Trashboard produit les premiers skateboards en carton recyclé
La startup basée à Bayonne va produire, d’ici fin 2023, les premiers skateboards fabriqués à partir de carton recyclé.
« On a commencé la prod’ hier », se réjouit François Jaubert, en cette semaine de rentrée, début septembre 2023. Il est le fondateur de Trashboard, une start-up qui crée des skateboards à partir de carton recyclé.
Les sept premières planches de Trashboard ont ainsi été préparées la veille et reposent sur un établi. Tout autour, dans l’atelier de 140 m2, des tas de carton attendent d’être recyclés à leur tour. « Cet après-midi on va faire une séance de découpage », ajoute François. L’objectif est de produire d’ici la fin de l’année entre 200 et 300 skateboards, pour une première commercialisation aux alentours de Noël. « Tout est vraiment manuel », explique le fondateur, qui est assisté au quotidien de Louis, ingénieur alternant et de Solène, une autre alternante qui travaille sur le design des produits.
Concevoir du solide
Pour produire une planche solide, Trashboard utilise du carton (à 78 %), de la résine biosourcée et de la fibre recyclée, soit de la fibre de lin, soit de la fibre de carbone. En effet, depuis peu, l’entreprise a conclu un partenariat avec Airbus, qui dispose de locaux aux alentours, pour récupérer à prix très faible leurs chutes de carbone.
Le carton provient principalement des voisins, les autres entreprises de la Technocité de Bayonne, pépinière gérée par la Communauté d’Agglomération Pays basque spécialisée dans les domaines et services de l’aérospatial et des matériaux avancés. Le carton, la résine et la fibre recyclée passent ensuite dans une presse mise au point en interne par l’équipe de Trashboard. « On fabrique un panneau isotrope qui porte en flexion et en compression », résume François, qui rappelle qu’un skateboard est soumis à de nombreuses contraintes physiques : poids du skateur ou de la skateuse, « tricks », chocs avec les rampes, humidité… Les produits fabriqués sont aussi recyclables. « On pourra rebroyer les planches détériorées pour en refabriquer, ajoute François. On a aussi pour projet de faire des roulettes avec des planches cassées et des chutes. »
L’ancien ingénieur naval a eu l’idée lors du confinement en voyant les poubelles déborder de carton à la suite des nombreuses commandes à distance effectuées pendant cette période. « J’étais chez moi et je m’ennuyais, donc j’ai bricolé une première planche pour passer le temps. » François avait aussi en tête de trouver « un matériau avec une empreinte carbone la plus faible possible et économiquement viable », ce qui ne lui a pas paru être « l’ambition principale » des secteurs du bâtiment ou du secteur naval dans lesquels il avait travaillé jusque-là en tant que salarié. « Le carton, c’est génial parce que c’est un matériau qui se recycle à l’infini. » Après cette première expérience concluante, François a décidé de passer à une action à plus grande échelle en créant sa société en 2022.
Rêver grand
Après le lancement de ce premier produit fabriqué à partir de carton recyclé, la startup compte se lancer sur d’autres marchés. « On s’est rendu compte avec le skate que les panneaux sont super solides et on va essayer de l’appliquer à d’autres utilisations ». Trashboard vise notamment le domaine du bâtiment ou du ferroviaire. La fabrication de meubles, chaises, éléments en contreplaqué pourraient être les prochaines étapes. « On travaille sur une lampe en ce moment », partage François. Pour ces nouvelles applications, il faudra dans certains cas obtenir des certifications mais aussi fabriquer une plus grande presse. Des projets que le chef d’entreprise a en tête et qui pourront voir le jour si Trashboard obtient de nouvelles subventions.
Et le créateur d’entreprise, passionné de skate, de surf et de bateaux, ne compte pas se mettre de barrières. « Mon objectif ultime, c’est de traverser l’Atlantique sur un bateau en carton-carbone. » Une ambition qui pourrait aboutir dans un avenir plus lointain ? « Moi je marche comme ça, sourit Francois. D’abord je rêve, puis le rêve devient réalité. »
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