Des tempêtes explosives plus nombreuses avec le réchauffement climatique ?
La tempête Ciaran a touché le quart nord-ouest du pays de mercredi à jeudi. Son ampleur pose question : la fréquence et l’intensité des tempêtes sont-elles plus importantes en raison du réchauffement climatique ? Explications.
La tempête Ciarán, qui s’est formée dans l’Atlantique Nord, a longé les côtes sud-ouest de l’Angleterre et a affecté de nombreux départements français des régions allant de la Bretagne aux Pays de la Loire, de la Normandie au Centre, de l’Île-de-France au Nord-Pas-de-Calais. De nombreux dégâts ont été recensés, avec des records absolus de vitesse du vent, dont une rafale à 207 km/h enregistrée à la Pointe du Raz, ainsi que 153 km/h à Brest. Dans les terres, le vent a souvent dépassé les 120 km/h et a provoqué la chute de nombreux arbres dans l’Ouest. Enfin, une vague de 21 mètres a été enregistrée au large du Finistère
Une bombe météorologique
Cette tempête (ou bombe météorologique) présentait toutes les caractéristiques d’une tempête explosive. Ce phénomène météorologique prend naissance par une différence de température marquée sur l’ouest de l’océan Atlantique, proche du continent américain. Dans cette zone, le froid descend du nord, et entre en contact avec de l’air chaud remontant du sud. Ce phénomène météorologique prend naissance par une différence de température marquée sur l’ouest de l’océan Atlantique, proche du continent américain. Dans cette zone, le froid descend du nord, et entre en contact avec de l’air chaud remontant du sud. Lorsque ce contraste est prononcé, une dépression se forme et se déplace d’ouest en est en direction de l’Europe. Ciarán est né de ce conflit de masses d’air sur le continent nord-américain, et a été transportée rapidement de l’Amérique à l’Hexagone via un jet-stream très puissant, ce courant de vent qui prend la forme d’un corridor situé entre 12 à 13 km d’altitude.
La tempête prend aussi des forces dû à la température de l’eau. Les eaux chaudes du Gulf Stream entrent en contact avec le courant froid du Labrador. Sur quelques centaines de kilomètres, les différences de température de l’eau de l’océan peuvent atteindre 15 à 20°.
Quand la température de l’eau enregistre de tels contrastes et que le Jet Stream est aussi puissant, une tempête dite « explosive » se forme. Ce qualificatif est utilisé quand la pression chute très rapidement, de plus de 24 millibars en 24 heures. Une tempête explosive provoque des vents très violents.
Des tempêtes pas forcément plus nombreuses …
Dans un contexte de réchauffement climatique, les études s’accordent à dire que les tempêtes ne seront pas forcément plus nombreuses, mais que leurs impacts seront plus dévastateurs. Certains facteurs favorisant la formation des tempêtes seront renforcés, comme la température des océans ou alors l’air chaud remontant de l’équateur, mais d’autres vont être atténués, comme l’air plus froid qui descend des pôles. Les contrastes de température nord-sud s’affaiblissent, alors qu’ils sont parmi les conditions de formation des tempêtes. Le nombre de tempêtes ne semble pas augmenter, mais les scientifiques notent qu’elles ont tendance à passer plus au nord. En revanche, quand les tempêtes touchent les continents, leurs impacts sont plus importants en raison des pluies ou des vents qu’elles provoquent.
… Mais des impacts plus dévastateurs
Et certains sont liés à des effets indirects du changement climatique. Dans un climat qui se réchauffe, les arbres perdent leurs feuilles plus tard et offrent donc plus de prise au vent lors de tempête. Aussi, différentes études ont démontré qu’avec la fonte des calottes glaciaires, le niveau des océans s’est élevé, de près de 10 centimètres depuis 1993 et pourrait aller jusqu’à 2 mètres d’ici à 2100 si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent à ce rythme.
Or, comme l’a une nouvelle fois démontré Ciaran, l’une des conséquences des tempêtes est le phénomène de vagues-submersion provoquant des inondations. La montée du niveau des eaux peut ainsi entraîner plus facilement une surcote marine (surélévation du niveau de la mer), ce qui augmente les risques de submersion. Aussi, le volume des pluies associé à ce phénomène pourrait être plus important. Pour chaque degré en plus, l’atmosphère peut contenir 7% en plus d’eau. Quand il y a un phénomène de dépression, les précipitations sont donc plus intenses.
Une nouvelle tempête samedi
Une seconde tempête est pour l’instant envisagée sur la même zone dans la journée de ce samedi. Une profonde dépression, baptisée Domingos, risque d’entraîner des vents forts généralisés ainsi qu’une puissante houle en Atlantique avec des vagues de près de 10 m. Pour autant, elle devrait être moins puissante que Ciaran.
Ces deux tempêtes en l’espace d’une semaine peuvent rappeler les deux historiques de décembre 1999, Lothar et Martin, même si leurs intensité et extension géographique se montrent beaucoup moins importantes.
A lire aussi :
En images : l’impressionnant passage de la tempête Ciaran
Ouragans : pourquoi la saison 2023 s’annonce beaucoup plus active que prévu ?
Soyez dans le vent 🍃 :
Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Deklic en cliquant ici.