Canicule en Grèce : entre fermeture des monuments et incendies massifs

Par Anaïs Hollard , le 19 août 2024 — pollution, réchauffement climatique - 7 minutes de lecture

Face au réchauffement climatique, depuis plusieurs années, on assiste (non sans désespoir) à une multiplication des vagues de chaleur un peu partout en Europe. En la matière, la Grèce ne fait pas exception et cette année encore, les touristes venus massivement en terre des dieux n’ont pas pu échapper à cette montée en flèche du baromètre. Entre incendies ravageurs et fermeture partielle de l’Acropole, les températures caniculaires n’ont rien épargné sur leur passage. 

Canicule en Grèce : des températures plus enregistrées depuis 1960

Depuis le mois de juin dernier, la République hellénique n’échappe pas aux conséquences du réchauffement climatique, et enregistre des records de températures pour le moins spectaculaires. En effet, le mois de juin 2024 a été le plus chaud enregistré en Grèce depuis 1960, et la température moyenne « de 1960 à 2024 montre une augmentation de 2,5°C ». Une saison caractérisée par de longues périodes de températures élevées pendant de nombreux jours, « dépassant de loin les températures saisonnières normales dans l’ensemble du pays », affirmait il y a quelques semaines Kostas Lagouvardos, directeur de recherche à l’Observatoire national d’Athènes. 

Un constat qui n’est, depuis, pas allé en s’arrangeant. En témoignent les plus de 40 °C enregistrés ce mercredi 14 août à Athènes. De quoi pousser les autorités à fermer le site emblématique de l’Acropole entre midi et 17 heures, soit durant les heures les plus chaudes de la journée. Il s’agissait par ailleurs de la deuxième fois en un peu plus d’un mois. Dès le mois de juin, plusieurs sites archéologiques athéniens – dont l’Acropole d’Athènes ou le Parthénon – avaient été contraints de fermer leurs portes au public face à une première vague de chaleur caniculaire, avec des températures ayant déjà atteint plus de 43 °C. S’il était prévu que les températures descendent, le ministère de la Crise climatique et de la Protection civile s’était pourtant inquiété d’un risque d’incendie « très élevé » dans huit régions du Pays. Une crainte en forme de prophétie, puisque ce lundi 12 juin, des incendies massifs continuaient de se propager dans les banlieues nord-est d’Athènes malgré le déploiement de centaines de pompiers, forçant des milliers d’habitants à fuir leurs logements et contraignant la Grèce à appeler l’UE à l’aide.

Incendies en Grèce : « la situation est dramatique »

Depuis plusieurs jours, les faubourgs athéniens voient se dérouler des scènes inédites : des habitants portant des masques pour se protéger des fumées suffocantes aspergent leurs habitations d’eau, dans l’espoir de les rendre moins vulnérables aux flammes qui ont gagné les banlieues boisées de Nea Penteli et Vrilissia. Dans ces deux communes, des images à la télévision ont montré les flammes ravager des voitures et les toits de bâtiments, survolés par des hélicoptères larguant de l’eau pour tenter de contrer l’incendie, précise l’AFP. « C’est la première fois que le feu arrive jusqu’ici », déclare Melina Kritseli, 40 ans, fonctionnaire vivant dans une maison blanche de deux étages à Patima Halandriou, une autre banlieue d’Athènes qui a été évacuée. « J’ai emmené mes enfants chez un ami pour être en sécurité », a-t-elle précisé à l’organisme de presse, alors que son mari arrosait le sol et la pelouse autour de leur maison. « La situation est dramatique », a annoncé la maire de Penteli, Natassa Kosmopoulou, au site d’information newsit.gr. « Une école et des habitations

sont en flammes et je vois le feu s’approcher de la mairie ». L’incendie, dont les fumées recouvrent une partie de la capitale, s’est déclenché dimanche après-midi à Varnavas, à 35 km au nord-est d’Athènes, et sa propagation rapide a contraint le pays à lancer un appel à l’aide. « Le mécanisme de la protection civile de l’UE a été activé sur demande des

autorités grecques », a déclaré lundi un porte-parole de l’Union européenne, Balazs Ujvari, dans un communiqué, en précisant que l’Italie, la France, la République tchèque et la Roumanie envoyaient des renforts. « Nous sommes aux côtés de la Grèce qui lutte contre des incendies dévastateurs », a écrit sur X la Commissaire européenne Ursula von der Leyen. Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué que la

France envoyait 180 pompiers, 55 camions et un hélicoptère. L’aide de l’Espagne et de la Turquie est également en cours de « finalisation », a déclaré le ministère grec de la Protection civile. Le feu a déjà contraint les autorités à ordonner lundi l’évacuation de nouvelles localités de la banlieue nord-est d’Athènes, après celle de la ville de Marathon la veille qui compte plus de 7 000 habitants. Dans la matinée, cinq communes ont été évacuées, de même que deux hôpitaux, l’un pédiatrique et l’autre militaire. Simos Roussos, le maire de Chalandri, une des plus grandes banlieues d’Athènes avec plus de 70.000 habitants, a aussi demandé aux habitants des quartiers proches de l’incendie de quitter leur logement. « En raison de la direction du vent, nous avons décidé une évacuation

préventive (…) Le feu est très proche », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision ERT. « Les forces de la protection civile ont livré bataille toute la nuit et malgré des efforts surhumains, l’incendie continue de se propager très vite et se dirige vers Penteli », a expliqué Vassilis Vathrakogiannis, porte-parole des pompiers.

Les autorités grecques ont ouvert le stade olympique OAKA, dans le nord d’Athènes, pour accueillir les milliers de déplacés. Un pompier a été grièvement blessé et un autre hospitalisé pour des problèmes respiratoires, selon le porte-parole des pompiers. Ce feu ravive les souvenirs de la catastrophe de l’incendie de Mati, la zone côtière proche de Marathon où 104 personnes sont mortes en juillet 2018 dans une tragédie imputée aux retards et aux erreurs d’évacuation. « Nous faisons face à une catastrophe biblique. Toute notre municipalité est en proie aux flammes », a déclaré à la chaîne de télévision Skai le maire de Marathon, Stergios Tsirkas.

D’après ERT, le front de l’incendie s’étend désormais sur plus de trente kilomètres. Un total de 670 pompiers et 183 véhicules ont été déployés, et 32 avions survolent la zone, a précisé le ministre de la Protection civile Vassilis Kikilias. « Nous travaillons tous 24 heures sur 24″, a déclaré à l’AFP Marinos Peristeropoulos, un pompier déployé à Grammatiko, l’un des fonts de l’incendie les plus difficiles. « Le feu s’est propagé très rapidement à cause du vent

fort ». Dans la capitale grecque, l’Union des pneumologues a averti qu’il fallait éviter de faire de l’exercice en extérieur, et que les femmes enceintes et les personnes fragiles devaient limiter leurs déplacements en extérieur. Les incendies ont conduit le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis à interrompre ses vacances.

Un hiver très sec et des températures étouffantes

Les conditions météorologiques extrêmes s’annoncent difficiles pour toute la semaine. La Grèce est particulièrement vulnérable aux incendies de forêt après un hiver très sec. Comme précisé, les mois de juin et de juillet ont été les plus chauds depuis le début de la collecte des statistiques en 1960. Les scientifiques avertissent que les émissions de combustibles fossiles aggravent la durée, la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur dans le monde entier. D’autres régions d’Europe sont également aux prises avec des températures élevées : certaines régions françaises ont dépassé les 40 °C dimanche. À Rome, les températures devraient atteindre 38 °C lundi et rester autour de 36 °C cette semaine.

Avec AFP

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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