En Moselle, le projet d’autoroute A31bis suscite le débat

Par La rédaction de Deklic , le 21 février 2024 — Transition Écologique - 4 minutes de lecture
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L’autoroute A31 en janvier 2019, Crédit photo : Jean-Christophe VERHAEGEN/AFP

Le projet de construction d’une autoroute A31bis en Moselle, présenté comme « nécessaire » au regard de l’engorgement routier lié au travail frontalier au Luxembourg, est aussi décrié par des opposants organisés en collectifs qui y voient un projet « incohérent ».

Avec 100 000 travailleurs frontaliers, dont une majorité se déplaçant en voiture vers le Luxembourg chaque jour, le réseau autoroutier du nord de la Moselle est engorgé une bonne partie de la journée. Ainsi existe depuis des années un projet de contournement de Thionville, entre Metz et le Luxembourg, où il est impossible d’ajouter une troisième voie.

Au total, plus de 90 000 véhicules par jour empruntent cet axe. Clément Beaune, alors ministre des Transports, avait officialisé en décembre à Metz le choix du gouvernement de mener à bien le projet d’A31bis, via notamment la création d’un tunnel profond sous la ville de Florange pour contourner Thionville.

Le préfet de la Moselle Laurent Touvet a annoncé mardi le calendrier de ce vaste chantier, avec l’ouverture de l’enquête publique « d’ici à la fin de l’année », pour un démarrage des travaux en 2029. Le projet « répond à un besoin de mobilité » mais contribue aussi au « développement économique » de la région, selon M. Touvet, qui l’explique : « Des autoroutes complètement saturées nuisent à l’activité économique » ou à l’installation d’entreprises.

Alors que plusieurs tracés avaient été proposés durant la concertation publique, le choix du tunnel sous Florange, qui a recueilli les avis favorables des élus locaux, est « une victoire » pour Rémy Dick, le maire de la ville, bien qu’il reste « quelques inquiétudes » notamment en ce qui concerne les nuisances à l’entrée et à la sortie du tunnel.

« Catastrophe environnementale »

Autre source d’inquiétude récurrente chez les usagers : l’attribution d’une concession de l’autoroute, et la mise en place d’un péage pour en financer la création, avec un budget actuellement estimé entre « 700 et 900 millions d’euros », selon le représentant de l’État.

Des associations et collectifs alertent aussi sur le risque d’augmentation des accidents de la route, avec une « plus grande dangerosité » dans les tunnels, estime Sophie Delvo, porte-parole de l’Intercollectifs « non à l’autoroute A31bis tronçon nord ».

Une pétition, intitulée « Abandonnez le projet d’A31bis ! », avait recueilli mardi 9000 signatures sur la plateforme Greenvoice. « Non seulement ce projet ne règlera pas le problème des bouchons, mais en plus il portera atteinte à notre santé et au climat », indique la pétition. 

« C’est une catastrophe environnementale », renchérit Isabelle Catalan, de l’association Air Vigilance, qui déplore notamment la destruction d’arbres et d’espaces naturels pour mener à bien le projet.

La députée LFI de la Moselle Charlotte Leduc avait, elle fustigé en décembre un projet d’« inutilité publique » que le gouvernement « pousse contre toute logique écologique, sociale et démocratique ».La commune de Terville, 6000 habitants, va « se retrouver enclavée entre deux autoroutes », déplore auprès de l’AFP Aziza Djemai, responsable du collectif « Terville contre l’A31bis ». Elle pointe tous types de pollution, notamment à la sortie du tunnel : lumineuse, visuelle, atmosphérique…

 Train ou covoiturage

Ces enjeux locaux feront l’objet d’ateliers durant l’enquête publique, a précisé Luc Martin, garant de la Commission nationale du débat public (CNDP). Le sénateur de la Moselle Michaël Weber a lui estimé que ce nouvel axe « ne permettra pas à terme d’absorber la totalité du trafic » et a invité les parties prenantes à réfléchir à la mise en place de « bus à haut niveau de service, voies de covoiturage » ou à « la réouverture des petites lignes ferroviaires ».

Un accord avec le Luxembourg permet d’augmenter le nombre et la fréquence des trains reliant Metz au pays frontalier : 24 000 voyageurs devraient fréquenter la ligne chaque jour en 2030, contre 8000 à présent, selon M. Touvet. Mais cela ne représentera toujours qu’un quart des travailleurs frontaliers.

L’idée de réserver une voie au covoiturage en cas de forte affluence, pour inciter les usagers à adopter le transport groupé, est également étudiée. Le projet, « nécessaire », vient « en complément d’autres projets » liés aux mobilités, selon le représentant de l’État. Les prochaines échéances et réunions entre parties prenantes devront permettre de « peut-être amender à la marge » le projet, mais « pas de débattre indéfiniment sur l’utilité de l’autoroute ».

(Avec AFP)

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