Qu’est-ce que le biogaz ?
Énergie solaire, éolienne ou même hydraulique, vous êtes à priori plutôt au fait des énergies renouvelables les plus couramment produites. Il se peut toutefois que vous soyez passé·e à côté de l’une d’entre elles : le biogaz. Ce gaz 2.0 a pourtant un bel avenir devant lui. Alors pour en savoir davantage, suivez le guide !
Comment produit-on du biogaz ?
Pour produire du biogaz, il faut avant tout des déchets. Mais pas n’importe lesquels : des biodéchets uniquement. C’est-à-dire des déchets 100 % d’origine organique. En la matière, les choix sont multiples : restes alimentaires, déchets agricoles et végétaux, etc. En bref, des ressources dont on ne manque pas. Ces déchets sont ensuite fermentés au cœur de milieux pauvres en oxygène (milieux anaérobies). D’ailleurs, si ce processus est reproduit par la main de l’homme (on en parlera un peu plus après), sachez qu’il survient également spontanément dans certains écosystèmes comme les marais, les rizières, les sols ou même… les intestins de certains mammifères ! C’est que l’on appelle la méthanisation.
Pour produire du biogaz en dehors d’un milieu naturel, il convient de faire appel à un méthaniseur. Les matières organiques sont placées dans une cuve désoxygénée à une température de 38 °C puis, sous l’action des bactéries, sont transformées en :
- Digestat : le digestat, un résidu organique dont on peut séparer une phase solide et une phase liquide. Sous forme liquide, il est essentiellement utilisé comme engrais. Sous forme solide, il permet d’enrichir les sol.
- Biogaz : le biogaz (celui qui nous intéresse), une fois épuré, est également appelé biométhane, puis injecté dans le réseau gazier pour satisfaire des usages industriels (chaleur), domestiques (chauffage, eau chaude sanitaire, cuisson). Il peut aussi être utilisé comme carburant (BioGNV).
Les unités de méthanisation doivent donc être fournies en matières organiques. Parmi les déchets utilisés dans la production de biogaz, on compte notamment :
✔️ Les déchets agricoles ou agroalimentaires
✔️ Les résidus de cultures (pommes de terre, oignons, etc.)
✔️ Les déchets de cuisine ;
✔️ Les boues issues de stations d’épuration, etc.
Pourquoi produire du biogaz ? Si le biogaz est produit de façon naturelle, pourquoi est-il essentiel de reproduire ce processus artificiellement ? Tout d’abord, pour contrôler les quantités produites, pardi, mais aussi pour stocker ce gaz. Eh oui, de la même manière que pour le gaz naturel, il est nécessaire de procéder au stockage de cette énergie. Or, il serait impossible de capter, puis d’emprisonner le gaz produit en pleine nature. |
Pourquoi opter pour le biogaz ?
Une énergie renouvelable
Pour commencer, le biogaz appartient à la petite famille des énergies renouvelables. Non seulement, il émet beaucoup moins de gaz à effet de serre (GES) que le gaz naturel, mais en plus de ça, il peut être produit à l’infini (ou presque). Au contraire des énergies fossiles, dont les réserves s’épuisent à mesure que le temps passe, les déchets organiques ne sont pas près de manquer.
D’après une étude conjointe de l’ADEME et GRDF, la substitution du biométhane au gaz naturel permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’équivalent de 188 grammes de CO₂ pour chaque kWh produit, injecté et consommé. Rien que ça. De plus, au contraire des carburants traditionnels, le biogaz n’émet pas de particules fines et a une très faible présence d’oxydes d’azote. Une caractéristique qui le rend beaucoup moins polluant que le diesel par exemple.
Une meilleure valorisation des déchets
La production de biogaz participe à la valorisation des déchets. En effet, qui dit déchets organiques ne dit pas nécessairement « zéro incidence sur l’environnement ». Le plus souvent, les biodéchets sont incinérés. Or, ces détritus présentent la particularité d’être essentiellement composés d’eau. Comme dirait un grand philosophe, « l’eau ça mouille », mais surtout, ça brûle mal. Pour une combustion efficace, ils doivent donc être brûlés avec d’autres déchets, au pouvoir calorifique inférieur (papier, carton ou même le plastique). Non seulement ces déchets sont eux-mêmes recyclables (beau gâchis), mais en plus, le processus d’incinération implique une perte énergétique conséquente et de lourdes émissions de CO2 associées.
Les biodéchets qui ne sont pas incinérés sont quant à eux enfouis dans le sol, où leur décomposition peut générer du méthane, un gaz responsable d’environ 30 % de la hausse des températures mondiales depuis la révolution industrielle ! Mélangés à d’autres déchets et sous l’action de l’eau de pluie, ils sont également à l’origine d’une production de lixiviat. Les lixiviats sont des jus qui contiennent une pollution de type azotée (ammoniac, NH4, déchets organiques, DCO…), et des métaux lourds. Conséquence : une destruction de la qualité des sols et de polluer les eaux. Pour résumer, on gagne vraiment au change avec le biogaz, non ?
Quelques chiffres clés sur la filière biogaz
Pour se faire une idée de l’état de la filière biogaz en France, voici quelques chiffres :
- Le biométhane injecté dans les réseaux représente aujourd’hui 3 % de notre consommation nationale de gaz naturel1.
- Il pourrait représenter jusqu’à 20 % de cette consommation d’ici à la fin de la décennie1.
- En 2023, une capacité supplémentaire de 2,1 TWh a été ajoutée à la puissance installée, portant la capacité de production à plus de 11,8 TWh1.
- Fin 2023, 653 sites de méthanisation en injection étaient recensés sur le territoire français2.
Est-ce que le biogaz, ça sent mauvais ?
Venons-en maintenant à la question que nous nous posons tous·tes : est-ce que le biogaz a une odeur ? Eh bien non. Le biométhane est conçu en atmosphère anaérobie, c’est-à-dire dépourvu d’oxygène, au cœur de cuves hermétiques, donc, sans odeur.
Néanmoins, une odeur peut émaner des déchets organiques servant à produire ce biométhane. Comme pour la production de n’importe quel engrais naturel laissé à l’air libre, finalement.
1Source : Gaz D’aujourd’hui – Six chiffres à retenir sur le développement du biométhane en France en 2023
2Source : Énergie Plus – Biométhane : les chiffres-clés de la filière en 2023