Vélo, boulot, dodo : la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) aide les entreprises à passer le cap vélo

Par Gaëlle Coudert , le 5 mars 2024 — Transition Écologique - 8 minutes de lecture
Vélo

Crédit photo : Lexi Anderson/Unsplash

Certaines entreprises, comme Ekwateur, mettent en place des actions « pro vélo » pour inciter leurs employés à préférer le deux-roues à d’autres modes de transport plus polluants. La FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) a mis en place le programme « Objectif employeur pro vélo » à destination des entreprises. Jean-Baptiste Gernet, responsable du programme « Objectif employeur pro vélo » à la FUB a répondu à nos questions.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la FUB et son action ?

La FUB est la Fédération des Usagers de la Bicyclette. C’est une fédération qui existe depuis 1980 et qui regroupe un peu plus de 500 membres, des associations locales dans tous les territoires français. Ces associations militent pour le vélo au quotidien, c’est-à-dire non pas le vélo à usage sportif, mais le « vélo utilitaire », pour les déplacements du quotidien. Ce sont des militants qui s’engagent dans leur territoire pour que le vélo ait plus de place : pour plus d’aménagements cyclables, mais aussi pour développer tout un écosystème et une culture vélo.

Je pense par exemple au cours de vélo-école. Y compris chez les adultes, on a parfois un manque d’assurance pour prendre le vélo et se déplacer dans un environnement avec d’autres types de mobilités comme les voitures. Donc il y a aussi cette activité d’apprentissage ou de réapprentissage du vélo dans un environnement urbain. Au niveau local comme au niveau national, la FUB défend cet usage du vélo au quotidien. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur le programme « Objectif employeur pro vélo » ?

La FUB porte plusieurs programmes dont le programme « Objectif employeur pro vélo ». Il y a par exemple « Génération vélo » pour apprendre le vélo au niveau de l’école primaire, un programme qui s’appelle « Alvéole Plus » qui finance des projets de stationnement sécurisés pour le vélo et le programme « Objectif employeur pro vélo » dont le but est d’accompagner les employeurs dans des actions pro vélo pour leurs salariés avec comme objectif final celui d’obtenir le label « employeur pro vélo ». Ce label a été élaboré par la FUB avec l’ADEME, et est attribué à des employeurs qui ont effectué un certain nombre d’actions pro vélo pour leurs salariés. Aujourd’hui, beaucoup de salariés vont au travail en voiture, et beaucoup aspireraient à se déplacer différemment. Notre but, c’est d’inciter et accompagner les employeurs dans le déploiement d’actions pro vélo au bénéfice de leurs salariés, là où il y a un potentiel important de report modal.

Quelles sont ces actions pro vélo que vous aidez les employeurs à mettre en place ?

Les employeurs sont conscients que le déplacement de leurs salariés est un des leviers pour limiter leur impact environnemental. Mais même quand ils en ont conscience, ils n’ont pas forcément toutes les clés en main pour agir. Ce programme propose un parcours d’accompagnement. L’objectif est d’avoir un parcours « clé en mains » pour progresser dans une démarche pro vélo jusqu’à l’obtention du label. On offre à travers ce programme un autodiagnostic réalisé en ligne, on finance aussi une réunion de cadrage avec un professionnel de la mobilité, pour établir un diagnostic du site employeur et lui indiquer quelles sont ses marges de progrès, et on propose aussi des co-financements. Une fois que l’employeur a sa feuille de route, on a par exemple des co-financements pour des stations vélo, un des critères obligatoires de notre label, ou pour des sessions de remise en selle pour les salariés, afin de se sentir à l’aise pour se déplacer à vélo sur un trajet quotidien. Une fois que les employeurs ont réalisé un certain nombre d’actions et qu’ils remplissent les critères du label, ils peuvent passer un audit de labellisation pour être labellisés or, argent ou bronze.  

Quels sont les critères qui permettent d’obtenir la labellisation ?

Il y a 40 critères dont 8 critères obligatoires. Parmi les 8 critères obligatoires, il y a par exemple le fait de nommer un référent vélo sur le site en question, pour qu’il y ait une personne qui porte la démarche – on essaye de faire en sorte que la culture pro vélo infuse dans l’entreprise. Il y a aussi des éléments de stratégie vélo : c’est obligatoire d’avoir fait un diagnostic et d’avoir un plan d’action sur le vélo. Il faut communiquer aussi sur le vélo auprès du personnel de manière régulière ou encore avoir des interventions pour l’entretien et la réparation des vélos du personnel – ça fait partie des éléments qu’on co-finance à 60 %. Un des critères est aussi d’organiser des actions de formation à la pratique du vélo de manière régulière. Il est également nécessaire d’avoir un espace de stationnement. Le cahier des charges est aussi un accompagnement en tant que tel pour l’employeur qui a la volonté de décrocher le label pour voir reconnaitre les efforts engagés. On sait que c’est aussi une motivation pour attirer de nouveaux salariés ou retenir des salariés.

Avez-vous des retours chiffrés sur les impacts d’une démarche pro vélo auprès des salariés ?

Aujourd’hui, 1600 sites employeurs sont inscrits au programme et 130 sites sont labellisés (Ekwateur est labellisée or depuis décembre 2023 – voir la liste des employeurs labellisés ici – ndlr). Les autres sont en cours de parcours. Comme on est au début du parcours (le programme « Objectif employeur pro vélo » a été lancé fin 2021 – ndlr), on n’a pas d’analyses quantitatives, on les aura plutôt dans quelques mois. En revanche on a des retours d’expérience qualitatifs de nombreux employeurs. On en fait des fiches que l’on partage avec des employeurs pro vélo. Tous les employeurs qui sont inscrits au programme ont accès à une communauté d’employeurs pro vélo où ils ont accès à des ressources et à des exemples qui leur ressemblent. On organise aussi des visites de sites labellisés et des rencontres sur le terrain entre employeurs pour qu’ils puissent échanger. On l’a fait à Lyon, à Paris, on le fait à Toulouse prochainement. 

Les premiers labellisés l’ont été en 2023 et on a franchi le cap des 100 labellisés fin 2023. On est dans une période de croissance assez forte. Au niveau européen, il y a des labels du même type. Le label le plus établi est le label allemand, qui existe depuis une dizaine d’années et regroupe 300 employeurs labellisés. 

S’adresser aux entreprises, est-ce un gros levier de changement ?

Complétement. Sur le trajet domicile-travail, la voiture est prédominante. Même sur des trajets de courte distance de 1 à 5 km, la voiture est majoritaire, malheureusement. Donc on sait que c’est un levier de report modal important. Par ailleurs les trajets domicile-travail conditionnent aussi le reste des déplacements. Ce sont des trajets quotidiens en tout cas du lundi au vendredi, donc la manière dont on se déplace pour aller au travail conditionne forcément la manière dont on se déplace pour aller faire ses courses ou accompagner des enfants à l’école par exemple. Donc si on donne les moyens aux salariés d’essayer le vélo, sur leurs trajets domicile-travail, ça va avoir un impact sur les autres déplacements. C’est par ailleurs une aspiration des salariés de se déplacer à vélo et que l’employeur offre les bons services pour ça. Et côté employeur, la sensibilité se développe avec les enjeux RSE, les attentes des salariés et les préoccupations sur la santé et le bien-être des salariés, car on sait de plus en plus que le fait de se déplacer à vélo et d’avoir une activité physique à un moment de la journée a aussi un impact sur le bien-être des salariés au quotidien. 

130 sites sont aujourd’hui labellisés. Parmi les labellisés or, on trouve notamment BL Evolution à Paris, la Direction départementale des territoires de la Haute Savoie, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, Alstom Transport (site de Villeurbanne), ou encore Ekwateur.

Chez Ekwateur, de nombreuses mesures ont été mises en place pour encourager l’utilisation du vélo, notamment l’installation de casiers et de douches au sein des locaux et la distribution à chaque salarié d’un forfait mobilité durable de 500 euros pour investir dans un vélo ou du matériel pour le vélo. Plus d’informations par ici.

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Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

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