Le « Pass rail » est-il définitivement enterré ?

Par Charlotte Combret , le 14 mars 2024 - 4 minutes de lecture
Un TER en gare de Toulon

Un TER en gare de Toulon. Crédit : SOPA Images / SIPA

Mesure phare du gouvernement annoncée en septembre dernier, la mise en place du « Pass rail » qui devait proposer un accès universel et illimité au train dès l’été 2024, ne sera finalement plus qu’une « expérimentation » pour « les jeunes » de moins de 27 ans et seulement « sur la période estivale ». Un rétropédalage qui exaspère les défenseurs du climat, à l’heure où les mobilités douces, bien moins émettrices de gaz à effet de serre, peinent à être promues.   

Quand finalement, ça déraille. « Ce que j’imagine proposer pourrait être une expérimentation d’un Pass rail ciblé sur les jeunes et sur la période estivale sur les réseaux TER et Intercités » annonce le mercredi 6 mars devant les sénateurs, le nouveau ministre délégué aux Transports Patrice Vergriete. « Il s’agirait en quelque sorte d’une tarification sociale pour les jeunes, pour leur permettre de découvrir l’ensemble des régions de notre beau pays », poursuit-il. Les ambitions du dispositif sont ainsi largement revues à la baisse, par rapport à celles portées il y a quelques mois par son prédécesseur, Clément Beaune, à la demande d’Emmanuel Macron.

Accords et désaccords avec les régions

« J’ai demandé au ministre des Transports de lancer avec toutes les régions qui sont prêtes à le faire le même dispositif. Toutes les régions qui sont prêtes à le faire avec l’État, banco » avait assuré le chef de l’État lors d’une interview menée par le youtubeur Hugo Décrypte le 4 mars 2023. Alors en place, Clément Beaune s’était engagé dans la foulée sur le développement d’un pass « ouvert à tous », permettant de « voyager de manière illimitée » partout en France sur les TER et les Intercités pour la somme de 49 euros par mois. Alors pourquoi un tel changement de cap ?

La principale raison serait d’ordre budgétaire. Contrairement aux Intercités, ce sont les régions qui financent principalement le réseau TER et elles n’ont pas manqué d’exprimer quelques réticences. « Il faut cesser d’avoir de bonnes idées avec l’argent des autres » a asséné le sénateur centriste Franck Dhersin à Patrice Vergriete, en pointant du doigt l’addition salée qu’une telle mesure aurait adressé aux régions. 

Quand il avait présenté le dispositif, Clément Beaune avait affirmé que l’État les soutiendrait financièrement. Mais maintenant que le gouvernement a lancé un plan d’austérité visant à réaliser une économie de dix milliards d’euros en 2024, cet engagement pourrait de nouveau passer à la trappe. S’il a déjà un pied dans la tombe, sans l’accord des régions, le « Pass rail » pourrait être définitivement enterré.

« Nous, on veut le ticket climat ! »

Pour l’eurodéputée écologiste Karima Delli, c’est déjà chose faite. Cette « tarification sociale » les jeunes et uniquement l’été n’a plus rien à voir avec le « ticket climat » préalablement défendu, partage-t-elle sur X. De son côté, le député François Ruffin rappelle qu’en juin 2022, Emmanuel Macron avait supprimé « le Pass Jeune TER à 29€ pendant l’été ». « Réinviter un truc qu’ils ont supprimé il y a deux ans, et le faire payer 20€ plus cher : le Macronisme », dénonce-t-il. 

D’après l’Ademe, par personne et par kilomètre, le train pollue huit fois moins que la voiture et quatorze fois moins que l’avion. Si la France possède le deuxième plus grand réseau ferré d’Europe, avec 29 000 kilomètres de voies, elle a toujours un train de retard en ce qui concerne ses investissements dans le ferroviaire, par rapport à ses voisins européens. Le pays investit environ deux fois moins qu’en Italie et trois fois moins qu’en Allemagne. Outre-Rhin, le « pass rail » à 49 euros par mois permet à tous les citoyens d’utiliser les trains régionaux et les réseaux urbains (métros, bus, tramways) pour voyager de façon illimitée dans le pays. Ce n’est plus à l’ordre du jour en France.

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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