Comment s’explique le bénéfice net de 10 milliards d’euros d’EDF ?

Par Anaïs Hollard , le 16 février 2024 - 4 minutes de lecture
Siège du groupe EDF

© ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

L’énergéticien hexagonal vient de publier le bilan de ses résultats annuels et le moins que l’on puisse dire, c’est que les affaires ont été bonnes. Après avoir fait les frais d’un déficit proche de 18 milliards en 2022, EDF annonce un résultat record de 10 milliards d’euros en 2023. Comment expliquer cette remontée spectaculaire ?

Un regain de production d’énergie

Après une année 2022 « de tous les maux », marquée par une crise énergétique sans précédent, l’année 2023 s’est avérée florissante pour le fournisseur historique d’énergie, EDF. Comme le souligne d’ailleurs son PDG, Luc Rémont, 2023 est sans conteste l’année du « rétablissement opérationnel ». Pour résumer, ce fut un véritable jackpot pour Énergie de France. Avec un chiffre d’affaires de 139,7 milliards d’euros et un résultat net de 10 milliards d’euros, le groupe a considérablement réduit le montant de sa dette. Celle-ci est ainsi passée de 64,5 milliards d’euros, en 2022, à 54,5 milliards, soit 10 milliards d’euros de moins sur un an. Le contraste avec les résultats annuels de 2022 est saisissant. Le groupe avait en effet enregistré une perte record de 17,9 milliards d’euros. Mais alors, comment expliquer cette « remontada » inespérée pour le géant de l’énergie ?

Ces résultats s’expliquent notamment par un redressement de l’ensemble des opérations du groupe : de la production d’électricité, avec une remontée en puissance des centrales nucléaires, à la disponibilité du réseau de distribution malgré les tempêtes. En effet, la production nucléaire a profité d’une hausse de 41,4 TWh, pour un total de à 320,4 TWh. 

Pour rappel, le parc nucléaire d’EDF avait été lourdement touché par des problèmes de corrosion et nombreux étaient les réacteurs mis hors service durant des mois. L’Hexagone avait d’ailleurs dû importer 57 TWh d’électricité : du jamais vu depuis 1992. Or, il semblerait que les opérations de maintenance se soient accélérées au cours de cette année écoulée. Du côté de l’énergie hydraulique, même son de cloche, avec un bilan positif. En effet, malgré les sécheresses, l’énergie verte a gagné pas moins de 6,3 TWh, pour un total de 38,7 TWh. Enfin, grâce aux nouvelles capacités installées, le solaire et l’éolien ont quant à eux augmenté de 14 %, pour atteindre 15,1 GW nets.

Vers un nouvel essor du nucléaire ?

Coup de chance ou changement de cap ? Il semblerait que la politique de Luc Rémont – à la tête du groupe depuis septembre 2022 – consistant à améliorer le « temps métal », c’est-à-dire le temps effectivement passé sur les tâches principales, sur les machines, ait porté ses fruits. De quoi augurer une année 2024 tout aussi optimiste puisque « les estimations de production nucléaire en France sont confirmées dans les fourchettes 315-345 TWh pour 2024, 335-365 TWh pour 2025 et 2026 », mentionne EDF. Une ambition encore loin des objectifs officieux pour 2030, de 400 TWh

Toutefois, l’énergéticien ne s’en cache pas : l’accent est résolument mis sur le nucléaire. Une cinquantaine de milliards d’investissements sont d’ores et déjà mis sur la table pour prolonger la durée vie des centrales au-delà de 40 et 50. 60 milliards d’euros sont également prévus, pour construire au moins six EPR2, malgré les retards sans cesse renouvelés du chantier de Flamanville 3.

Toutefois, les énergies renouvelables ne sont pas exclues des projets d’investissement du groupe. D’après EDF, les « raccordements par Enedis d’installations d’énergie renouvelable progressent d’environ 120 % et ceux des bornes de recharge de véhicules électriques de 80 % ». D’ici à 2040, ce sont près de 96 milliards de dépenses qui devraient être injectées dans le réseau de distribution d’électricité d’Enedis, pour accompagner la transition énergétique. Soit une moyenne de 25 milliards d’euros par an sur les 15 prochaines années. Enfin, le dossier de la gestion des barrages hydrauliques pourrait trouver son épilogue, ce qui permettrait au groupe, en cas d’accord favorable avec Bruxelles, d’engager des investissements dans ces installations afin d’améliorer substantiellement leurs performances.

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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