Dérèglement climatique en juillet 2023 : 20 exemples concrets de ses effets

N’en déplaise aux climatosceptiques, les causes du dérèglement climatique sont anthropiques et ses conséquences désormais bien visibles. Partout dans le monde, les effets du plus grand défi de l’histoire de l’humanité s’intensifient au rythme de son emballement. En voici 20, qui ont tristement enflammé le mois de juillet 2023 sur la planète Terre.

Des canicules extrêmes

Alors que l’été bat son plein, l’hémisphère nord suffoque. Des vagues de chaleur sans précédent touchent de nombreuses régions du globe et entraînent dans leurs sillons, des températures record. Le 6 juillet, la surface de la Terre affichait une température moyenne de 17,23 °C, selon Climate Reanalyzer. C’est la plus haute jamais enregistrée à l’échelle mondiale. Juillet 2023 serait en passe de devenir le mois le plus chaud de la planète depuis des « centaines, voire des milliers d’années », confirme le climatologue en chef de la NASA, Gavin Schmidt. Face à ce constat alarmant, les scientifiques du World Weather Attribution (WWA) rappellent que ces épisodes caniculaires, amenés à devenir de plus en plus fréquents et intenses, auraient été « quasiment impossibles » sans le changement climatique causé par les émissions humaines de gaz à effet de serre.

👉 Aux Etats-Unis, ce sont près de 80 millions de personnes qui subissent de plein fouet les chaleurs étouffantes de la mi-juillet. Le mercure grimpe à 46 °C à Phoenix en Arizona et jusqu’à plus de 50 °C dans la Vallée de la Mort en Californie. 

👉 De l’autre côté de l’Atlantique, à cette même période, la Grèce connaît probablement l’une des plus longues canicules de son histoire, avec des pics de température à 46 °C. Ce phénomène enveloppe l’ensemble du pourtour Méditérannéen. Le 24 juillet, le thermomètre de la ville de Catane en Sicile indique 47,6 °C.

👉 Le 24 juillet, un tsunami de chaleur inonde la Tunisie. À l’ombre, la température frôle les 50 °C, 6 à 10 degrés de plus que les normales saisonnières. Le même jour, un écran de l’avenue Bourguiba, au centre de la capitale, affiche un chiffre délirant : 56 °C au soleil. Pendant ce temps, l’Algérie aussi subit des niveaux de chaleur extrêmes et inédits. Cinq préfectures de l’est, Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf et Guelma atteignent les 48 °C.

👉 Les terres de la Méditerranée ne sont pas les seules touchées, ses eaux le sont également. Le 24 juillet, la température médiane de la surface de la mer atteint 28,71 ºC, réduisant en fumée l’ancien record de 2003. Des eaux à plus de 30 °C ont localement été relevées entre la Sicile et Naples, soit plus de 4 °C au-dessus des normales.

👉 Ce phénomène est également observé dans l’océan Atlantique avec des perturbations de température de plus de 5 °C au large des îles britanniques. Le 26 juillet, la surface des eaux de l’Atlantique Nord atteint une température moyenne de 24,9 °C, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). À plus d’un degré au-dessus de la normale, une moyenne calculée sur 30 ans de 1982 à 2011, c’est la plus chaude jamais mesurée. Alors que ce pic de chaleur intervient de façon précoce, ce record devrait être battu dès le mois d’août, d’après les scientifiques.

Ces canicules extrêmes mettent directement en danger la santé des populations. En France, les chaleurs estivales de 2014 à 2022 sont à l’origine du décès de près de 33 000 personnes, selon un rapport de Santé France Public.

Des incendies incontrôlables

Suite à ces vagues caniculaires hors normes, l’été 2023 voit ses forêts s’enflammer. De fortes chaleurs, couplées à des épisodes de sécheresse prononcés, forment un foyer favorable aux départs d’incendies, chaque année plus ravageurs. Végétaux, animaux, mais aussi, êtres humains, se retrouvent prisonniers des flammes. Dans ce contexte irrespirable, impossible pour les équipes mobilisées de les étouffer. 

👉 Au Canada, plus de 10 millions d’hectares ont disparu à cause des mégafeux depuis le début de l’année. Le 15 juillet, 898 feux sont encore actifs dans le pays, à l’Est comme à l’Ouest. Parmi eux, 578 sont considérés comme hors de contrôle, d’après le Centre Interservices des Feux de Forêt du Canada (CIFFC). Alors que le mois d’août n’a pas commencé, cette saison des feux est « la pire jamais enregistrée » selon le gouvernement canadien qui découvre « les effets des changements climatiques dans toute leur réalité ». 

👉 En Grèce, le constat est tout aussi alarmant. Les îles de Rhodes, de Corfou et d’Eubée sont terrassées par les flammes, si grandes qu’elles sont visibles depuis l’espace. Selon l’antenne locale de l’ONG Fonds Mondial pour la Nature (WWF), près de 35 000 hectares de forêt ont brûlé depuis le 18 juillet. Dix % de l’île de Rhodes est déjà réduite en cendres, d’après l’institut Copernicus, quand des dizaines de milliers de personnes sont évacuées en urgence.

👉 Dans la nuit du 23 juillet, ce sont près d’une centaine de feux meurtriers qui embrasent l’Algérie. Plus de quinze préfectures, au Nord et à l’Est du pays, sont touchées. Le bilan humain est lourd. Au moins 34 personnes ont perdu la vie dans ces incendies, surprises pour la plupart dans leur sommeil, selon le ministère de l’Intérieur. 

👉 Depuis le 23 juillet, le sud de l’Italie est en feu. Les flammes se répandent dans toute la Sicile, de Catane à Palerme. Pour le président de la région, Renato Schifani, la journée du 25 juillet a même été l’une des plus difficiles que l’île ait vécu depuis des décennies.  

Des sécheresses généralisées

Si le feu se répand comme une traînée de poudre, dans plusieurs endroits du globe, l’eau vient à manquer. Voici encore l’un des effets du dérèglement climatique. Cette corrélation avait été confirmée par une étude scientifique conduite par un groupe de chercheurs du CNRS, suite aux épisodes de sécheresse qui avaient frappé l’Europe de l’Ouest et la région méditerranéenne au cours de l’été 2022. La hausse des températures accélère l’évaporation de l’eau présente dans les sols, ce qui aggrave l’intensité et la durée des pénuries.

👉 Sur la période du 1er au 10 juillet, la sécheresse touche 41,4 % des terres d’Europe et du littoral méditerranéen, selon une étude menée par l’European Drought Observatory. Malgré un léger reflux, le niveau reste historiquement élevé pour le vieux continent. 

👉 Sur ce même intervalle de temps, les pays d’Europe centrale sont les plus affectés. La sécheresse atteint 75,2 % du territoire en Allemagne, 86,7 % en Pologne, 79,4 % en Suisse, 88,7 % en Belgique, et enfin, 100 % des terres du Luxembourg.

👉 En France, début juillet, 68 % des nappes phréatiques sont en dessous des normales de saison. Au 24 juillet, leur niveau est très bas dans 18 départements de l’Hexagone. 

Des tempêtes, des tornades et des inondations 

La planète est en avis de tempête. Le changement climatique exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes et avec eux, le risque de catastrophes naturelles. Pour comprendre pourquoi, c’est d’abord du côté des océans de la planète bleue qu’il faut plonger son regard. L’augmentation de la température de l’eau et du taux d’humidité de l’air, du fait de l’intensification de l’effet de serre, sont deux ingrédients favorables au développement de tempêtes et d’ouragans surpuissants. Toujours sous l’effet du réchauffement de la surface terrestre, l’atmosphère contient plus d’eau et de vapeur d’eau, ce qui multiplie les précipitations et les risques d’inondation.

👉 Le 6 juillet, en Espagne, les rues de Saragosse sont englouties sous les eaux. Selon le média local El Pais, lors de cet épisode orageux, pas moins de 54,2 litres par mètre carré sont tombés en l’espace d’une heure, dans certains recoins de la ville. 

👉 Mi-juillet, des trombes d’eau submergent la Corée du Sud pendant trois jours, principalement du côté de la province de Gyeongsang du Nord. Au moins 37 personnes ont péri dans ces inondations et d’autres sont toujours portées disparues.

👉 Le matin du 21 juillet, Milan est traversé par une impressionnante tornade, alors que des orages de grêle virulents frappent le nord de l’Italie. Quelques jours après, le 24 juillet, la Lombardie est de nouveau le théâtre d’intempéries violentes. Les rues de la capitale de la mode sont inondées et ses arbres déracinés.     

👉 Le 24 juillet, dans le Nord-Ouest de la Suisse, une violente tempête balaye la ville de La Chaux-de-Fonds. Les services météorologiques locaux enregistrent une rafale à 217 km/h.

La biodiversité en danger

La hausse des températures, le manque d’eau ou encore la destruction des habitats naturels sont autant d’éléments qui impactent la vie et le comportement de nombreuses espèces animales terrestres et aquatiques. On ne le sait pourtant que trop bien, une seule espèce est vulnérable et c’est tout un écosystème qui peut s’effondrer. Le dérèglement climatique et toutes les conséquences qu’il entraîne mettent en péril la biodiversité dans son ensemble. 

👉 Les canicules marines qui frappent la mer Méditerranée et l’océan Atlantique cet été, provoquent une hécatombe invisible et silencieuse au sein des écosystèmes aquatiques. En première ligne, les coraux, les éponges ou encore les algues. Selon les scientifiques, ces espèces verront bientôt leur mortalité augmenter. Elles emporteront avec elles une partie de la biodiversité marine européenne, faute de n’avoir eu le temps de se régénérer.   

👉 Au cours du mois de juillet, six tortues marines Caouanne sont venues pondre leurs œufs sur les plages françaises, des Alpes-Maritimes à l’Hérault. La Grèce, la Turquie, la Libye ou Chypre sont pourtant les zones de reproduction traditionnelles de cette espèce protégée. Parmi les hypothèses qui expliqueraient la présence de ces nids sur le sable du littoral tricolore, le réchauffement des eaux de la Méditerranée.

👉 Quand le mercure s’envole, les oiseaux eux, ont du mal à déployer leurs ailes. En plus de la déshydratation qui les guette et de la disparition d’insectes dont ils font habituellement leur quatre heure, les espèces aviaires du monde voient aussi leur reproduction ou leurs migrations bouleversées par la sécheresse. 

👉 Les animaux sauvages sont les grands oubliés des incendies qui ravagent la Grèce au cours du mois de juillet. Des milliers d’entre eux se retrouvent piégés dans les flammes, sans issue de sortie. Parmi les victimes se trouvent des espèces endémiques, protégées ou en danger. Les cerfs dama dama, par exemple, ou encore les papillons de la vallée.

Combien d’autres événements dramatiques faudra-t-il attendre pour qu’Homo sapiens et ses hauts représentants unissent collectivement leurs forces en vue d’inverser la tendance ? Prochain bilan en fin d’été.