Émissions nettes 2022 : en difficulté, les forêts françaises absorbent moins de CO₂ que prévu

Par Charlotte Combret , le 14 septembre 2023 - 4 minutes de lecture
La forêt de Rambouillet en France

La forêt de Rambouillet en France. Crédit : Aurelien Morissard / SIPA

Objectif manqué pour la France qui n’a pas respecté ses engagements en matière d’émissions de CO₂ nettes sur l’année 2022. En grande difficulté, les forêts et les sols ont absorbé moins de gaz à effet de serre qu’espéré, selon la dernière version de l’Observatoire climat-énergie publiée ce jeudi. 

Le couperet tombe. « La France ne respecte pas son objectif d’émissions nettes pour l’année 2022. Le principal écart vient de la moindre absorption des émissions par les forêts et les sols », rapporte l’observatoire développé par le Réseau action climat (RAC) en compagnie de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et d’autres partenaires. En termes d’émissions brutes, le pays est dans les clous avec 403,8 millions de tonnes équivalent CO₂ (MtCO₂e) en 2022, soit légèrement moins que l’année précédente. C’est au niveau des émissions nettes, obtenues en retranchant la quantité de CO₂ absorbée par les sols et la forêt, que ça a dérapé. Selon les calculs de l’observatoire « La France dépasse de près de 16 MtCO₂e son budget carbone, avec 386,9 MtCO₂e émises pour un objectif de 367 MtCO₂e ».

Des forêts et des sols affaiblis 

Les forêts et les sols représentent le deuxième plus grand puits de carbone de la planète, après les océans. Si l’on peut compter généralement sur eux pour capturer du CO₂ et participer activement à la réduction des émissions de C02 dans l’atmosphère, en 2022, ils se sont faits plus discrets. Sur les 41 MtCO₂e attendues par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), feuille de route officielle de la France, la séquestration opérée par ces deux puits de carbone naturels n’a été que de 16,9 MtCO₂e. Alliés de taille dans la lutte contre le dérèglement climatique, les forêts et les sols territoriaux sont largement affaiblis sous le poids de ses effets. « La baisse des puits carbone ces dernières années, particulièrement dans les forêts, est liée aux sécheresses (renforcées par le changement climatique) aux incendies et aux maladies », explique l’observatoire en dépit de données encore difficiles à évaluer.

Des puits de carbone à protéger

En juin, le Haut conseil pour le climat (HCC) alertait également sur la disparition préoccupante de la forêt française : « Les puits de carbone des forêts ont diminué fortement sur la période récente, à la fois à cause de l’augmentation de la mortalité en forêt, plus forte qu’anticipée, et de la diminution de la croissance des arbres ». Pour y remédier, le groupe d’experts a formulé plusieurs propositions dans son cinquième rapport publié en juin 2023. Parmi elles : « recalibrer » les cibles d’absorption pour les puits de carbone et renforcer « l’adaptation des forêts métropolitaines au changement climatique ». La France est cependant à la traîne quand il s’agit de protéger ses arbres. Thomas Brail, fondateur du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) en sait quelque chose, lui qui a entamé une grève de la faim pour dénoncer l’abattage de platanes à Vendine pour les besoins de la construction de l’autoroute A69. Un manquement également présent côté énergie. L’observatoire considère la situation de la France comme « critique » avec notamment « un retard sur les objectifs de baisse de la consommation d’énergie et de développement des énergies renouvelables ».

(Source AFP)

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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