Formation du CNED : découvrez les bases essentielles sur le climat et la biodiversité
Le CNED a lancé en juin dernier une formation gratuite et en ligne sur les causes et les conséquences du changement climatique et du déclin de la biodiversité. Un rappel de l’essentiel pour donner envie de s’y mettre ?
Assez fou ! En 2022, l’institut OpinionWay, pour l’entreprise Primes Energies, sondait les Français sur le changement climatique. Verdict : plus de deux interrogés sur dix expliquaient ne pas croire au réchauffement climatique. Les climatosceptiques gagnent du terrain : Selon l’Obs’COP 2022, 28 % des personnes interrogées estiment que le changement climatique n’a aucune origine anthropique ! Un chiffre astronomique, d’autant qu’il est en hausse sur un an. Que faire ? Sensibiliser, ne jamais cesser.
Sur les réseaux sociaux, dans les médias, les chercheurs multiplient les prises de parole, pour un plus de pédagogie. Rappeler l’essentiel est urgent. La responsabilité humaine est « sans équivoque » dans ce qui nous arrive : le changement climatique, qui survient à vitesse grand V. Alors, sauvés ? Pas certain…
Réalisé grâce à l’appui de scientifiques de renom
En tout cas, c’est dans ce contexte que, début juin, on apprenait que le CNED lançait la formation en ligne « Le b.a.-ba du climat et de la biodiversité », réalisée notamment grâce à l’appui de l’écologue Philippe Grandcolas. L’idée séduit : que le plus grand nombre puisse gratuitement avoir les bases, en quelques heures de bachotage. Superbe initiative soutenue d’ailleurs par deux paléoclimatologues de renom, Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte.
On ne pouvait donc pas passer à côté de la formation. Très curieux, on a alors suivi les cinq modules disponibles. Les cours de SVT remontent, alors le petit topo sur le fonctionnement de l’effet de serre naturel tombe à pic. Problème : depuis le 19ème siècle, les activités humaines mondiales (surtout : l’utilisation des énergies fossiles et la déforestation) l’ont bien chamboulé…
On suit la formation avec attention, plus efficace que de se farcir les (épais) rapports du GIEC. Rapidement, on tombe sur quelques chiffres marquants. Dont celui-là : 3,3 millions de personnes dans le monde sont exposées au changement climatique. Donnée capitale : les pays qui ont le moins contribué à l’augmentation des gaz à effet de serre (GES) depuis le 19ème siècle sont souvent les plus vulnérables aux risques climatiques. Tempêtes, inondations, hausse du niveau de la mer, fonte des glaciers, hausse record des températures, canicules, sécheresses, incendies… On les ressent et observe désormais partout. Cela n’arrive pas qu’aux autres.
Retenez que rien n’est perdu
Le CNED l’indique aussi à plusieurs reprises au cours de la formation (mais, vous l’avez compris, insister ne fait pas de mal). On peut encore agir afin de limiter la hausse moyenne des températures, comme la communauté internationale s’y est engagée en 2015 (à l’issue de l’accord de Paris), à +2° (ou 1,5°, si possible) par rapport à 1850.
Oui, les sociétés peuvent encore se mobiliser. Mais attention à ne pas traîner. D’abord sur l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. La formation ne rentre pas dans le détail, mais, en France, par exemple, ça ne va pas assez vite, comme l’a signalé le Haut Conseil pour le climat, l’instance indépendante chargée de mesurer les politiques en matière d’environnement. Ok, les émissions de GES ont chuté de 2,7 % en 2022, mais c’est insuffisant afin d’atteindre notre objectif (- 55 % des émissions d’ici 2030, demandée par l’UE).
Ensuite, il convient de s’adapter au changement climatique, sachant qu’au vu des quantités de GES « coincés » dans l’atmosphère, les températures vont continuer d’augmenter encore quelques années.
Ainsi est-il nécessaire de prendre notamment soin des puits de carbone, la forêt, les arbres, le sol, les océans, les récifs coralliens. Ce n’est pas précisé par la formation : or, d’après le Haut Conseil pour le climat, « l’augmentation de la mortalité des arbres ainsi que le stress hydrique des écosystèmes », entre autres, ont eu tendance à « (réduire) le potentiel » (desdits puits de carbone) dans l’Hexagone. Vous ne pourrez plus dire que vous ne savez pas.
Argumentaire contre interlocuteur climatosceptique
Il vous manque encore une bonne raison de sauter le pas ? Le CNED n’oublie pas de vous donner des argumentaires pour vos discussions sur le climat. En particulier pour vous aider à répondre à ceux qui répètent à l’envi que, niveau émissions territoriales, en 2021, la France n’a émis qu’1 % des émissions mondiales. Souvent, cette stat’ sert à justifier telle ou telle inaction. Ou à montrer qu’on peut attendre que les autres se bougent. Du style, la Chine ou les États-Unis. D’accord, mais ce 1 % ne prend pas en compte les émissions que nous importons en consommant !
Le nombre d’émissions par habitant, dans chaque pays, permet de mieux cerner la situation. Et, afin d’atteindre notre objectif commun, il faudrait que chaque Français, en particulier, émette chaque année deux tonnes de CO2. Actuellement, nous en sommes à neuf environ (notamment en raison des repas trop carnés et ou des trajets en avion). Le CNED, au passage, renvoie vers la plateforme Nos gestes climat pour que chacun.e sache analyser son impact carbone et voir comment il et elle peut adapter ses comportements, en comprenant les bons ordres de grandeur. Ça peut servir, d’autant qu’on est nombreux à ne pas toujours savoir comment s’y prendre et quelles initiatives mettre en place, en priorité.
Agir
Puisque la France se hisse à la 8ème place du classement des plus gros pollueurs historiques, elle a un rôle à jouer. Chaque demi-degré compte, chaque secteur peut se mobiliser. En France, 30 % des émissions sont liées au transport, assez loin devant l’industrie et l’agriculture (19 % chacun). C’est dire l’effort qui reste à fournir, de manière collective. Investir dans les énergies renouvelables, rénover massivement les bâtiments, développer les transports en commun, créer des îlots de fraîcheur dans les centres-villes. On n’y est pas dans nos cités bitumées. Les pouvoirs publics connaissent les solutions pour faire face aux conséquences du changement climatique ; et vous aussi, maintenant. Alors, on attend quoi ?
Bachoter, et ensuite ?
Au cours de la formation, on peut tester ses (nouvelles) connaissances. Outre les vidéos, en avançant, le CNED propose des petits questionnaires. Ce qui apporte une petite touche d’interaction ludique. Et après chaque module, vous pouvez gagner un badge, permettant de valider vos acquis, en répondant bien à au moins sept questions sur six à l’exercice. Pas de panique, rien d’insurmontable. L’auteur de ces lignes ne veut pas se vanter, mais il a réussi haut la main à valider la formation. Alors vous y arriverez aussi !
Petit bémol, il en faut. La promesse, c’est d’avoir un rapide aperçu des causes et des répercussions du changement climatique et de la perte des espèces… alors, oui, l’engagement du CNED est bien respecté ; néanmoins, on reste un peu sur notre faim (voir ci-dessous). Toutefois, si c’est le cas, si, après avoir terminé la formation, vous avez envie de vous documenter davantage sur les sujets, par exemple sur l’adaptation de notre société aux effets du changement climatique, alors le CNED aura réussi son pari ! C’est un cercle vertueux : plus on a de connaissances, plus on a tendance à s’interroger et plus on veut chercher de l’information, pour en apprendre davantage. Et au final… se mobiliser ? I have a dream…
À retenir
Dans le détail, la formation propose cinq modules, à suivre dans l’ordre (enfin, on fait comme on veut, en vrai).
- Changement climatique
- Causes et atténuation
- Conséquences et adaptation
- Défi de la biodiversité
- Société et futurs
Pour chaque chapitre, on nous promet 1h15-1h30 de bachotage. Cela peut aller un peu plus vite, quand même. Mais prenez le temps qu’il faut. Outre les explications (bien claires), des vidéos (extraits de reportages, des chercheurs face cam’), des petits QCM et des… textes à trous sont à votre disposition. Après chaque module, n’oubliez pas de chercher vos différents badges, à gagner en répondant à 10 questions à chaque fois.
On a aimé
Faire un point sur l’état de nos connaissances et écouter les scientifiques, comme Philippe Grandcolas et l’économiste du changement climatique Céline Guivarch.
On a moins aimé…
Il aurait fallu proposer plus de documentations pour les plus curieux (en fin de chapitre ?). Elles sont trop peu nombreuses.