Quelle est l’empreinte carbone des voyages en avion ?

Par La rédaction de l'empreinte carbone , le 1 septembre 2023 — Transition Écologique - 10 minutes de lecture
Voyage en avion

Crédit Andrew Palmer/Unsplash

🎶 Voyage, voyage… Plus loin que la nuit et le jour 🎶 ! En général, cela implique de prendre l’avion. Or Boeing et autres Airbus consomment énormément de kérosène et tendent à rejeter du CO2. À ce propos, quelle est l’empreinte carbone de l’avion ? Quelles différences y-a-t-il entre les longs courriers, les moyens courriers et les petites distances ? Comment réduire les émissions de CO2 de nos trajets aériens. Attention, décollage ! 🛫

Voyages : distance et empreinte carbone des avions

Selon les chiffres du ministère de la Transition Ecologique, le trafic aérien représente 1,4 % des émissions de gaz à effet de serre de la France. Cela paraît peu en proportion. Toutefois, l’avion reste l’un des transports les plus polluants.

En effet, prendre l’avion implique l’émission de gaz à effet de serre (GES). Ce sont ces GES qui contribuent au réchauffement climatique. Bien entendu, le CO2 émis par un avion dépend de la distance parcourue. Ainsi, d’après l’Ademe, un long courrier émettra plus qu’un vol intérieur. 500 km en avion, l’équivalent d’un Paris-Brest (le trajet pas la pâtisserie 😉), émettent 115 kg de CO2. À titre de comparaison, un aller Paris – New York, rejettera 1.5 tonnes de dioxyde de carbone.

Empreinte carbone des avions : les traînées de condensation

Vous êtes-vous déjà demandé ce que sont ces jolis nuages blancs qui restent dans le ciel dans le sillage d’un avion, que les enfants repèrent au premier coup d’œil même longtemps après leur passage ?

Loin de la poésie évoquée par les publicités d’une célèbre compagnie aérienne sur fond musical de Chemical Brothers, ces traînées blanches sont des traînées de condensation.

Qu’est-ce qu’une traînée de condensation ? 

Elles sont aussi appelées « contrails » (condensation trails en anglais). Ce sont des formations nuageuses linéaires visibles dans le sillage des avions qui se forment en fonction de certaines conditions atmosphériques. Elles sont composées de vapeur d’eau condensée et de cristaux de glace qui se forment autour des particules présentes dans les gaz d’échappement des moteurs d’avion.

Lorsque les moteurs d’un avion brûlent du carburant, ils génèrent des gaz chauds, notamment de la vapeur d’eau. À de hautes altitudes où la température est généralement très basse, la vapeur d’eau émise par les moteurs se refroidit rapidement et se transforme en minuscules gouttelettes d’eau ou en cristaux de glace. Ces infimes particules d’eau ou de glace se condensent autour des noyaux de condensation présents dans les gaz d’échappement, tels que les sulfates ou les particules de suie. Ainsi se forment les traces de condensation que l’on peut observer dans le ciel.

La formation des traînées de condensation dépend de plusieurs facteurs, notamment de l’humidité de l’air, de la température ambiante, de la pression atmosphérique et de la composition des gaz d’échappement de l’avion. Dans des conditions atmosphériques appropriées, les traînées de condensation peuvent persister pendant plusieurs minutes, s’étendant sur de longues distances et se dispersant progressivement à mesure que l’humidité se mélange à l’air environnant.

Sont-elles inoffensives ? 

Les traînées de condensation sont donc des nuages artificiels, principalement composées de vapeur d’eau condensée et de glace, et se forment par des processus physiques normaux associés aux émissions des moteurs d’avion. Comme l’explique Olivier Boucher, Directeur de recherche au laboratoire CNRS de météorologie dynamique, ce phénomène est similaire à l’expiration de l’air chaud et humide des poumons, où une buée se forme.

Attention à ne pas confondre avec les « chemtrails » (chemical trails en anglais), qui est un sujet de fiction très intéressant, mais qui n’est pas reconnu par la communauté scientifique.. Les contrails ne sont donc pas dangereuses pour les êtres humains. 

Participent-elles à l’empreinte carbone des avions ?

Ces traînées de condensation forment des nuages appelés « cirrus ». À haute altitude, ils peuvent exister pendant plusieurs heures et c’est là que ça pose problème. Selon Greenpeace, « les cirrus bloquent une partie du rayonnement qui vient de la Terre, ce qui a pour effet d’augmenter la température terrestre. Cette pollution « hors CO2 » est souvent « oubliée » par les compagnies aériennes dans le calcul de l’empreinte climatique de leurs vols. Elle est pourtant très importante ! Au niveau global, une étude scientifique publiée en 2021 estime que pour obtenir la contribution historique réelle du secteur aérien au réchauffement climatique, il faudrait multiplier par un facteur 3 les seules émissions de CO2 ».

Ces traînées de condensation ne sont donc pas polluantes « en soi », mais contribuent fortement à l’empreinte carbone des avions.

Existe-t-il des solutions ? 

Selon Carbone 4, le cabinet de conseil de référence sur les enjeux énergie et climat, « Des scientifiques de l’Imperial College of London proposent de faire voler les avions à une altitude légèrement différente, à laquelle le taux d’humidité ne serait pas propice à la formation des traînées. Conscients que les routes aériennes sont choisies pour optimiser le temps de vol (donc la consommation de kérosène et le coût du vol) et que les compagnies sont souvent réticentes à modifier le parcours de leurs avions, les scientifiques estiment que moins de 2 % des vols, à l’origine des traînées les plus persistantes, pourraient être déviés de ± 2000 pieds (unité usuelle dans l’aéronautique, correspondant à environ 600 m) pour limiter de près de 60% l’effet des traînées de condensation du secteur. Ces déviations n’entraîneraient selon eux, qu’une surconsommation de 0,014% de carburant et donc un large bénéfice au total. Deux questions persistent néanmoins : est-il possible, avant le décollage, d’identifier les 2% des vols concernés et de déterminer la bonne altitude à laquelle voler ? Les compagnies aériennes et/ou les autorités du contrôle aérien accepteraient-elles de dévier certains des vols uniquement par souci écologique ? Si la réponse à la première question est probablement oui, celle à la seconde est moins claire … »

Empreinte carbone des avions : les manoeuvres au sol

Au sol, l’empreinte carbone des avions ne représente qu’une petite partie de ses émissions de gaz à effet de serre mais il ne faut pas l’oublier. 🤓

La réduction de la pollution des avions au sol implique de prendre des mesures pour réduire les émissions et minimiser l’impact environnemental des opérations aéroportuaires. Voici quelques actions qui peuvent contribuer à cette réduction :

🚙 Utilisation de véhicules électriques : Les aéroports peuvent adopter des véhicules de service électriques ou hybrides pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique.

🏢 Gestion des émissions des infrastructures au sol : Les installations aéroportuaires peuvent mettre en place des normes strictes pour la gestion des émissions provenant des bâtiments, des générateurs de secours, des groupes électrogènes et des installations de chauffage, de ventilation et de climatisation.

🌱 Utilisation de carburants alternatifs : Encourager l’utilisation de carburants d’aviation durables et respectueux de l’environnement, tels que les biocarburants d’aviation, peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique.

🛬 Optimisation des opérations au sol : Les aéroports peuvent mettre en œuvre des stratégies d’optimisation pour réduire le temps de ralenti des avions et minimiser la consommation de carburant pendant les phases d’attente au sol.

🔧 Contrôle des émissions des installations de maintenance et de réparation : Les activités de maintenance et de réparation des avions peuvent être réalisées en utilisant des équipements et des procédures respectueux de l’environnement pour réduire les émissions de produits chimiques et de particules fines.

👩‍✈️ Sensibilisation et incitation : Informer les compagnies aériennes, les équipages et le personnel au sol sur les enjeux environnementaux et promouvoir des pratiques respectueuses de l’environnement peut encourager une réduction de la pollution au sol.

Ces mesures, combinées à d’autres initiatives environnementales, peuvent contribuer à la réduction de la pollution des avions au sol et à la promotion d’une aviation plus durable. 🛬 🌱

La compensation de l’empreinte carbone des avions

Effectivement prendre l’avion, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus écologique. C’est pourquoi, la plupart des compagnies aériennes ont mis en place des programmes de compensation carbone.

Pour rappel, la compensation carbone consiste à annuler les émissions de GES en mettant en place des projets de séquestration de CO2. Cela passe notamment par des programmes de reforestation.

En général, il est possible moyennant un supplément sur le billet d’avion d’acheter un certificat de compensation carbone. Ainsi, on contrebalance les émissions de CO2 liées à son voyage.

Toutefois, la compensation carbone présente deux limites principales :

  • Elle oblige les ménages à dépenser plus pour éviter de polluer alors même que lutter contre le réchauffement climatique se doit d’être accessible à tous et toutes ;
  • Elle n’implique en aucun cas de réduire les émissions de dioxyde de carbone.

Il peut être intéressant d’y faire appel pour un trajet que l’on doit impérativement faire (une obligation familiale, un motif professionnel, etc.). Le mieux reste tout de même de réduire ses émissions de gaz carbonique. Et pour cela, il faut trouver des alternatives aux trajets aériens… 😉

Voyage en avion : quelles alternatives ?

Pour limiter son empreinte carbone liée à l’avion, le plus simple reste de le remplacer par d’autres moyens de transport. Afin d’aller rapidement d’un point A à un point B, pas de secret, c’est bien souvent le train qui apparaît comme la meilleure option.

Et pour la planète aussi ! L’empreinte carbone d’un voyage de 700 km en train est de 1,2 kg de CO2 contre 161 kg en avion. Côté temps, le train n’est pas forcément beaucoup plus long.

En effet, pour effectuer un aller Paris Marseille en train, on mettra environ 3h30 contre 1h15 en avion. 1h15 dans les airs oui ! Cela, en revanche, n’inclut pas les deux heures d’avance à l’aéroport et le temps de rejoindre le centre-ville. Autant dire que le temps gagné par un voyage aérien n’est pas probant…

Il faudra d’ailleurs s’y résoudre. Pour sauver Air France, suite à la crise du Covid-19, le gouvernement interdira les vols internes pouvant être remplacés par des voyages en train de moins de deux heures.

Hormis l’avion, il existe plein de manières de faire baisser son empreinte carbone. Et pour en savoir plus, encore faut-il calculer son bilan carbone. Comment faire nous direz-vous ? En téléchargeant l’application Coach Carbone d’ekWateur. Il s’agit d’un petit outil très pratique qui tient dans la poche. Vous pourrez calculer votre empreinte carbone et trouver des conseils pour la réduire. C’est aussi simple que cela ! 😉

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La rédaction de l'empreinte carbone

Le site https://lempreintecarbone.fr/ a été l'initiateur de https://deklic.eco/, et fut créé dans le but, d'une part d'aider les internautes à évaluer leur empreinte carbone et, d'autre part de les aider à découvrir des stratégies pour la réduire. Il s'est engagé à répondre à des questions telles que quel est l'impact environnemental des entreprises, des produits et des moyens de transport. L’équipe éditoriale a aussi approfondi plus largement le domaine de l'environnement en fournissant des articles expliquant les événements historiques clés et les décisions prises par les États en faveur de la protection de notre planète. Parmi ceux-ci, on peut citer le Défi de Bonn pour la reforestation, le Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) ou encore la conférence des Nations Unies sur l'environnement de Stockholm. Enfin, de nombreux contenus pratiques ont été rédigés pour aider les internautes à réduire leur empreinte carbone, avec des réponses à des questions de tout un chacun comme "10 conseils pour réduire votre consommation électrique", "comment fabriquer sa propre lessive" et "est-il plus écologique de faire la vaisselle à la main ?". 
 Ces articles ont été rédigés par Caroline, Héloïse et Amandine, qui ont apporté leur contribution précieuse à ce projet.    

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