Discours d’Emmanuel Macron à l’Élysée : et l’écologie dans tout ça ?

Par Charlotte Combret , le 17 janvier 2024 - 4 minutes de lecture
Emmanuel Macron lors de la conférence de presse du 16 janvier 2024

Emmanuel Macron lors de la conférence de presse du 16 janvier 2024. Crédit : Jacques Witt/ SIPA

Dans la soirée du mardi 16 janvier, Emmanuel Macron a tenu une longue conférence de presse à l’Élysée devant une grande partie de la nouvelle équipe gouvernementale et quelque 250 journalistes. Diffusée à la télévision, cette allocution présidentielle pour « une France plus juste et plus forte » inquiète à bien des égards. Parmi eux : le temps de parole accordé à l’écologie au vu de l’urgence climatique. 

C’est manqué pour ce qui devait être un « rendez-vous avec la nation ». Comme à l’accoutumé, l’écologie est coincée en arrière-plan. Même son représentant, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, absent de la conférence de presse, lui a posé un lapin. 2 heures et 20 minutes, c’est pourtant long. Mais dans ce laps de temps, le chef de l’État n’a évoqué aucune nouvelle mesure pour le climat et la biodiversité qui n’ait déjà été présentée.

« Aujourd’hui le temps n’est plus aux annonces, il est à faire. La priorité dans les prochains mois sur la planification écologique est de déployer le plan qui est le nôtre sur le terrain. » a-t-il déclaré. Emmanuel Macron a rappelé sa volonté de déployer une « écologie à la française », passant par le nucléaire. « J’ai annoncé les sites des 6 premiers réacteurs, et à l’été prochain j’annoncerai les grands axes pour les 8 prochains » a-t-il précisé. Il s’est ensuite contenté d’évoquer des initiatives déjà connues depuis des mois, comme celle d’ « accompagner les Français en investissant dans les transports publics », évoquant notamment la mise en place du leasing de véhicules électriques, et d’aider les concitoyens « de façon encore plus simple pour rénover les logements ». 

« Flippant »

« Il ne fait même plus semblant de se soucier du climat : il a réduit la transition écologique à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires et a fait chuter l’Écologie au 11ème rang protocolaire de ses ministres » dénonce le rédacteur en chef du média Vert sur Instagram. Pour lui comme pour beaucoup, l’heure n’est plus à la déception, mais à l’inquiétude. À l’issue de cette conférence de presse, nombreuses ont été les voix qui se sont élevées pour en dénoncer le contenu.

Si l’écologie a été évoquée à la marge, d’autres sujets ont pris de la place : la question de la natalité, de l’uniforme ou encore de l’apprentissage obligatoire de la Marseillaise dès l’école primaire. « Un discours de technocrate réactionnaire. #Macron a éludé tous les sujets qui intéressent les Français : augmentation de l’électricité, crise écologique, logement, précarité. À la place, un discours de politique générale lunaire et paternaliste. Flippant, vraiment. Et ringard. » a asséné la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier sur X (ex-Twitter).

L’écologie, une anecdote ?

« Je suis convaincu » que « nos enfants vivront mieux demain, que nous ne vivons aujourd’hui », a assuré face caméra Emmanuel Macron. En attendant, 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial, à +1,48°C par rapport à l’ère pré-industrielle et 2024 est déjà marquée par des niveaux records de température moyenne des océans. Alors que la conférence de presse du chef de l’État avait déjà commencé, sur le plateau de l’émission Quotidien, Yann Barthès interrogeait la militante écologiste Camille Etienne sur ce qu’elle souhaiterait lui demander. « Quand est-ce que l’écologie ne sera pas seulement une anecdote dans son programme et quand est-ce qu’il décidera de faire face au plus grand défi de l’histoire de l’humanité ? »  Force est de constater que ces questions restent sans réponse.

Prochain rendez-vous à suivre désormais : le discours de politique générale de Gabriel Attal prévu le 30 janvier prochain qui donnera plus d’éléments sur l’agenda parlementaire, notamment sur la planification écologique. 

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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