Face à une armada de pelleteuses et de bétonnières, des oiseaux, des reptiles, des insectes, résistent. À leurs côtés, citoyens, militants et associations tentent de faire entendre leurs voix par delà le ronflement sourd des bulldozers.
C’est David contre Goliath, sous fond de crise écologique. Il est une époque où petits animaux et collectifs citoyens s’allient. De ces collaborations interspécifiques fleurissent des suspensions de chantiers, et des lueurs d’espoir. Des énormes projets de construction « écocides » et « anachroniques » sont ainsi immobilisés pour que puissent continuer d’exister des espèces déjà menacées. Après tout, la loi est de leur côté.
En France, l’article L411-1 du code de l’environnement prévoit un système de protection stricte des espèces de faune et de flore sauvages dont les listes sont fixées par arrêté ministériel. De facto, il est interdit de les détruire, capturer, transporter, perturber intentionnellement ou de les commercialiser. La destruction, l’altération ou la dégradation des habitats de ces espèces sont également formellement prohibées.
Lorsqu’un projet impacte des individus d’espèces protégées ou des habitats nécessaires au bon accomplissement de leur cycle biologique alors une dérogation est obligatoire. Celle-ci ne peut être obtenue que sous certaines conditions : que le projet ne présente pas d’alternative satisfaisante autre que l’atteinte aux espèces protégées, qu’il ne nuise pas au maintien de l’état de conservation des espèces concernées et qu’il soit motivé par des fins servant l’intérêt général, définies dans les cinq objectifs de l’article L.411-2 du code de l’environnement.
En outre, toute opération de construction ou d’aménagement susceptible d’avoir une incidence notable sur l’environnement ou la santé humaine doit faire l’objet d’une évaluation environnementale. Afin d’intégrer ces préoccupations dès le début de la conception des projets, cette démarche passe par la réalisation d’une étude d’impact. Mais cette procédure n’est pas toujours effectuée en amont du démarrage des chantiers, ce qui conduit certains collectifs d’opposants à dénoncer leur caractère « illégal », comme cela a été récemment le cas avec le projet de parc à thème sur les dinosaures « Dinopedia ».
Quoi qu’il en soit, en France, les petites bêtes continuent d’engloutir les gros chantiers, parfois temporairement, parfois définitivement, aidées par un engagement farouche des défenseurs de l’environnement. Retour en images sur six victoires de la faune, contre la faux.
1. La Mésange bleue contre le projet de l’A69 dans le Tarn
2. L’Outarde canepetière contre les méga bassines de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres
3. Le Lézard des murailles contre le projet Terra 2 dans le Tarn
4. La Pie grièche méridionale contre un entrepôt Amazon dans le Gard
5. Le Chardonneret élégant contre le chantier de la déviation entre Cannes et Antibes dans les Alpes-Maritimes
6. Le Lézard ocellé contre le contournement du port de Tarnos dans les Landes
7. Le Triton crêté contre le projet d’aéroport Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique
8. La Chauve-souris contre la déviation de l’agglomération de Nort-sur-Erdre en Loire-Atlantique
Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés.
Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.