Faut-il bannir les jets privés du ciel français ?         

Par Gaëlle Coudert , le 24 juillet 2023 — Transition Écologique - 3 minutes de lecture
Jets Prives sur l'Aeroport Nice Cote d'Azur.

Jets privés sur l’Aeroport Nice Cote d’Azur, Credit : SYSPEO/SIPA

Ils polluent plus que de raison mais attirent toujours autant certains « ultra-riches », qui préfèrent le confort d’un jet privé à la relative sobriété d’un autre moyen de transport. Faut-il les interdire ou simplement réglementer leur usage ? Bienvenue à bord du débat !

« J’adore voler ! ». Il y a quelques mois, à Cannes, les propos d’Harrison Ford, propriétaire de plusieurs avions, dont un jet privé, ont fait jazzer. D’autant que quelques instants avant de partager sa passion pour les aéronefs, l’acteur américain appelait les gouvernements à agir face à l’urgence climatique. « Si on ne se bouge pas le c** maintenant, on va perdre cette planète ! », a-t-il scandé. Footballeurs, politiques, acteurs, chefs d’entreprise… Harrison n’est pas le seul à se déplacer en jet. Certains de ces voyages sont dénoncés sur les réseaux sociaux via des comptes tels que L’avion de Bernard, en référence à celui de LVMH, groupe dirigé par Bernard Arnault. Le célèbre jet a été revendu fin 2022 face à ce suivi des allées et venues aériennes de Bernard et de ses collaborateurs.

Attention au décollage… du bilan carbone !

Les créateurs de L’avion de Bernard, qui suivent aussi d’autres jets, espèrent ainsi sensibiliser à l’utilisation excessive de ce moyen de transport « ultra polluant » par une partie des « ultra-riches ». Ils ont été inspirés notamment par le compte Twitter ElonJet répertoriant les déplacements en jet d’Elon Musk, qui lui aussi a un bilan carbone personnel explosif. En effet, selon une étude de Transport & Environment publiée en mai 2021, un trajet en jet privé est 5 à 14 fois plus polluant qu’un même trajet en avion de ligne, et 50 fois plus polluant qu’un déplacement en train. De quoi faire réfléchir avant de se précipiter vers la piste de décollage… ou pas ! Ainsi, dans un rapport publié en mars 2023, Greenpeace dénonce notamment l’augmentation du nombre de vols en jet privé, une augmentation de 64 % entre 2021 et 2022. 

Taxer pour limiter ?

On y apprend aussi que les émissions de CO2 dus à ce mode de transport ont plus que doublé entre 2021 et 2022 et que la France est le pays de l’Union Européenne comptant le plus de vols en jets privés en 2022 ! Face à ces constats, l’ONG demande l’interdiction pure et simple de ces aéronefs privés. Une volonté partagée par le parti Europe Écologie Les Verts (EELV) qui a récemment présenté une proposition de loi visant à interdire leur utilisation. La proposition n’a malheureusement pas été retenue par les députés lors de son examen à l’assemblée le 6 avril 2023.

À cette occasion, le ministre des Transports, Clément Beaune, a toutefois indiqué qu’une révision à la hausse de l’écocontribution de l’aviation privée serait étudiée dans le cadre de la loi de finances pour 2024. La disparition des jets dans le ciel français n’est donc pas à l’ordre du jour. Mais dans le même temps, à quelques pas de là, l’aéroport d’Amsterdam annonçait l’interdiction des jets privés et des vols de nuit sur ses pistes à compter de 2025/2026. Cette initiative deviendra-t-elle l’exemple à suivre et à essaimer ?

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Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

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