Les pompes à chaleur sont-elles inefficaces par grand froid ?

Par La rédaction de Deklic , le 30 octobre 2023 — Transition Écologique - 5 minutes de lecture
Paysage enneigé en Norvège, Crédit ROBERTO MOIOLA / ROBERT HARDING RF / ROBERTHARDING VIA AFP

Paysage enneigé en Norvège, Crédit ROBERTO MOIOLA / ROBERT HARDING RF / ROBERTHARDING VIA AFP

Découvrez comment les pompes à chaleur font des merveilles même par grand froid. Des experts révèlent la vérité sur leur efficacité, les économies d’énergie qu’elles permettent ainsi que leur adoption en Norvège et ailleurs en Europe.

En installant une pompe à chaleur dans sa maison sur les hauteurs d’Oslo, Øyvind Solstad a fait d’une pierre trois coups, ménageant à la fois sa conscience écologique, son confort et son portefeuille. « Au cours de mes recherches sur le sujet, j’ai lu qu’une pompe à chaleur pouvait produire une quantité de chaleur équivalant à trois à quatre fois la quantité d’électricité injectée », explique le quinquagénaire, conseiller en communication dans une compagnie ferroviaire. « Rien que ça, ça a allumé une ampoule dans mon cerveau. Je me suis dit que ça devait être une solution futée », raconte-t-il. Des centaines de milliers de Norvégiens, y compris le prince héritier Haakon, ont eu cette illumination. 

Avec la Finlande et la Suède, la Norvège est parmi les pays les mieux équipés en pompes à chaleur, élevée au même rang de solution au changement climatique que les voitures électriques par l’Agence internationale de l’énergie, puisque le chauffage génère aujourd’hui quelque 4 milliards de 
tonnes de CO2, de l’ordre de 8 % des émissions mondiales. 

Que des nations nordiques aux hivers très rigoureux soient aux avant-postes démystifie l’idée reçue selon laquelle cette technologie ne fonctionnerait pas par grand froid. Une idée qui a nourri les résistances sur le continent.

Les mythes erronés sur les pompes à chaleur démystifiés

« Il existe de nombreux mythes erronés concernant les pompes à chaleur : certains pays producteurs de pétrole et de gaz tels que la Russie, certaines personnes, certains secteurs et certaines entreprises ne veulent pas de cette transition », décrypte la chercheuse Caroline Haglund Stignor des instituts de recherche suédois RISE. « Oui, les pompes à chaleur fonctionnent dans les climats froids. Oui, elles fonctionnent dans des bâtiments anciens », résume-t-elle.

L’évolution de la technologie des pompes à chaleur

Absents sur les modèles rudimentaires de première génération, systèmes de dégivrage et compresseurs à vitesse variable permettent aujourd’hui à ces appareils –qui prélèvent des calories à l’extérieur pour les réinjecter à l’intérieur– d’être efficaces dans un large éventail de températures.

Même si leur efficacité décline quand il fait froid, l’équation reste positive, affirment les experts.
« C’est une technologie mûre qui fonctionne et réchauffe des millions de foyers chaque hiver, mais qui est en perpétuel développement pour être encore meilleure », souligne Caroline Haglund Stignor.

Selon une étude du groupe indépendant Regulatory Assistance Project (RAP), des pompes à chaleur aérothermiques (utilisant la chaleur contenue dans l’air spécialement adaptées aux climats froids) peuvent être jusqu’à deux fois plus efficaces qu’un chauffage électrique avec des températures extérieures de -30°C.

Les défis et les subventions en Europe

En France, les détracteurs de la pompe à chaleur affirment que celle-ci engendre une surconsommation électrique et n’est pas adaptée aux logements « passoires thermiques ». Sans compter le coût d’installation. L’attachement aux chaudières à fioul ou à gaz est tenace. En France, l’interdiction des chaudières à gaz a finalement été repoussée.

En Allemagne, les partenaires de la coalition se sont déchirés cette année sur le calendrier d’interdiction du chauffage fossile : ce sera finalement 2045. Mais l’État subventionne les pompes à chaleur, qui n’équipaient en 2022 que 3 % des foyers, et les installations commencent enfin à décoller. 

Contrairement à nombre de pays européens, la Norvège est quasi dépourvue de chauffage urbain et a banni les chaudières au fioul dès janvier 2020. Pour passer ses hivers au chaud, elle se repose essentiellement sur son électricité, abondante et propre car presque intégralement d’origine 
hydraulique. 

En produisant environ 3 à 5 kWh d’énergie thermique pour chaque kWh d’électricité consommé, les pompes à chaleur y sont un vecteur d’efficacité énergétique, axe majeur de la lutte contre le changement climatique, mais aussi une source d’économies.  

Après avoir troqué son radiateur électrique pour sa pompe à chaleur air-air il y a deux ans, Øyvind Solstad a vu ses factures électriques diminuer. « Les quatre premiers mois, notre consommation a baissé de 20 % par rapport à l’année d’avant, alors qu’on a aussi acheté une voiture électrique entre temps », témoigne-t-il. Même si l’investissement de départ est conséquent (environ 2500 euros avec l’installation), il pense pouvoir l’amortir « en quelques années seulement ». Bonus : l’été, sa pompe à chaleur lui sert aussi de climatiseur.

Quand les prix de l’électricité ont crevé le plafond l’an dernier en pleine crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, les ventes de pompes à chaleur ont atteint des niveaux record en Norvège avec un bond de 25%. 

Elles ont continué sur leur lancée au premier semestre cette année. « Les Norvégiens ont intériorisé le fait qu’il fallait s’attendre ces prochaines années à des prix de l’électricité plus élevés que par le passé », relève Rolf Iver Mytting Hagemoen, président de l’Association norvégienne pour 
les pompes à chaleur (NOVAP).  « Et l’efficacité énergétique est une question qui est toujours plus d’actualité. »

En France, dans le cadre de la planification écologique, le Chef de l’Etat entend tripler le nombre de pompes à chaleur.

(Avec AFP)

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