Écologie punitive : bonne ou mauvaise nouvelle pour la planète ?
Vous avez peut-être entendu parler d’écologie punitive lors d’une allocution télévisée ou dans les médias traditionnels. Qu’est-ce qui se cache derrière ce concept de plus en plus usité dans la sphère publique ? Deklic décortique l’écologie punitive dans cet article !
Qu’est-ce que l’écologie punitive ?
L’écologie punitive est une expression utilisée par de nombreuses personnalités politiques, journalistes ou associations pour critiquer des mesures environnementales considérées contraignantes et qui iraient à l’encontre des libertés individuelles. Elle s’oppose donc à l’écologie positive, qui aurait à l’inverse pour effet de préserver les droits des citoyens tout en contribuant à la sauvegarde de l’environnement.
Écologie punitive et objectifs climatiques
La multiplication des catastrophes naturelles sur Terre a obligé les grandes puissances mondiales à se poser la question de leur responsabilité. À l’échelle de l’Europe, les pays membres se sont fixé de nombreux enjeux afin de réduire leurs émissions de gaz à effet. Par exemple, atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Pour y parvenir, les États mettent en place diverses interdictions. La plus emblématique en France est la fin des voitures thermiques d’ici 2030. L’objectif ? Développer la mobilité durable, en raison de sa meilleure empreinte carbone. Cette réglementation a été vivement critiquée et qualifiée d’écologie punitive.
Qui emploie le terme d’écologie punitive ?
L’expression “écologie punitive” existe depuis la découverte de l’impact exercé par l’homme sur l’environnement. En effet, il y a toujours eu (et il continuera d’y avoir) des détracteurs du réchauffement climatique et de ses dangers. Toutefois, ce terme a commencé à prendre de plus en plus d’ampleur à la suite à la publication des 150 propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat.
Depuis, des hommes politiques comme Gabriel Attal, Jean Castex ou encore Marine Le Pen, n’ont eu de cesse de dénoncer les effets de l’écologie punitive sur les citoyens. Des arguments qui ont été abondamment relayés par les médias conservateurs (comme Valeurs actuelles) et les associations traditionalistes (les associations de chasseurs par exemple).
Même certains écologistes utilisent ce terme, à l’instar de Maurice Barthélémy qui a déclaré : “si j’étais président de la République, je ferais en sorte que l’écologie ne soit pas punitive mais récréative”.
L’écologie punitive pour qui ?
Si on schématise, l’écologie peut-être perçue comme punitive par trois catégories de personnes en France :
- les ménages aisés : en effet, ce sont eux qui sont les plus visés par les mesures écologiques car ce sont aussi eux qui ont l’empreinte carbone la plus élevée (trajets en jet privé, propriétaires de SUV fonctionnant aux énergies fossiles etc.) ;
- les ménages précaires : malheureusement, certaines réglementations environnementales ont un impact direct sur le budget déjà fragile de ces catégories socioprofessionnelles. Par exemple, la taxe carbone sur les produits pétroliers a entraîné le mouvement des gilets jaunes ;
- les Français-es peu sensibilisés aux enjeux environnementaux : iels considèrent les lois écologiques comme liberticides car elles n’ont pas conscience de leur caractère impératif.
Comme le résume Félix Radu parfaitement : “C’est toujours difficile de sensibiliser une personne quand elle a des factures à payer”.
Limitation de la vitesse à 110km/h sur l’autoroute : symbole de l’écologie punitive
Cette mesure a été proposée lors de la Convention Citoyenne pour le Climat et elle a déclenché un tollé : limiter la circulation sur l’autoroute à 110 km/h au lieu de 130. Pour ses détracteurs, il s’agit d’un retour en arrière sans précédent et d’une atteinte aux libertés fondamentales qui ne saurait résoudre la crise climatique.
Ainsi, pour Damien Abad, alors président du parti Les Républicains : “on va regarder ces propositions [de la CCC] une à une. Ce qui est sûr, c’est qu’on est défavorables à la question de la limitation à 110 km/h sur l’autoroute parce que pour nous, ce n’est pas en ayant une écologie punitive qu’on réconciliera les Français avec l’environnement”.
Écologie punitive et aviation
L’autre mesure d’”écologie punitive” qui a fait couler beaucoup d’encre concerne l’avion. En effet, les scientifiques sont unanimes : il faut à tout prix réduire nos trajets en avion car il s’agit du principal poste d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
Par exemple, d’après le GIEC, “un aller-retour Paris-New York équivaut en termes d’émissions de gaz à effet de serre à la limite de ce que devrait émettre un Français à l’année pour respecter l’objectif de limiter le réchauffement à moins d’1,5 degré à la fin du siècle.”
Le problème, c’est que cette solution est perçue comme coercitive pour les Français qui voyagent régulièrement en avion, et plus particulièrement en jet privé. D’après GreenPeace, “le trafic des jets privés a explosé au cours des trois dernières années en Europe, émettant plus de 5,3 millions de tonnes de CO2.”
Changer de prisme idéologique
Pour Déklic, l’écologie punitive n’existe pas. Les mesures, lois et réglementations écologiques ne doivent pas être perçues comme des punitions ou des sanctions, mais comme des solutions long-termistes et indispensables pour répondre au mal de notre époque : le réchauffement climatique. Pour ce faire, la sensibilisation et la formation aux enjeux environnementaux à grande échelle est nécessaire.
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