Qu’est-ce que les limites planétaires ?
Jour du dépassement, points de bascule du climat, limites planétaires… bien que ces trois concepts soient différents, ils ont tous un but commun : alerter sur les conséquences néfastes de l’activité humaine débridée. Dans cet article, nous allons nous intéresser tout particulièrement au troisième point : les limites planétaires. Quelles sont-elles ? Les a-t-on déjà dépassées ? Tout sur le sujet avec Deklic !
Définition des limites planétaires
Le concept de limite planétaire a été inventé en 2009 par le chercheur suédois Johan Rockström, du Stockholm Resilience Centre (SRC), aux côtés d’une vingtaine de scientifiques internationaux. Il a ensuite été repris par l’Organisation des Nations unies, l’Agence européenne de l’environnement et la Commission européenne.
Son but : rendre compte de l’impact de l’intensification des activités humaines sur des phénomènes planétaires complexes et interconnectés.
Ces phénomènes, au nombre de 9, sont ensuite convertis en limites à ne pas franchir en vue de préserver l’équilibre terrestre. Il s’agit :
- du changement climatique ;
- de l’érosion de la biodiversité ;
- de la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore ;
- du changement d’usage des sols ;
- de l’acidification des océans ;
- de l’utilisation de l’eau douce ;
- de l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique ;
- de l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère ;
- de l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère.
Malheureusement, la 6e limite planétaire sur 9 a déjà été franchie aujourd’hui !
Quelles sont les limites planétaires déjà dépassées ?
En septembre 2023, la communauté scientifique tire la sonnette d’alarme : six limites planétaires ont été franchies, rendant la vie sur Terre en état de siège et encore moins sûre pour l’ensemble de ses écosystèmes (animaux, végétaux, humains…).
Il s’agit des limites planétaires suivantes :
- le changement climatique ;
- l’érosion de la biodiversité ;
- la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore ;
- le changement d’usage des sols ;
- le cycle de l’eau douce ;
- l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère.
Seules les limites liées à l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère et l’acidification des océans n’ont pas encore été franchies.
Toutefois, le média Bon Pote alerte : “La limite de l’acidification des océans est sur le point d’être rompue, tandis que celle sur la charge d’aérosols est dépassée régionalement. Les niveaux d’ozone stratosphérique se sont légèrement rétablis, tandis que le niveau de transgression a augmenté pour toutes les limites précédemment identifiées comme dépassées.” Pas de quoi se réjouir donc…
Quelle est la méthode retenue pour les limites planétaires ?
Pour représenter les limites planétaires, on utilise le schéma d’une planète. Cette dernière est découpée en 9 parts égales. Chaque part du “gateau” représente une limite planétaire à ne pas dépasser, matérialisée par une jauge de couleur. Lorsque la jauge est verte, la limite est respectée. Il s’agit de la valeur basse ou “frontière planétaire”. Au-delà, la jauge devient rouge et le seuil critique est franchi. Il s’agit de la valeur haute ou “limite planétaire”.
Limites planétaires : même chose que jour du dépassement ?
Le jour du dépassement n’étudie pas les mêmes variables que les limites planétaires. En effet, il permet d’identifier le jour où l’homme a consommé toutes les ressources que peut produire notre planète en une année. Cet indicateur est calculé par l’organisation non gouvernementale Global Footprint Network et rend lui aussi très bien compte de l’urgence climatique. Ainsi, d’après WWF, “actuellement, il nous faut 1,7 Terre pour regénérer ce que l’humanité consomme.”
Quelle différence avec les points de bascule du climat ?
Les points de basculement sont au nombre de 26 : ils correspondent à un changement brutal qui entraîne des conséquences profondes et irréversibles. Par exemple, l’effondrement de la calotte glaciaire, la disparition des récifs coralliens, l’extinction de l’Amazonie.
Les limites planétaires sont en quelque sorte un avertissement, un travail préliminaire afin d’éviter d’atteindre ce point de non retour : le point de basculement.
Le changement climatique : la limite planétaire tristement célèbre
Le changement climatique est l’une des limites planétaires. Elle est mesurée en fonction de la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cette limite a malheureusement été franchie : la teneur en CO2 est en effet de 425 ppm en 2023.
Quelles sont les limites de la biosphère ?
L’une des limites planétaires est l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère. Il s’agit d’étudier la quantité de produits chimiques ou biologiques (plastiques, médicaments, pesticides, nanomatériaux, OGM…) rejetés dans l’environnement et d’en évaluer l’impact sur notre santé.
D’après les chiffres du gouvernement, “aujourd’hui, 350 000 produits chimiques sont mis sur le marché mondial, une production multipliée par 50 depuis 1950. Environ 80 % des produits chimiques actuellement enregistrés dans le cadre du règlement européen sur l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques (REACH) sont utilisés sans avoir encore fait l’objet d’une évaluation de leur innocuité.”
Autrement dit, les sociétés produisent et rejettent tellement d’entités nouvelles qu’elles n’ont pas le temps de toutes les tester ! Résultat : difficile de quantifier, mais les scientifiques estiment que la limite planétaire est largement dépassée.
Sources :