Gwen de l’équipe GreenGo : notre mission c’est de « créer un tourisme durable »
Lancée en 2021, GreenGo propose une sélection de petites « pépites », des logements durables dissimulés aux quatre coins de l’Hexagone. La mission derrière tout ça : favoriser des séjours qui font du bien aux voyageurs et à l’économie locale, sans faire de mal à la planète. Gwen Leenders, Brand Manager de l’entreprise, nous en dit plus sur cette alternative française et écoresponsable à Booking et Airbnb.
Comment est né le projet GreenGo ?
À l’initiative de GreenGo, il y a quatre cofondateurs qui ont autour de la trentaine et qui, par leurs différentes expériences professionnelles et personnelles, ont pris conscience des enjeux du développement durable et ont voulu avoir de l’impact. Ils se sont intéressés à différents domaines, différentes industries et sont tombés sur celle du tourisme qui représente 11 % des émissions mondiales de CO2. C’est de là qu’est né GreenGo. Dans l’impact mondial du tourisme, il y a à la fois le transport qui représente à peu près trois quarts de l’impact, et l’hébergement qui représente aussi une bonne part. GreenGo est une société à mission et donc sa mission, c’est de créer un tourisme durable. On a choisi de commencer par l’hébergement, parce qu’il y avait une vraie demande de la part des hébergeurs et des voyageurs : des voyageurs de trouver des alternatives pour voyager de manière plus durable, et des hébergeurs d’avoir un modèle plus équitable. Donc l’hébergement a été la première brique de cette mission et de plus en plus, on s’intéresse à des missions qui concernent plutôt le transport. On a par exemple développé notre comparateur de transport qui permet de calculer pour six moyens de transport : l’impact, le prix et le CO2 d’un point A à un point B. Et ça, c’est les premiers pas vers l’intégration du transport dans GreenGo qui, pour le moment, est une alternative française et écoresponsable à Booking et Airbnb.
Lorsque l’on parle de l’impact du tourisme sur l’environnement, les modes de transport (notamment de l’avion) sont souvent pointés du doigt, quels sont les principaux problèmes avec les hébergements touristiques traditionnels ?
Il y a plusieurs problèmes et ils ne sont pas seulement liés au CO2. Pour vous donner un ordre d’idée, aujourd’hui, une nuit moyenne en France, ça représente sept kilos de CO2. Après, il y a d’autres soucis liés à l’hébergement. On a notamment tendance à créer des nouveaux hébergements touristiques plutôt que de se concentrer sur ceux qui existent déjà. La construction de n’importe quel logement, qu’il soit touristique ou non, émet beaucoup de CO2. Il y a donc tout un enjeu de promouvoir ce qui existe déjà plutôt que d’en construire des nouveaux. C’est par exemple le projet de Résilience montagne. En montagne, c’est un vrai problème parce que les logements sont occupés seulement quelques semaines dans l’année. Du coup, il y a aussi le fait de mieux répartir le flux touristique tout au long de l’année, de promouvoir les régions hors saison et d’éviter, au contraire, le surtourisme dans certaines régions. Je pense notamment aux Calanques ou à Étretat. La nature commence à payer le prix du surtourisme ! C’est comme ça que maintenant, il y a même des campagnes de démarketing pour ces endroits-là ou des quotas qui sont mis en place pour éviter ces conséquences.
Qu’est-ce qu’un logement écoresponsable selon vous ?
Il y a plusieurs choses, mais déjà, ça commence par ses caractéristiques : s’il a une bonne isolation, quel chauffage il utilise, si c’est du chauffage bas carbone ou non. Ensuite, il y a cette idée de sobriété, de ne pas forcément proposer des logements pour 25 alors qu’on est que deux. Il y a aussi tout ce qui est comportement sur place. On a beaucoup d’hébergeurs qui font table d’hôte ou qui proposent des petits-déjeuners. Ça, c’est également une part importante de l’impact des hébergements dans celui du tourisme. Ensuite, c’est toute la démarche qu’il y a autour et les services proposés aux voyageurs. Il y a beaucoup d’hébergeurs qui ajoutent sur leurs annonces « Comment aller au logement en transport en commun ? » par exemple, qui recommandent des producteurs locaux, des activités sur place qui ne sont pas trop polluantes, qui mettent à disposition des vélos…
En voyage, l’aventure peut naître dès le trajet (voilier, vélo, marche…), peut-elle aussi se poursuivre jusque dans l’hébergement ?
Oui, totalement. On part aussi du principe que le trajet fait partie de l’aventure. C’est pour ça qu’on encourage justement les transports bas carbone. Ensuite, en termes de logement, on a beaucoup d’hébergements insolites sur notre site. Par exemple, une nuit en bulle, une nuit dans une cabane qui semble tout droit sortie d’un conte de fées… C’est sûr que c’est très dépaysant et que c’est vraiment une aventure en soi. Moi, par exemple, j’ai dormi dans une bulle en Alsace ou dans une tente type lodge près de la région parisienne. Et c’était vraiment de superbes aventures !
Auriez-vous un exemple d’un logement parmi les plus insolites que vous proposez ?
Justement, j’ai pensé aux cabanes Belki. En fait, ce sont des cabanes qui sont super belles, tout en bois, il y a la neige, il y a les étoiles… Elles étaient implantées sur une ancienne station de ski, Superaxel, qui a été désaffectée. Du coup, elles sont à 1 200 mètres d’altitude sur une station qui, aujourd’hui, n’existe plus. Proche de là, il y a juste l’ancienne maison qui gérait la station. Je trouve ça dingue l’histoire de ces cabanes, parce que ça paraît un petit peu exceptionnel d’être dans une ancienne station de ski qui n’existe plus et où les logements ont été préservés.
La recherche d’un hébergement sur GreenGo est-elle un moyen de découvrir des régions auxquelles on ne pense pas en premier lieu ?
Oui, tout à fait. Déjà, on a beaucoup de clients qui recherchent d’abord l’expérience GreenGo avant de rechercher un hébergement dans un département ou une région en particulier. Ça permet de découvrir des régions ou des départements que l’on ne connaissait pas. On y va plus pour le logement que pour la destination en elle-même. Ensuite, par nos réseaux sociaux, on a également tendance à promouvoir des régions qui ne sont pas forcément connues. On met en avant des trésors de la semaine, des petites pépites un peu cachées dans différentes régions. On essaie vraiment de promouvoir ce qu’on n’a pas l’habitude de voir. La mer en hors saison, c’est quand même hyper appréciable et la montagne en été, ça permet de faire des randonnées assez chouettes ! Il faut arrêter, je pense, d’associer toujours la mer à l’été et la montagne à l’hiver.
Si vous deviez nous conseiller un endroit, magique mais oublié, où passer un prochain séjour ?
Quand on dit magique, moi, je pense tout de suite à un hébergement en Corrèze. C’est la Ferme des histoires mélangées. Justement, c’est une cabane que l’on dirait tout ressorti d’un conte de fées. En plus, la Corrèze, c’est la région d’origine de Guillaume, qui est le cofondateur de GreenGo (qui est très chauvin de sa région on va dire 😂). Il nous parle souvent, par exemple, de la cueillette aux cèpes. C’est incroyable d’y aller, de partir à la chasse aux champignons et de dormir dans ce logement insolite qui donne envie de rêver. Du coup, la Corrèze !
Pensez-vous qu’un jour, un voyage de noces dans une cabane en Aveyron sera plus désirable qu’un voyage de noces dans un hôtel en Patagonie ?
Justement, je vais reparler de Guillaume qui a fait son voyage de noces en Patagonie. Il a aussi fait une semaine en France. C’est de là d’où vient sa prise de conscience personnelle. Il s’est dit qu’il était en train de découvrir la Patagonie alors qu’il ne connaissait même pas la région qui était juste à côté de chez lui. Il ne faut pas oublier quand même qu’on est la première destination touristique au monde et que la notion « d’ailleurs » est propre à chacun en fonction de là où l’on habite. C’est le rêve de tellement de monde de passer leur nuit de noces en France. Pourquoi pas nous ? On a un pays qui est magnifique, avec une diversité de paysages assez merveilleuse. Je pense totalement qu’une cabane en Aveyron peut être plus désirable qu’un hôtel en Patagonie, mais que pour cela, il est nécessaire de changer les imaginaires. Aujourd’hui, on a l’impression qu’on peut seulement être dépaysé en partant à l’autre bout du monde et il y a vraiment un travail à faire là-dessus. Montrer que c’est autant désirable de partir à côté de chez nous et qu’on a franchement de la chance de vivre en France !
Votre modèle économique est-il aussi un moyen de vous engager, en tant qu’entreprise ? Pouvez-nous expliquer en quoi il est différent, plus juste ?
Nous, on se rémunère à la commission, comme d’ailleurs les autres plateformes type Booking et Airbnb, mais on prend une commission plus faible. On prend 12 % prélevés uniquement sur les hébergeurs et pas sur le voyageur. Les autres plateformes sont plutôt à 19-20 % au total entre hébergeurs et voyageurs. De notre côté, c’était important de proposer une commission équitable pour les hébergeurs et à un juste prix pour les voyageurs. On pense que le tourisme durable passera seulement par l’accessibilité. On ne pense pas que ça doit être réservé qu’à une élite avec des prix très chers. Ensuite, dans le modèle économique, il y a une grande place qui est donnée à l’humain. Par exemple, on a un service client qui est basé chez nous et qui, surtout, est accessible. On trouve les numéros directement sur le site et, du côté des hébergeurs, c’est quelque chose qui est très demandé et qui est différent des plateformes traditionnelles sur lesquelles ils n’ont jamais quelqu’un au bout du fil. Enfin, sur les annonces, il y a une description de l’hébergeur faite pour le mettre en avant. Nous, on pense que le voyage, c’est vraiment une rencontre avec la personne qui nous héberge. C’est dans ce sens-là aussi qu’on s’engage dans notre modèle.
Êtes-vous optimiste pour la suite ?
Je pense que oui. La question est compliquée, mais je pense qu’on ne fournirait pas autant d’efforts si on pensait que c’était foutu. On est aujourd’hui 20 à travailler pour GreenGo et chacun y met beaucoup du sien. Tous les employés sont motivés par l’impact. On avait envie aussi de faire quelque chose pour l’environnement, pour le monde, pour la société. Alors bien sûr, à notre échelle, c’est compliqué. Mais je pense que oui, il y a encore de l’espoir. Et qu’il faut être optimiste en tout cas, pour la suite, même si ce n’est pas toujours évident !
À lire aussi :
👉 Sailcoop : des traversées à la voile qui mettent le cap vers l’émerveillement
👉 Rendez-vous en terroir inconnu avec Loïc, cofondateur de l’agence En Immersion
👉 Yoann, fondateur de Solikend propose un « nouveau moyen de soutenir des associations, tout en se faisant plaisir »