Déplacés climatiques : la France battra-t-elle son record de 2022 ?
Quitter sa maison face aux conséquences du changement climatique. La perspective n’est pas seulement le lot des films de science-fiction. Si les pays du Sud sont les plus touchés, en Europe aussi les déplacés climatiques se multiplient.
En France, ils étaient 45 000 en 2022. Les feux de forêt qui ont dévasté une partie des forêts de pins landaises et girondines cet été-là ont contraint de nombreux habitants des secteurs touchés à plier bagage. Ce chiffre mis en avant la semaine dernière par le média Novethic figure parmi de nombreux autres dans le rapport 2023 de l’Internal Displacement Monitoring Centre relayé par l’ONG Oxfam. Les chiffres de 2023 n’ont pas encore été publiés, mais les inondations historiques qui ont touché le nord de la France laissent présager des chiffres élevés pour la France cette année encore.
Au total, en Europe, en 2022, 88 000 personnes ont dû effectuer des « déplacements internes » au sein du même pays donc, en raison des feux de forêt. Les deux pays les plus touchés par ce phénomène généré en partie par les fortes chaleurs sont la France (45 000 personnes déplacées) et l’Espagne (31 000 personnes). Ainsi, 85 % du nombre total des personnes déplacées en raison des feux de forêts résidaient dans l’Hexagone ou en Espagne. Triste record pour la France.
D’autres événements climatiques ont conduit à des déplacements en Europe, notamment les intempéries et inondations. Ils ont occasionné 11 000 déplacements à travers l’Europe, soit dix fois moins que l’année précédente. En 2021, 100 000 déplacements avaient été enregistrés, à la suite d’inondations exceptionnelles en Autriche, en Belgique, en France, en Allemagne, au Luxembourg et aux Pays-Bas.
Risques climatiques
Le rapport précise que les chiffres publiés ne prennent pas en compte les déplacements liés à des phénomènes climatiques à apparition lente. On pense notamment à la hausse des températures dans certaines régions ou encore à l’érosion, qui touche aussi de plein fouet les côtes françaises.
Érosion et élévation du niveau de la mer donc, inondations, avalanches, tempêtes et cyclones, feux de forêt, mouvements de terrain… Selon les chiffres de l’ONERC (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique), plus de 60 % des habitants de l’Hexagone sont exposés à un risque climatique « fort ou très fort ».
Le rapport annuel intitulé « Internal displacement and food security » ou déplacements internes et sécurité alimentaire en français comptabilise le nombre de déplacés internes en raison des conflits et des catastrophes. En 2022, 60,9 millions de personnes dans le monde ont subi des déplacements internes, soit 60 % de plus que l’année précédente, un record. L’Ukraine est le pays le plus durement touché (16,9 millions de personnes) en raison de la guerre avec la Russie.
S’agissant des déplacés climatiques, le phénomène La Niña et les inondations et pluies torrentielles qu’il a causées seraient à l’origine de 2,1 millions de mouvements dans le monde. Les pays touchés : le Pakistan, le Nigeria, le Brésil, la Somalie, l’Éthiopie et le Kenya. 98 % des 32,6 millions de personnes déplacées en raison de catastrophes (et non en raison de conflits) l’ont été pour des événements climatiques tels que des inondations, pluies diluviennes ou tempêtes.
Le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) devrait être présenté d’ici le début de l’été, a annoncé par Christophe Béchu au mois de janvier.
À lire aussi :
Heatflation : le réchauffement climatique va faire grimper les prix de l’alimentation