Deklic Kids : les enfants, premières victimes du réchauffement climatique
Les enfants forment la population la plus vulnérable face au changement climatique. On t’explique pourquoi avec Mathilde Lécluse, qui travaille à l’UNICEF France, une association rattachée à l’Organisation des Nations unies (ONU) chargée de défendre les droits des enfants partout dans le monde.
Pourquoi les enfants sont-ils plus fragiles que les adultes face aux effets du changement climatique ?
Les enfants, notamment ceux qui sont âgés de 0 à 5 ans, sont plus vulnérables que les adultes parce que leur organisme est encore en pleine croissance. Ils ont des besoins spécifiques. Un enfant a par exemple besoin de beaucoup plus d’aliments nutritifs qu’un adulte, or en cas de sécheresse, ces aliments sont plus difficiles à trouver. Dans ces cas-là, les enfants sont donc particulièrement exposés au risque de carences alimentaires importantes voire de malnutrition sévère. Par ailleurs, un enfant respire deux fois plus qu’un adulte : cela signifie que lors d’un feu de forêt ou d’un pic de pollution, où l’air est rempli de gaz toxiques, les enfants vont en respirer beaucoup plus. Cela peut entraîner de graves maladies respiratoires. Enfin, ils peuvent être fortement exposés à ce qu’on appelle des maladies hydriques, qui sont liées à la mauvaise qualité de l’eau qu’ils boivent et avec laquelle ils se lavent.
Hormis la santé, le changement climatique a-t-il des conséquences sur d’autres aspects de la vie d’un enfant ?
Oui. A cause du réchauffement climatique, il y a de plus en plus d’événements extrêmes comme des cyclones, des inondations, des canicules… Et dans certains endroits du monde, il n’est plus possible de cultiver de quoi manger. C’est pourquoi il est parfois nécessaire que les hommes, les femmes et les enfants qui vivent dans ces endroits (où ils sont en danger) quittent leur maison pour trouver un abri ailleurs. Mais cela a parfois de lourdes conséquences pour les enfants : beaucoup ne vont plus à l’école pendant quelques temps, voire n’y retournent jamais. Cela entraîne des situations dramatiques pour eux : on les met au travail, on les exploite, on force les jeunes filles à se marier…
Dans quelles régions du monde la situation des enfants est-elle déjà très compliquée à cause du changement climatique ?
Il existe à l’heure actuelle 33 pays à très haut risque, notamment les pays de la « Corne de l’Afrique », du Sahel ou encore les pays insulaires (îles), comme les Philippines. De façon totalement injuste, il s’agit souvent des pays qui sont les moins responsables du changement climatique, comme par exemple la République centrafricaine, le Tchad, le Nigéria, la Guinée ou encore la Guinée-Bissau.
En France aussi, les territoires les plus pauvres sont les plus touchés : outre-mer, les conséquences du changement climatique sont déjà bien visibles avec notamment une fréquence accrue des épisodes météorologiques extrêmes, l’élévation de la température et du niveau des océans, la raréfaction de l’eau douce et la prolifération d’espèces invasives. En octobre dernier, les écoles ont par exemple été fermées à titre préventif, sur plusieurs îles des Antilles françaises – Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélémy –, en prévision du passage de la tempête tropicale Tammy.
Qui peut protéger ces enfants ?
En 1989, 197 pays ont signé un document important qu’on appelle la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Ils se sont engagés à protéger chaque enfant, notamment des dommages environnementaux (voir Observation générale 26 – ndlr). Le problème est que si beaucoup d’États ont pris conscience des conséquences du changement climatique sur les populations, ils ont rarement une attention particulière pour les enfants, qui comme on l’a vu, ont pourtant des besoins très spécifiques. A l’UNICEF, nous demandons donc aux États de placer les préoccupations relatives à la santé et à l’éducation des enfants au coeur de leurs stratégies d’adaptation au changement climatique, en ayant un regard particulier pour certains enfants, comme les filles, les enfants souffrant de handicaps, les enfants migrants et les enfants vivant dans des conditions de pauvreté, qui portent un fardeau encore plus lourd que les autres.
Que peut faire une famille française pour faire entendre la voix de ces enfants en danger et/ou les aider à s’adapter ?
Le premier geste que peut faire aujourd’hui un Français pour aider tous les enfants, c’est de réduire son impact sur la biodiversité ainsi que ses émissions de gaz à effet de serre. C’est le plus important, car la France est l’un des pays les plus pollueurs historiquement. Ensuite, il est possible de partager, de relayer sur les réseaux sociaux la voix des jeunes et des enfants pour qu’ils soient entendus. Les enfants ne sont pas seulement victimes : beaucoup sont aussi acteurs de la lutte contre le changement climatique comme Francisco Vera, un jeune Colombien de 14 ans qui est à la tête d’une mobilisation des jeunes en faveur de la planète et de l’éducation. Enfin, lorsque c’est possible, on peut soutenir financièrement les actions de ces jeunes ou encore celles des associations et des organismes comme l’UNICEF qui les soutiennent partout dans le monde en les préparant et en les protégeant face aux risques climatiques.
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