Haute-Marne : des milliers d’arbres vont être abattus pour des raisons de « sécurité routière »

Par Charlotte Combret , le 14 février 2024 - 3 minutes de lecture
Route départementale française bordée de platanes

Route départementale française bordée de platanes. Crédit : Jean-Marc Barrère / Hans Lucas / AFP

Le Conseil départemental de Haute-Marne a annoncé un projet d’abattage « massif » d’arbres en bord de route pour des raisons de « sécurité routière ». Des associations de défense de l’environnement et des automobilistes dénoncent. 

Les arbres sont dans le viseur de la Haute-Marne. Le président LR du Conseil départemental, Nicolas Lacroix, a indiqué que 4 000 d’entre eux seraient examinés en vue d’un éventuel abattage. La décision serait prise « arbre par arbre » a-t-il ajouté, précisant que seuls les arbres malades ou dangereux seraient abattus. La principale raison invoquée par le département ? La protection des automobilistes. « À certains endroits, vous n’avez pas la largeur d’un rétroviseur entre la chaussée et l’arbre » a-t-il assuré mardi 13 février à l’AFP. En outre, certains arbres ont tellement grandi qu’ils entraînent également de lourdes déformations à la chaussée, indique-t-il. 

Dans un communiqué publié jeudi 8 février, le conseil départemental rappelle que 10% des personnes tuées lors d’un accident routier occupaient un véhicule ayant heurté un arbre, en s’appuyant sur les bilans de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière. « S’il faut couper massivement des arbres pour garantir la sécurité de nos habitants et des usagers de la route, nous n’hésiterons pas », indique le communiqué du Département, évoquant des plantations de haies en compensation. En outre, « avec le réchauffement climatique, les arbres sont de plus en plus malades, nos équipes les taillent, ça prend du temps et ce n’est pas toujours efficace », a ajouté M. Lacroix.

Une nouvelle « aberration »

Le président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Champagnes Ardennes, Étienne Clément, a déploré l’abattage d’arbres « matures, qui sont les plus intéressants pour la biodiversité, puisqu’ils accueillent des oiseaux et des chauves-souris ». L’organisation a appelé à la création d’un « inventaire » pour évaluer l’impact environnemental de chaque arbre. 

Même constat pour l’association 40 millions d’automobilistes pour qui « c’est une aberration ». Les arbres permettent de faire ralentir les automobilistes en réduisant leur champ visuel, et offrent une protection contre l’éblouissement, souligne Pierre Chasseray, délégué général de cette association. « La solution pour plus qu’il n’y ait de mort, c’est de mettre des dispositifs de retenue », ces glissières longeant les routes, a-t-il estimé. Interrogée par « Reporterre », Chantal Fauché, présidente de l’Association pour la protection des arbres en bord des routes (Asppar), rappelle qu’un accident est multifactoriel. « Avant que la voiture ne le touche, il y a souvent autre chose : de l’alcoolémie, un défaut de frein, de l’endormissement… ». En effet, d’après le ministère de l’Intérieur, « la vitesse excessive ou inadaptée et l’alcool » restent les deux premiers facteurs comportementaux d’accident. 

(Avec AFP)

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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