclus, dont certains dorment dans les tiroirs, les éco-organismes ont mis en place de nouvelles filières de récupération.
Ainsi la plateforme jedonnemonelectromenager.fr propose une collecte à domicile en Ile-de-France et dans les Alpes-Maritimes.
Les éco-organismes soulignent aussi la nécessité de recruter et former de nouveaux réparateurs.
Les points QualiRépar (petits indépendants ou chaînes comme Boulanger) sont de fait inégalement répartis sur le territoire, avec par exemple beaucoup d’offres par habitant dans les Bouches-du-Rhône, le Nord, le Finistère… et beaucoup moins en Dordogne ou dans la Meuse.
Pour les deux éco-organismes, le recrutement et la formation de nouveaux techniciens sera « un enjeu majeur pour 2024 »
(Avec AFP)
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