Billets d’avion : le ministre des Transports réclame un prix minimum en Europe
Dans un entretien accordé à L’Obs le mercredi 30 août, le ministre des Transports Clément Beaune s’est positionné en faveur de « l’instauration d’un tarif minimum du billet d’avion » au niveau européen.
« Lutter contre le dumping social et environnemental »
« Des billets d’avion à dix euros, à l’heure de la transition écologique, ce n’est plus possible ! Cela ne reflète pas le prix pour la planète » revendique Clément Beaune. Dans son viseur, les compagnies low-cost aux politiques tarifaires incompatibles avec les enjeux actuels. Rappelons que l’avion fait partie des modes de transport les plus polluants. Pour un trajet Paris-Rome par exemple, chaque passager émet l’équivalent de 198 kg de CO2, contre 3,4 kg en train, d’après le simulateur développé par l’ADEME.
Pour contrer les prix d’appels dérisoires qui ne reflètent pas le coût individuel réel d’un voyage aérien, le ministre français propose une solution : instaurer un tarif minimum sur chaque billet à l’échelle européenne. Celle-ci sera soumise à ses collègues du vieux continent « dans les jours à venir ». « J’assume totalement la taxation des activités polluantes pour investir dans cette transition écologique » assure-t-il. Cette proposition fait suite à la volonté du gouvernement d’augmenter la taxe « de solidarité » qui, appliquée à tous les vols au départ de la France, n’est autre qu’un outil de financement des investissements publics dans le ferroviaire.
Une taxe supplémentaire sur les billets d’avion
Cette solution viendrait s’ajouter à de nouvelles mesures fiscales prévues dans le budget 2024 qui devrait être présenté à la fin du mois de septembre. L’idée est la même : prendre aux industries de transports les plus polluantes pour donner à celles des mobilités durables. Parmi elles, un possible « renforcement » de la taxe sur les billets d’avion. C’est ce qu’avait avancé Clément Beaune au micro de RMC en début de mois. « L’idée c’est évidemment que ces taxations soient différenciées en fonction du pouvoir d’achat des passagers et en fonction de la distance et donc de l’impact écologique » avait-il expliqué. Concernant le kérosène en revanche, qui n’est toujours pas taxé actuellement, les négociations européennes avanceraient, selon lui, mais feraient l’objet de désaccords entre les États membres.
Une taxe supplémentaire sur les autoroutes
Toujours dans le cadre du projet de loi finances à venir, une taxe supplémentaire pour les sociétés autoroutières serait aussi en cours de réflexion. « Il y a une discussion, ce n’est pas un scoop, sur la taxation des sociétés d’autoroute » a confirmé Clément Beaune, le matin du 21 août sur le plateau de France info. Cette annonce n’est manifestement pas au goût de tout le monde. Si le ministre délégué chargé des Transports assure qu’il n’y aura « aucun impact sur les péages », pour les concessionnaires d’autoroutes, c’est une autre histoire. « Nous attaquerons. Nous ferons tout pour faire respecter le droit et nos contrats » prévient Philippe Nourry, président d’Eiffage, dans une interview accordée au Figaro. « Nous sommes prêts à aller au contentieux » assène de son côté Pierre Copey, président de Vinci Autoroutes dans les Echos. Affaire à suivre !