Érosion côtière : 500 communes bientôt inhabitables en France

Par Charlotte Combret , le 5 avril 2024 - 4 minutes de lecture
Érosion à La Tremblade en France

Érosion à La Tremblade en France. Crédit : Lageat Perroteau / Hans Lucas / AFP

En France, certaines zones côtières vont vite devenir inhabitables face à la progression des océans, a mis en garde jeudi 4 avril soir le ministre de la Transition écologique, dont les services publieront prochainement les cartes des territoires menacés.

Quelques 500 communes à risques sont d’ores et déjà identifiées et le gouvernement travaille avec les maires pour mettre en place des « plans sur mesure », a déclaré sur TF1 Christophe Béchu. « L’équivalent d’un terrain de football disparaît chaque semaine dans notre pays sous l’effet de la progression des océans, un phénomène qui s’accélère », a ajouté le ministre. « Il y aura des zones qui seront inhabitables » sur le littoral, dont 20% est grignoté par l’érosion côtière, a-t-il dit.

« On a identifié 500 communes et on a commencé à travailler avec les maires » pour mettre en place « des plans sur mesure », a-t-il ajouté en soulignant que « les documents d’urbanisme » allaient être « révisés » sur la base des cartes. Indemnisation, relogement à l’arrière de la commune sur d’autres terrains : « ce sont des solutions qui sont aujourd’hui sur la table », a-t-il souligné en conseillant aux habitants concernés d’aller voir leur maire.

1000 bâtiments en 2028

Entre un millier de bâtiments en 2028 et plusieurs centaines de milliers d’ici à 2100 seront potentiellement touchés par l’érosion côtière en France, révèle un rapport du Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema). La France est particulièrement vulnérable au recul du trait de côte, limite entre la terre et la mer, qui se déplace sous l’effet de phénomènes naturels (houle, vent), de la hausse du niveau de la mer, et des interventions humaines.

L’érosion grignote environ 900 km de littoral. Pour anticiper ses conséquences, le Cerema a dressé trois scénarios à horizon 2028, 2050 et 2100 en s’appuyant notamment sur des photos aériennes et des données satellite.

En 2028, 1 046 bâtiments à risque, dont plus de la moitié à usage résidentiel, pourraient être grignotés par la mer, soit une valeur vénale « d’environ 240 millions d’euros ». « À 2028, la position du trait de côte dépendra souvent plus de l’effet de tempêtes (…) que de la tendance du recul chronique », précisent les auteurs.

À l’échéance 2050, selon un second scénario considéré comme « réaliste » qui prévoit le maintien en l’état des ouvrages de protection (digues, etc), 5 208 logements sont concernés, dont près de 2 000 résidences secondaires, pour environ 1,1 milliard d’euros.

À l’horizon 2100, scénario qui part d’hypothèses « défavorables » avec une « disparition complète des ouvrages de protection » et une « inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral », 450 000 logements sont en revanche potentiellement concernés, représentant environ 86 milliards d’euros.

Urgence de s’adapter

L’étude identifie également 1 437 locaux d’activité potentiellement touchés en 2050 et 53 158 en 2100, ainsi que 15,5 km de routes structurantes en 2050 et 1 765 km de routes et 243 km de voies ferrées dans le scénario 2100.

« Cette étude montre qu’il ne faut pas attendre pour s’adapter et que le scénario de l’inaction, celui de 2100, a un impact extrêmement fort tant du point de vue économique que de notre capacité à vivre sur les territoires littoraux », a commenté pour l’AFP Sébastien Dupray, directeur « Risques, eaux, mer » du Cerema, rappelant qu’en 50 ans « on a perdu environ 30 km2, soit 4 200 terrains de foot ».

« Il n’y a pas de solution nationale qu’on pourra plaquer partout sur le territoire parce que les côtes de Camargue sont basses et sableuses, tandis que les côtes normandes sont hautes avec des falaises en craie », a-t-il spécifié, soulignant aussi que « le tout digue n’est pas la réponse ».

(Avec AFP)

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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