62,3°C ressentis à Rio de Janeiro, le Brésil étouffe

Par Charlotte Combret , le 20 mars 2024 - 4 minutes de lecture
Des habitants de la favela Rocinha de Rio de Janeiro, au Brésil

Des habitants de la favela Rocinha de Rio de Janeiro, au Brésil. Crédit : Silvia Izquierdo / AP / SIPA

Depuis le début de l’année, une vague de chaleur déferle sur l’Amérique latine. Dimanche 17 mars, un nouveau record de chaleur a été enregistré à Rio au Brésil, avec une température ressentie de près de 62,3 °C. L’air est humide, les favelas suffoquent.

Rio a chaud, encore. « Évitez toute exposition prolongée au soleil. Hydratez-vous ! », a averti sur X (ex-Twitter) le système d’alerte municipal de Rio, en annonçant une température ressentie de 62,3 °C à 9h55, heure locale à Guaratiba, un quartier de l’ouest de la ville. Le mercure lui, affichait les 42°C. La veille, le record avait déjà été battu avec près de 60,1 °C ressentis, du jamais vu depuis que ce type de mesure a commencé en 2014. Un contexte étouffant aggravé par le changement climatique et boosté par le phénomène El Niño qui touche le cône sud de l’Amérique latine.

À l’ouest de Rio se concentrent les zones pauvres, excentrées et mal desservies, où vit plus de 40 % de la population de cette ville de plus de six millions d’habitants. Souvent surpeuplés, dépourvus d’espaces verts et de systèmes de ventilation, les plus exposés aux canicules qui frappent le pays, ce sont bien eux : les quartiers défavorisés.

Pourquoi une telle chaleur ressentie ? 

Si la température ressentie dépasse de près de 20 degrés la température réelle, c’est qu’un paramètre déterminant entre en jeu : le taux d’humidité dans l’air. Plus l’air est humide, plus la sensation de chaleur va être importante. « Si l’humidité dans l’atmosphère est très élevée, la sueur sur la peau va avoir plus de difficultés à s’évaporer. Et le corps ne pourra pas se rafraîchir nous laissant une perception de la chaleur plus élevée » explique la climatologue Françoise Vimeux dans un entretien accordé à 20 minutes. Il est ainsi « toujours plus facile de supporter une température élevée dans des conditions sèches que dans des conditions humides ».

Une fournaise qui pourrait également asphyxier l’Europe dans les prochaines décennies. « Si les températures très fortes arrivent dans des contextes où on a de l’apport d’humidité dans l’air qui vient de l’océan Atlantique ou la Méditerranée, sans un poil de vent, on va se retrouver dans la même situation qu’au Brésil » prévient la scientifique. « C’est un vrai enjeu de santé car le couple ‘température élevée et humidité élevée’ crée des conditions potentiellement mortelles. On sait que, par exemple, dans un climat où on aurait en moyenne globale un réchauffement de +4 °C, 50 à 75 % de la population mondiale serait exposée presque tous les jours de l’année à ce genre de conditions », explique-t-elle encore.

La chaleur tue

Alors que l’été s’achève au Brésil, les plages emblématiques d’Ipanema et Copacabana sont noires de monde, mais la réalité est encore plus sombre. Quelques mois plus tôt, en novembre 2023, une étudiante de 23 ans est décédée des suites d’un « épuisement thermique dû à une exposition diffuse à la chaleur », lors du concert de la chanteuse Taylor Swift à Rio. Ce soir-là, la température ressentie avoisinait les 60 degrés. Et les organisateurs avaient interdit les bouteilles d’eau. Un drame qui semble avoir mené à une prise de conscience, souligne le journal Le Monde

Depuis, la ville a notamment déployé le programme « Cada favela, uma floresta » (« pour chaque favela, une forêt ») dans le but de planter des arbres dans les quartiers périphériques et installé « cent points d’hydratation gratuits dans la ville », souligne Taina de Paula, secrétaire chargée de l’environnement pour la mairie de Rio de Janeiro, toujours dans les colonnes du Monde. L’indice « Taylor Swift » a également été créé par la mairie. Il évalue le seuil de température au-delà duquel il est risqué de pratiquer une activité en extérieur. 

Alors que 48 000 personnes sont mortes de maladies provoquées par la chaleur entre 2000 et 2018 dans les quatorze plus grandes villes du Brésil – d’après une étude publiée en janvier – ces mesures seront-elles suffisantes ? 

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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