Comprendre : qu’est-ce que l’anthropocène ?

Par Gaëlle Coudert , le 15 août 2023 — réchauffement climatique - 4 minutes de lecture
Le lac Crawford au Canada pourrait faire avancer les recherches scientifiques sur l'anthropocène.

Le lac Crawford au Canada pourrait faire avancer les recherches scientifiques sur l’anthropocène, Crédit : Cole Burston/The Canadian Press via AP

La découverte du lac Crawford au Canada au mois de juillet 2023 pourrait faire avancer les questions relatives à l’anthropocène : une nouvelle ère géologique qui fait encore débat. L’occasion de faire le point sur le concept.

L’anthropocène est une ère géologique qui correspondrait à l’ère dans laquelle l’influence de l’Homme sur son environnement est particulièrement significative, avec des conséquences sur la géologie et l’écosystème. Pour certains scientifiques, il pourrait s’agir de l’ère géologique dans laquelle on se trouverait aujourd’hui, et qui succèderait à l’holocène. L’holocène a démarré il y a environ 12 000 ans ; il s’agit de la période tempérée qui a suivi la dernière glaciation et dans laquelle l’espèce humaine s’est développée.

L’anthropocène : un sujet qui prête à débat

Le terme d’anthropocène vient du grec ancien « anthropos » et « kainos », soit « être humain » et « nouveau ». Le terme a été popularisé par le Néerlandais Paul Josef Crutzen, prix Nobel de Chimie en 1995 dans un article publié en mai 2000 dans la Global Change Newsletter. Pour lui, l’hypothèse d’une nouvelle ère qu’est l’anthropocène est tirée d’une anomalie dans le cours de l’holocène, dont la stabilité est en train de disparaitre. L’apparition d’une nouvelle ère géologique est toutefois très discutée au sein la communauté scientifique.

Ainsi, l’anthropocène n’a pas été officiellement reconnue par la Commission internationale de stratigraphie et l’Union internationale des sciences géologiques, qui font référence. Il faudrait, pour une partie des scientifiques, un marqueur clair qui se trouverait sur l’ensemble de la planète. Pour les nombreux partisans du concept, il est cependant clair que l’humanité est devenue l’équivalent d’une force géologique qui a des impacts sur les cycles biogéochimiques de la planète : impacts sur l’atmosphère, la biosphère, l’hydrosphère ou encore la lithosphère. Les activités humaines concernées sont notamment l’agriculture intensive, la déforestation, le développement des transports, des industries, de l’énergie, qui sont à l’origine d’une rupture des équilibres naturels de la planète et d’une extinction de masse de la biodiversité. 

Quel est le point de départ de l’anthropocène ?

Autre point sujet à débat : la date de démarrage de l’anthropocène. Pour certains, notamment Paul Crutzen (cité ci-dessus), on peut situer le début de cette ère à la date de brevet de création de la machine à vapeur, c’est-à-dire en 1784. Pour le Groupe de travail sur l’anthropocène (Anthropocene Working Group, en anglais, ou AWG), il faudrait plutôt dater son démarrage aux alentours des années 50, au moment où des composants chimiques et particules de plastique d’origine anthropique ont commencé à apparaitre dans les sédiments.

Le 11 juillet 2023, l’AWG a dévoilé un lieu qui serait particulièrement représentatif du passage à une nouvelle époque : le lac Crawford, près de Toronto au Canada. « Le lac est très profond mais n’est pas très grand. Cela signifie que les eaux ne se mélangent pas jusqu’au fond et donc les sédiments qui s’accumulent ne sont pas perturbés », a expliqué Francine McCarthy, de l’université Brock, à l’AFP. Cela permet ainsi aux scientifiques d’observer les couches de sédiments afin d’étudier l’impact des humains, ont ajouté d’autres membres de l’AWG. Une occasion de faire évoluer le débat ? Affaire à suivre !

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Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

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