Planification écologique : Emmanuel Macron annonce la sortie du charbon pour 2027 (après avoir déjà promis d’en sortir en 2022 !)

Par Anne-Lise Lecointre-Baladi , le 25 septembre 2023 — Transition Écologique - 5 minutes de lecture

Que retenir de l’interview télévisée d’Emmanuel Macron dimanche 24 septembre 2023 ? On fait le point !

Alors qu’Emmanuel Macron doit détailler à l’Élysée ce lundi 25 septembre 2023 la tant attendue planification écologique, déjà présentée aux chefs de partis la semaine dernière, les annonces du chef de l’Etat lors d’une interview télévisée sur les chaînes TF1 et France 2 dimanche 24 septembre, suivie par 10,5 millions de téléspectateurs (5,68 millions de téléspectateurs sur TF1 et 4,8 millions sur France 2) laissent à date un arrière-goût de déception.

Vers une sortie du charbon en 2027   

Pour la transition écologique, « la première chose, et c’est le combat qu’on doit mener pour le pays et à l’international, on doit sortir du charbon, c’est une énergie fossile et la plus polluante ».

« D’ici à 2027, que va-t-on faire ? On a encore deux centrales à charbon, Cordemais (ouest) et Saint-Avold (est), on va complètement les convertir à la biomasse », a-t-il dit, à propos de la « première mesure très concrète de dette planification ».

Mais Emmanuel Macron avait déjà promis (et non tenu sa promesse) de fermer toutes les centrales à charbon, combustible extrêmement nocif pour le climat, d’ici la fin de son quinquennat.

Pour Cordemais (Loire-Atlantique), un projet de conversion est déjà acté.

Quant à la centrale de Saint-Avold, qui avait fermé début 2022, elle avait de nouveau été sollicitée l’hiver dernier pour sécuriser l’approvisionnement du pays dans un contexte de tension énergétique.

Et rappelons aussi que même cette année la hausse de production de ces deux centrales polluantes a discrètement été autorisée pour passer les pics de consommation en crainte d’un hiver rude.

A juste titre, Greenpeace a donc déploré un « recul », rappelant que pour son premier quinquennat Emmanuel Macron avait d’abord promis de sortir la France du charbon en 2022.

« La France aurait dû sortir du charbon il y a des années. S’il était véritablement ambitieux et précurseur, Emmanuel Macron aurait également annoncé des dates de sortie du pétrole et du gaz fossile », ajoute l’ONG.

Les chaudières à gaz restent en place

Pour ce qui est des chaudières à gaz, « je me suis beaucoup posé la question, on n’interdira pas », a dit le président, confirmant une annonce du ministre délégué aux Comptes publics aux échos début septembre.

« On n’interdira pas » l’installation de chaudières à gaz neuves, « parce qu’on ne peut pas laisser nos compatriotes, en particulier dans les zones les plus rurales, sans solution », a expliqué Monsieur Macron.

Mais le chef de l’État a aussi plaidé pour « accompagner les ménages pour s’équiper de pompes à chaleur, parce que les pompes à chaleur, c’est intelligent, ça fait des économies d’énergie et ça réduit très fortement les émissions ». Reste à connaître les détails de « l’accompagnement ».

Ainsi, « on va produire en France ces pompes à chaleur, on va tripler la production », a-t-il dit, sans plus de détails. 

Accélération du parc de véhicules électriques

« On réindustrialise par l’écologie », a-t-il encore assuré, citant aussi le cas des véhicules électriques, que la France pourra produire sur son sol (« au moins un million » d’ici la fin du quinquennat, a-t-il assuré).

« Ce qui est très important pour nos Français est qu’on est attaché à la bagnole, on aime la bagnole, et moi je l’adore », a-t-il souligné.

On serait d’ailleurs aussi tenté d’ajouter que notre président aime l’avion, car rappelons que le 14 septembre dernier, loin des logiques de sobriété, le chef de l’Etat s’était offert un aller-retour Paris/Lille pour aller assister au match de rugby France-Uruguay dans son Falcon 7X, faisant fi de son bilan carbone et alors que le TGV met 1 heure 02 pour se rendre dans la capitale des Flandres.

Une indemnité pour faire face à la hausse des prix du carburant pour les travailleurs modestes

Enfin, en attendant, face à la flambée des prix du carburant, il a abandonné la vente à perte de carburant et demandé aux distributeurs de vendre à prix coûtant, et a invité le gouvernement à remettre en place une indemnité pouvant atteindre « 100 euros par voiture et par an », pour les « travailleurs » les plus modestes et qui « ont besoin de rouler ».

En conclusion, l’horizon de la transition énergétique française reste encore obscur, avec des doutes tenaces ; et la route vers un avenir plus vert semble encore parsemée d’embûches. D’autant que Emmanuel Macron n’a pas mentionné d’éventuel débat parlementaire pour inscrire dans la loi les objectifs de la planification écologique.

(Avec AFP)

Anne-Lise Lecointre-Baladi

Rédactrice en chef Deklic

Voir les publications de l'auteur