En images : ces espèces animales menacées d’extinction en France
En France métropolitaine, 14% des mammifères, 24% des reptiles, 23% des amphibiens et 32% des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition. Tout comme 19% des poissons d’eau douce et 28% des crustacés d’eau douce. En outre-mer, plus d’un tiers des espèces d’oiseaux de La Réunion sont menacées ou ont déjà disparu, tandis qu’en Martinique, 47% des reptiles sont en difficulté. Cet effondrement du vivant, c’est l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui en fait état. Alors que le saumon atlantique et la tortue verte viennent de rejoindre sa liste rouge mondiale, voici dix espèces – parmi des milliers d’autres – qui sont menacées d’extinction sur le territoire français.
Le Vison d’Europe : « en danger critique »
Autrefois largement répandu, le Vison d’Europe est l’un des mammifères les plus menacés du Vieux Continent. Avec moins de 250 individus en France, la population de ce petit carnivore connaît un déclin continu depuis le milieu du 20e siècle. Alors que l’espèce pouvait être vue dans une quarantaine de départements français, l’aire de présence supposée du Vison d’Europe se limite aujourd’hui à sept départements de Nouvelle-Aquitaine. La destruction des zones humides, la concurrence avec le Vison d’Amérique et le piégeage accidentel en sont les principaux responsables. L’espèce patrimoniale est également victime de collisions routières ou encore de l’empoisonnement indirect dû à la lutte chimique contre les rongeurs dont il se nourrit. Sans intervention d’ampleur pour enrayer son déclin, le Vison d’Europe pourrait disparaître d’ici quelques années.
Le Pingouin torda : « en danger critique »
En France, le Pingouin torda – aussi appelé « Petit pingouin » – est le plus menacé de tous les oiseaux marins nicheurs, malgré les actions de protection des colonies. Uniquement présent en Bretagne, il niche sur les falaises et les côtes rocheuses. Ses effectifs, déjà très faibles, sont en baisse, avec moins d’une trentaine de couples sur le territoire français. Le statut critique de l’espèce est principalement dû à des captures accidentelles dans des filets de pêche, la pollution aux hydrocarbures et la réduction de ses ressources alimentaires.
L’Ours Brun : « en danger critique »
Présent en Europe depuis au moins 250 000 ans, l’ours brun est un animal autochtone de la faune française. Décimé tour à tour par la chasse, le déboisement, la dégradation et la destruction de son habitat, ce grand prédateur n’est plus présent en France que dans les Pyrénées depuis le milieu du 20e. Suite à l’émotion suscitée par la mort tragique de l’ourse Cannelle, dernière femelle de souche pyrénéenne abattue par un chasseur en vallée d’Aspe le 1er novembre 2004, cinq nouveaux ours slovènes sont relâchés en 2006 dans les Pyrénées centrales. En 2022, sur l’ensemble de la chaîne de montagnes, l’effectif minimum détecté est de 76 ours. L’ours – comme le loup et le lynx – demeure menacé et cible de braconnage, malgré son statut de protection. La situation complexe et fragile de ces trois grands carnivores en France illustre les difficultés qu’il reste à surmonter pour parvenir à une coexistence durable avec les activités humaines.
L’Ange de mer commun : « en danger critique »
Ce requin au corps aplati, pouvant mesurer plus de deux mètres, doit son nom à la forme de ses grandes nageoires pectorales. Autrefois commun sur toutes les côtes de l’Afrique du Nord jusqu’en Scandinavie, sa présence importante dans les eaux méditerranéennes pourrait même avoir été à l’origine du nom de la Baie des Anges de Nice. Fortement pêché pour sa chair très appréciée, il a aujourd’hui disparu de la Mer du Nord et de la Manche, et sa présence reste rare sur les côtes atlantiques et méditerranéennes. La pêche côtière, qui s’est extrêmement intensifiée ces dernières années, est responsable du déclin dramatique de ce requin, dont les populations ont chuté de plus de 80 % en 50 ans. Bien que désormais protégé et interdit de pêche en Europe, l’Ange de mer commun est toujours menacé par la pêche côtière. Il est régulièrement piégé de manière accidentelle par les chaluts qui raclent les fonds sableux où il vit, ainsi que par les filets et les lignes de fond.
Le Macareux moine : « en danger critique »
Aussi appelé « Perroquet des mers », le Macareux moine vit dans l’Atlantique Nord, où il plonge pour se nourrir de poissons, de calmars et de crustacés. Parmi les espèces marines se reproduisant en métropole, le Perroquet des mers, déjà victime de pollutions dues aux hydrocarbures, risque désormais d’être affecté par une réduction de ses ressources alimentaires liée au changement climatique. De manière générale, l’augmentation de la température entraînera vraisemblablement à l’avenir la modification de l’aire de répartition de nombreuses espèces d’oiseaux nicheurs, dont certaines pourraient disparaître de l’Hexagone en raison du glissement de leur répartition vers le Nord. Victime de massacres au nord de la Bretagne jusqu’au début du 20e siècle, il n’y reste que 130 couples environ. C’est la seule colonie en France, aujourd’hui strictement protégée.
L’Anguille européenne : « en danger critique »
La France reçoit sur ses côtes la plus importante partie du flux migratoire européen de civelles. Ces poissons viennent grossir, de 2 à 25 ans, dans les rivières françaises avant de retourner vers leur zone de reproduction, à des milliers de kilomètres de là. Autrefois abondamment présente dans presque toutes les eaux d’Europe et d’Afrique du Nord, cette espèce voit ses populations s’effondrer depuis les années 1980. L’Anguille européenne est victime de la surpêche, aggravée par le braconnage de ses alevins, appelés « civelles », dont le prix est élevé. En outre, elle se heurte à de nombreux obstacles freinant sa migration vers les cours d’eau ou son retour vers la mer (barrages, turbines, bouchons vaseux…). L’espèce est également exposée à de nombreux polluants et pesticides. Évaluée « En danger critique » au niveau national et mondial, elle bénéficie désormais d’un plan de gestion dans tous les pays de l’Union européenne visant à réduire toutes les causes de sa mortalité. Les arrivées de civelles ont légèrement augmenté ces dernières années mais leur abondance n’est qu’à environ 10 % de son niveau historique.
Le Lynx boréal : « en danger »
Le Lynx boréal est l’une des trois espèces de grands prédateurs présents en France métropolitaine. Ce carnivore a disparu des plaines au Moyen Âge et des principaux massifs montagneux de l’Hexagone au 19e siècle, en raison de la déforestation, d’une forte pression de chasse et de la raréfaction de ses proies. Il est ensuite réapparu spontanément dans les Alpes et le Jura puis dans le massif des Vosges grâce à un programme de réintroduction débuté en 1983. L’espèce est aujourd’hui majoritairement présente dans le massif jurassien. Dans le massif vosgien, en revanche, la population a connu un net déclin ces dernières années au point d’avoir quasiment disparu. La fragmentation des ensembles forestiers est le facteur majeur limitant le développement de l’espèce, en raison de l’urbanisation et des espaces cultivés. Les principales causes de mortalité détectées sont les collisions routières, affectant surtout les jeunes, et le braconnage des adultes. Moins de 150 adultes sont actuellement présents en France.
Le Dugong : « en danger »
Presque exclusivement herbivore, ce mammifère marin est classé comme « vulnérable » au niveau mondial et « en danger » en Nouvelle-Calédonie. Longtemps chassé pour sa viande, le dugong a vu ses effectifs décliner au point que seuls 700 à 800 individus continueraient à vivre dans l’archipel du pacifique. Bien que la chasse y soit interdite, celui que l’on surnomme « vache marine » est victime des braconniers, de prises accidentelles dans les engins de pêche, du trafic maritime et de la dégradation de son habitat. La survie du dugong dépend directement de la présence d’herbiers marins dont il se nourrit, mais ces derniers pâtissent de la pollution, du développement du littoral ou encore, du dérèglement climatique. Pour ne rien arranger, cette fragilité est exacerbée par la faible capacité des populations à se reconstituer. Les femelles dugong ne donnent naissance qu’à 5 ou 6 veaux au cours de leur vie.
Le Bouquetin ibérique : « en danger »
Sur les quatre sous-espèces de bouquetin ibérique, deux ont été déclarées éteintes. Parmi elles : la sous-espèce pyrenaica qui était endémique des Pyrénées, en 2000. Les deux autres sont encore présentes en Espagne où elles font partie des espèces chassables. L’espèce est réintroduite en France en 2014, mais ses effectifs restent faibles et fragiles sur le territoire. Par le passé, la chasse et le braconnage ont été les principales causes de raréfaction et de disparition du bouquetin ibérique. Les menaces sont désormais liées aux aléas climatiques et à la génétique. Les premières analyses réalisées dans les Pyrénées ont révélé des taux de consanguinité élevés parmi les bouquetins fondateurs, tous issus d’une même population, elle-même réintroduite.
Le Loup gris : « vulnérable »
Le loup était historiquement présent dans toutes les campagnes françaises. Victime de la chasse, d’empoisonnement et de la destruction de son habitat par la déforestation, l’espèce est considérée comme éradiquée par l’OFB en 1937. Ce n’est que 50 ans plus tard qu’elle obtient un statut de protection au niveau européen. En France, contrairement à ce qui est régulièrement avancé, le loup n’a jamais été réintroduit. Il est revenu spontanément depuis l’Italie par le Mercantour, au début des années 90. Depuis, le canidé cristallise des tensions entre éleveurs et écologistes. Alors que le loup gris est toujours présent sur la liste rouge de l’UICN, il pourrait bientôt passer d’espèce « strictement protégée » à « protégée ».
Source :
La liste rouge des espèces menacées en France de l’UICN
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