Les promesses du Gouvernement entendues en 2023 qu’on attend toujours

Par Anaïs Hollard , le 24 décembre 2023 - 6 minutes de lecture
Emmanuel Macron

© Sebastien Salom-Gomis

Paroles et paroles et paroles et paroles et paroles et encore des paroles, que tu sèmes au vent. Cette année encore, notre Dalida (inter)nationale aurait pu fredonner ces quelques mots à l’oreille des membres du Gouvernement français. Si 2023 a apporté son lot d’avancées (pour certaines, timides) en matière de climat et d’environnement, les derniers mois ont aussi vu éclore leur lot de promesses vite oubliées. On vous en livre quelques-unes, dans l’espoir de les voir germer tôt ou tard. 

La fermeture des centrales à charbon

Lors de son entrée à la tête du Gouvernement en 2017, Emmanuel Macron nous avait promis une bataille d’envergure pour « Make Our Planet Great Again », avec – entre autres – une promesse forte : sortir définitivement du charbon. Un premier quinquennat en demi-teinte plus tard, force est de constater que les dernières centrales à charbon du pays tournent toujours. Face à la crise énergétique qui a secoué l’Hexagone lors de l’hiver 2022-2023, la promesse retardée demeurait intacte, et on nous assurait alors une fermeture définitive des deux dernières centrales de Cordemais (Loire-Atlantique) et Saint-Avold (Moselle) pour l’année 2024. Pourtant, le 25 septembre dernier, sur le plateau de TF1, le couperet est tombé et Emmanuel Macron a annoncé la décision de l’exécutif de retarder encore davantage la sortie définitive de cette énergie fossile, qui émet près de deux fois plus de CO2 qu’une centrale au gaz et 180 fois plus qu’un réacteur nucléaire ! Il faudra donc attendre (au moins) jusqu’à 2027 pour signer l’arrêt de ces derniers vestiges d’un passé énergétique pour le moins climaticide.

L’accélération de la rénovation énergétique des logements

Début 2023, le Gouvernement a mis le paquet du côté de MaPrimeRenov’, cette aide à la rénovation énergétique censée inciter les Français à entreprendre des travaux. Pour cette année, l’objectif affiché était donc de favoriser les rénovations les plus performantes, mais aussi d’accentuer le soutien aux ménages modestes. Seulement voilà, en novembre dernier, le ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, annonçait une annulation de pas moins de 300 millions d’euros de crédits non consommés au titre de cette aide publique pour 2023, sur un budget total de 2,4 milliards. En cause ? L’obligation pour les consommateurs de passer par un artisan qualifié, dépositaire du label RGE. Un couac toutefois dans la stratégie, puisque les artisans RGE font défaut. De très nombreuses TPE du bâtiment pointent notamment la lourdeur administrative du dispositif. Résultat, la promesse de 700 000 logements rénovés par an fait encore un flop en 2023. Actuellement, les logements classés A ou B ne représenteraient que 5 % du parc immobilier total.

La voiture électrique à 100 € par mois

Celle-ci, c’est un peu notre chouchoute. Mesure phare d’Emmanuel Macron lors de sa campagne, ce dispositif de « leasing social » promettait à bon nombre de Français de rouler au volant d’une voiture électrique, toute belle, toute neuve, le tout pour la modique somme de 100 € par mois. Si le sujet a été remis sur le tapis à plusieurs reprises au cours de l’année 2023, force est de constater que ces mystérieux véhicules ne sillonnent toujours pas les routes de l’Hexagone. Pourtant, à l’occasion de la journée de la filière automobile qui s’est tenue le 24 octobre dernier, notre ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait tenu à annoncer en grandes pompes l’ouverture des pré-réservations de ces voitures électriques d’ici le mois de novembre 2023, via une plateforme de réservation dédiée, pour une première salve de livraisons dès le début de l’année 2024. Sans compter la réévaluation tarifaire. Exit les 100 € initialement annoncés, il faudra désormais miser sur 150 € par mois, avec le coût de l’assurance.
« Nous mettrons en place à partir de 2024 un leasing à 100 euros pour les ménages les plus modestes, sans apport initial, réservé aux véhicules qui ont la plus faible empreinte carbone. Les pré-réservations seront ouvertes dès novembre. »

Alors nous, chez Deklic, on a peut-être pas trouvé l’adresse du site web, mais en attendant, on va plutôt faire de l’autostop 😉.

Un salaire conditionné au respect de l’environnement pour les dirigeants

« La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas » avait annoncé Emmanuel Macron le 16 avril 2022, à Marseille, précisant les ambitions de son prochain quinquennat, et notamment faire de la France « une grande nation écologique ». Dans ce but, une proposition pour le moins alléchante a germé, avant de se faire plus discrète début 2023 et enfin, disparaître complètement des radars au cours de l’année : conditionner le salaire des dirigeants au respect de l’environnement. Dans les faits, l’idée avait de quoi séduire puisqu’il se serait agi d’intégrer une composante environnementale et climatique à la part variable des salaires, normalement essentiellement conditionnée aux performances. Si le « verdissement » de la rémunération des dirigeants se pratique déjà dans certaines grosses entreprises du CAC40, du côté du Gouvernement, pas l’ombre d’une mesure n’a été annoncée en ce sens en 2023.

La fin des chaudières au gaz

Du côté du sort des chaudières au gaz, c’est la valse hésitation. Dans le cadre d’une concertation avec les acteurs du bâtiment (secteur responsable de 18 % des émissions de CO2 en France et dont une moitié viendrait du chauffage au gaz) sur la décarbonation du secteur en juin dernier, une interdiction avait pourtant été largement évoquée. À la veille de présenter sa planification écologique en septembre dernier, le Président a toutefois annoncé une marche arrière et levé toute ambiguïté autour de l’interdiction éventuelle de ces appareils, qui émettraient pourtant 35 % de plus de gaz à effet de serre qu’un chauffage électrique Joule et 4,5 fois plus qu’une pompe à chaleur1. S’il ne s’agissait pas là d’une promesse à proprement parler, l’interdiction de ces dispositifs entrait toutefois dans le cadre de la poursuite des objectifs de baisse des émissions de GES, essentiels pour l’avenir du climat !

1Source : Carbone4 – Les chaudières gaz sont-elles compatibles avec la lutte contre le changement climatique ?

Un bilan mitigé, donc, du côté des promesses du Gouvernement en 2023, avec tout de même quelques bonnes nouvelles, comme la hausse du nombre d’installations d’énergies renouvelables. On espère toutefois une année 2024 plus rayonnante ☀️.

À lire aussi :

⭐ Budget 2024 : les amendements plus ou moins écologiques retenus par le gouvernement
Loi de finances 2024 : le gouvernement renonce à surtaxer les raffineries suite au chantage de TotalEnergies
Le gouvernement renonce à la consigne généralisée pour les bouteilles en plastique

Soyez dans le vent 🍃 :

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Deklic en cliquant ici

Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

Voir les publications de l'auteur