Énergie : feu vert des eurodéputés au doublement des renouvelables dans l’UE
En Europe, les choses s’accélèrent ! Mardi 12 septembre, les eurodéputés ont adopté une législation doublant quasiment la part des renouvelables dans la consommation énergétique dans l’UE d’ici 2030. Les 27 États membres l’avaient déjà approuvé au prix d’une exemption sur l’hydrogène produit à partir du nucléaire pour satisfaire Paris.
470 voix pour, 120 contre, 40 abstentions : à Strasbourg, le texte passe. Fruit d’un accord conclu fin mars entre le Parlement européen et les 27 États membres, il fixe l’objectif contraignant d’au moins 42,5 % d’énergies renouvelables dans la consommation européenne d’ici 2030. À titre de comparaison, le niveau actuel est d’environ 22 % dans l’UE quand en France, il peine à atteindre les 19 %. Puisque l’espoir est permis, le texte comporte aussi une cible « indicative » de 45 % que les États s’efforceront d’atteindre. La patience est toujours de mise puisque la législation n’est, à ce jour, pas encore entrée en vigueur. Elle doit désormais être formellement approuvée par le Conseil, organe représentant les États.
Une réduction de 14,5 % des gaz à effet de serre
Pour que cet objectif puisse être atteint, le texte accélère les procédures d’autorisation. Des « zones dédiées » seront établies pour les nouvelles installations d’énergies renouvelables. Les autorités nationales seront tenues de les approuver sous 12 mois maximum et en dehors de ces zones, le délai passe à 24 mois. En l’absence de réponse, l’accord sera considéré acquis. Côté transports, ça bouge aussi. Deux options pour les États d’ici 2030 : réduire de 14,5 % l’intensité des gaz à effet de serre grâce aux renouvelables ou atteindre 29 % de renouvelables dans la consommation finale d’énergie du secteur. De façon indicative, l’UE prévoit aussi 49 % de renouvelables dans la consommation énergétique des bâtiments.
Plus d’hydrogène vert
Par ailleurs, plus de place devra être accordée à l’hydrogène propre. Dans chaque pays, la part d’hydrogène renouvelable dans l’hydrogène utilisé par l’industrie devra atteindre 42 % d’ici 2030. L’accord prévoit cependant une flexibilité pour les pays disposant d’un parc nucléaire pouvant produire de l’hydrogène décarboné. Les concernés seront autorisés à abaisser leur cible d’hydrogène renouvelable à une condition : que la part d’hydrogène produit à partir d’énergies fossiles ne dépasse pas 23 % de leur consommation.
La demande spéciale de Paris
Pour autant, la France avait subordonné son feu vert final à des ajustements. Elle jugeait ce seuil inapplicable en raison de son importante production d’ammoniac (matière première des engrais azotés) à partir d’hydrogène fabriqué par reformage à la vapeur du gaz naturel. Ce positionnement avait fait l’objet de vives réticences de la part de plusieurs pays rétifs à l’atome, Allemagne en tête. Mais après d’âpres discussions, les Vingt-Sept s’étaient mis d’accord mi-juin sur un considérant ajouté au texte. Selon celui-ci, les usines d’ammoniac recourant à de l’hydrogène produit par vaporeformage et ayant fait l’objet d’investissements pour réduire leurs émissions de CO₂ seront, sous certaines conditions, exclues de ce calcul.
La biomasse reste « renouvelable »
Ombre au tableau cependant pour certains, la biomasse conserve son statut de « renouvelable ». Le texte renforce les critères de « durabilité » de cette pratique consistant entre autres, à brûler du bois pour produire de l’énergie, au grand dam des ONG environnementales. Cette loi « continuera de récompenser les entreprises énergétiques brûlant des millions d’arbres, notre principal puits de carbone terrestre, aggravant la crise climatique et de biodiversité tout en sapant la santé des gens », avait dénoncé Martin Pigeon, membre de l’ONG Fern au moment de la ratification de l’accord.
(Source AFP)
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