Réchauffement climatique : quelle est la température mortelle pour l’homme ?
Il vous est certainement déjà arrivé de déclarer avec aplomb que vous alliez « mourir de chaud » ou, à l’inverse, « crever de froid », sans y réfléchir franchement. Pourtant, vous êtes-vous déjà dit que ça pouvait bien arriver ? Eh oui, le corps humain, aussi étonnant soit-il (vous saviez qu’on produisait 1,5 litre de salive par jour ?) n’est pas fait pour résister à toutes les conditions climatiques. Alors que les canicules se multiplient du fait du changement climatique, il est plus que jamais temps de répondre à une question fondamentale : à partir de quelle température risque-t-on de passer l’arme à gauche ? On vous dit tout !
Canicule : peut-on mourir de chaud ?
En 2022, l’augmentation mondiale de la température moyenne a atteint pas moins de 1,26 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Ça n’a l’air de rien comme ça, seulement, les années 2015-2022 ont été les huit plus chaudes jamais enregistrées, et ce, malgré l’effet refroidissant d’un épisode La Niña, au cours des trois dernières années1. Une montée en flèche radicale du thermomètre planétaire que l’on peut attribuer à l’inquiétant réchauffement climatique qui sévit. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter !
En effet, selon les scénarios envisagés, la température moyenne annuelle de la surface terrestre devrait augmenter de 1,0 à 4,5 °C, voire de 2,5 à 5,5 °C d’ici à la fin du siècle (2071-2100 par rapport à 1971-2000). Soit une augmentation supérieure à la moyenne mondiale prévue2. De quoi s’interroger sur nos capacités physiques à résister à un tel réchauffement atmosphérique.
Pour tout dire, lorsque la température extérieure devient extrême, le corps humain peut être mis en danger, dans la mesure où il est conçu pour fonctionner à une température interne d’environ 37 °C. La température de la peau, quant à elle, doit rester sous la barre des 35 °C pour évacuer la chaleur métabolique du corps. Si cette régulation thermique échoue, les conséquences peuvent être graves, voire fatales.
Le corps humain – cette belle machine – dispose de mécanismes sophistiqués pour maintenir une température stable, à commencer par la transpiration. Eh oui, cessons un peu de nous battre avec cette prouesse biologique et redorons son image de marque : transpirer, c’est génial ! En évaporant la sueur, le corps dissipe l’excès de chaleur. Vient ensuite la vasodilatation. En bref, les vaisseaux sanguins se dilatent pour favoriser la perte de chaleur via la peau.
Cependant, aussi efficaces soient-ils, ces mécanismes ont leurs limites, surtout dans des environnements chauds et humides où la transpiration s’évapore difficilement.
Un « coup de chaleur », ou hyperthermie, survient lorsque la température de la peau dépasse les 37 ou 38 °C, tandis que celle du corps va au-delà de 40 °C. Un phénomène qui peut se produire dans le cas :
- D’une exposition prolongée à des températures élevées.
- D’un effort physique intense dans un environnement chaud.
Bon, loin de nous l’idée d’être catastrophistes, seulement, on peut difficilement soulever la question des températures, sans pointer le réchauffement climatique et l’avenir de notre planète. Et à en croire l’OMS… Rien de bon ne se profile. D’après l’agence onusienne basée à Genève, le nombre de victimes de la chaleur devrait « monter en flèche » dans les prochaines années, du fait de ce fameux changement climatique, responsable de l’augmentation des vagues de chaleur en Europe ces dernières décennies. Et avec cette hausse constante, vient également un phénomène tout aussi inquiétant (et mortel) : le thermomètre mouillé.
On fait une pause ? Si tu es arrivé·e jusqu’ici, c’est sans doute que le sort de la planète t’intéresse. Seulement, on sait aussi que parfois, c’est un petit peu compliqué de digérer autant d’infos. Alors si tu dois faire une pause dans ta lecture, rien de plus normal. En attendant, tu peux aussi découvrir quelques astuces pour garder le moral 🤗 : 👉 Qu’est-ce que la solastalgie ? Comment lutter contre l’éco-anxiété ? |
Le « thermomètre mouillé » : késaco ?
Le thermomètre mouillé ou, dans la langue de Shakespeare, wet bulb, est un outil essentiel pour évaluer le stress thermique, en particulier dans des conditions de chaleur extrême. Ce concept combine deux variables essentielles : la température et l’humidité.
Il s’agit d’un indicateur météorologique qui reflète la capacité de l’air à absorber l’humidité, une donnée fondamentale pour comprendre les limites de tolérance du corps humain face à des conditions climatiques difficiles.
Comment ça marche exactement ? Le thermomètre mouillé mesure la température atteinte lorsqu’un objet est refroidi par évaporation. L’appareil consiste en un thermomètre classique recouvert d’une mèche humide. Lorsqu’il est exposé à l’air, l’eau contenue dans la mèche s’évapore, ce qui fait baisser la température indiquée. Plus l’air est sec, plus l’évaporation est rapide, et donc, plus la température indiquée par le thermomètre mouillé est basse. À l’inverse, lorsque l’humidité de l’air est élevée, l’évaporation ralentit, et la température mesurée par le thermomètre mouillé se rapproche de la température réelle.
Le wet bulb est donc souvent utilisé pour évaluer les risques liés aux vagues de chaleur. Lorsque la température du thermomètre mouillé dépasse 35 °C, les mécanismes naturels de refroidissement du corps humain, comme la fameuse transpiration, deviennent complètement inefficaces. Face à de telles conditions, la chaleur ne peut plus être dissipée, ce qui peut entraîner des coups de chaleur potentiellement mortels en quelques heures, même pour des personnes en bonne santé.
Si, en théorie, ces conditions extrêmes sont relativement rares, avec le changement climatique, elles apparaissent comme une menace croissante. Certaines régions du monde, comme le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et certaines parties des États-Unis, enregistrent déjà des valeurs de wet bulb dangereuses. La Nasa a d’ailleurs infographié ces épisodes3. En orange foncé, les zones qui ont connu un indice wet bulb élevé et dangereux entre 1979 et 2017 :
S’il apparaît souvent que la valeur létale d’un thermomètre mouillé est de 35 °C, certaines études tendent à démontrer que celle-ci se situerait plutôt autour de 31 °C.
Au-delà de son intérêt scientifique, le thermomètre mouillé est un outil essentiel pour sensibiliser les populations et orienter les politiques publiques. Il permet de mettre en place des systèmes d’alerte, notamment pour protéger les personnes vulnérables, comme les travailleurs en extérieur, les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques.
Comment éviter de « mourir de chaud » ?
On ne vous étonnera pas en vous disant que le réchauffement climatique est l’un des plus grands défis du XXIᵉ siècle. Il résulte principalement des émissions de gaz à effet de serre (GES) dues aux activités humaines. Pour éviter de se confronter à des températures extrêmes et inadaptées au corps humain, il est donc indispensable de lutter contre ce phénomène. Un combat qui repose sur des actions globales et individuelles qui visent à réduire ces émissions et à limiter l’augmentation des températures. Pour ça, de nombreux leviers existent :
- Passer aux énergies renouvelables : développer l’énergie solaire, éolienne, hydraulique et géothermique pour remplacer les combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz).
- Améliorer l’efficacité énergétique : réduire la consommation d’énergie dans les bâtiments, l’industrie et les transports grâce à des technologies plus performantes.
- Adopter des modes de transport propres : privilégier le vélo, la marche, les transports en commun, et les véhicules électriques.
- Encourager le covoiturage : réduire le nombre de voitures individuelles en circulation.
- Réduire les déchets : favoriser le recyclage, le compostage, et limiter les emballages plastiques.
- Adopter une alimentation durable : diminuer la consommation de viande, notamment la viande rouge, dont la production génère beaucoup de GES. Favoriser les aliments locaux et de saison pour réduire l’empreinte carbone liée au transport.
- Consommer moins, consommer mieux : Acheter des produits durables, limiter les achats inutiles, et réparer plutôt que remplacer, etc.
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1https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-du-climat-2023/2-observations-du-changement-climatique
2https://climat.be/changements-climatiques/changements-observes/rechauffement-planetaire
3https://science.nasa.gov/earth/climate-change/too-hot-to-handle-how-climate-change-may-make-some-places-too-hot-to-live/